Quelques éclairages sur le commerce extérieur cubain
Cuba subit une importante crise économique due aux effets des mesures prises par Trump et à la pandémie de covid. Cependant, les prémices de cette crise apparaissent avant ces évènements, à la suite du blocus imposé par les USA au Venezuela, premier partenaire économique de l’île.
Les informations fournies par l’ONEI (Office National de Statistiques et d’Information de Cuba) apportent des informations intéressantes en ce qui concerne le commerce extérieur cubain.
Cet article a pour objet de les remettre dans leur contexte général pour mieux les comprendre.
1 Les échanges de marchandises
On constate que les importations commencent à diminuer en 2013, suivie par une baisse des exportations. Les mesures prises par Trump de 2017 à 2019, puis la crise du covid n’ont fait qu’accentuer cette tendance.
Les exportations de produits cubains concernent surtout les produits de la mines (nickel) pour 961 millions de $, les produits du tabac pour 230 millions de $ et les produits de l’industrie sucrière qui sont passés de 463 millions de $ en 2013 à 61 millions de $ en 2022. Le Canada, la Chine, le Venezuela, l’Espagne et les Pays-Bas sont, en moyenne, les premiers destinataires des exportations cubaines.
Le tableau ci-dessus montre que le gouvernement cubain a préservé l’achat des biens de consommation et que la baisse a porté sur les produits intermédiaires et les biens d’équipement, ce qui a eu des incidences négatives sur le développement économique du pays.
Les principaux fournisseurs de marchandises sont le Venezuela, la Chine, l’Espagne, la Russie et le Mexique.
Le tableau suivant montre que la baisse des importations est principalement due aux échanges avec le Venezuela. Ce pays fournit principalement du pétrole qui est payé par les services (principalement médicaux) fournis par l’île et la baisse des importations de pétrole suit fidèlement la baisse des importations en provenance du Venezuela.
Il se trouve que ce pays a été la victime d’un blocus imposé par les USA en 2015, par le très démocrate président de l’époque, Barak Obama. Ce blocus a été précédé, et accompagné, par une série d’actions de déstabilisation qui avaient gravement atteint l’économie du pays dont le PIB a été divisé par 3,5 entre 2014 et 2020.
Le tableau suivant publié par France 24 le 19 octobre 2023, montre la chute de la production pétrolière du pays avec les pointes résultant des actions négatives du gouvernement US.
Le Venezuela ne pouvait plus économiquement fournir les mêmes quantités de pétrole à Cuba ni financer les services médicaux. Ce pays connait un début de récupération économique qui est encore bien fragile et qui explique la remontée des importations à partir de 2021.
2 Les services
Les services rapportant des devises à Cuba sont considérés comme des services exportés. C’est pour cette raison que l’on trouve des services liés au tourisme international (logement, restauration et transport).
L’exportation de services est un des moteurs de l’économie cubaine. Cette activité a été gravement impactée par la crise vénézuélienne et par les décisions de Bolsonaro concernant les médecins cubains au Brésil, suivi par d’autres comme en Equateur, Salvador ou Bolivie.
La baisse du tourisme due aux décisions de Trump, puis à la crise du covid a eu aussi un impact négatif.
On constate une reprise du secteur des services en 2022 qui devrait être confirmée en 2023. L’exportation de services de santé est cependant très liée à l’économie vénézuélienne (qui ne s’est pas encore récupérée) et à la situation politique des pays d’Amérique latine.
Cependant, les conséquences économiques du placement de Cuba sur la liste étasunienne des pays patronnant le terrorisme rendent encore plus difficile la reprise du commerce extérieur cubain.