Séjour à Cuba / Note de voyage

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Nous sommes partis à Cuba pour un séjour de 5 semaines à la fois pour revoir nos amis cubains et prendre un peu de vacances au soleil pour fuir la grisaille de l’hiver métropolitain mais aussi pour consulter un Ophtalmologiste et recevoir le vaccin anti COVID Soberania2.
Sylviane et Gérard Galéa.

Nous passerons les deux premières semaines à La Havane pour consulter un Ophtalmologiste et recevoir le vaccin anti COVID Soberania2.

Ensuite nous passerons deux semaines en mode vacances à Cienfuegos.

Puis une dernière semaine à La Havane avant de rentrer en France via Madrid.

Une précision : notre périple a aussi pour objectif de nous approprier les bases de la langue espagnole pour nous permettre d’être plus autonome dans nos échanges avec les cubains.
C’est pour cela que nous sommes d’abord partis 2 semaines en Espagne avec une première semaine dans une école pour acquérir les bases (c’est à dire mieux percevoir les bornes de notre ignorance) et après quelques jours à Madrid, envol via air Iberia puis retour pour Noël à Madrid.

Notre séjour médical :

La raison : nous avions besoin de consulter un ophtalmo et malgré notre suivi en France depuis de nombreuses années notre prochain rendez-vous à La Rochelle (à 100 km d chez nous) nous est proposé dans plus de 6 mois.

Après l’envoi d’un mail à CubaMondoMedico nous avons rendez-vous dans un mois...
Coût de la consultation à Cuba 60$ (en France les dépassements d’honoraires au Visiopole de La Rochelle : 110 Euros)

Si on considère que nous allons à Cuba pour notre plaisir, pour quoi ne pas en profiter pour avoir un avis médical dont l’expertise est reconnue mondialement.

Nous avons été reçu très cordialement et à la mode cubaine : on prend le temps.
Premier contact administratif le lundi puis visite du médecin le mardi.

Nous passons la matinée entière avec le médecin et la personne en charge des contrôles habituels de la vision. Moments d’échanges comique avec les questions rituelles du genre mieux ou moins bien ? Plus clair, plus foncé ou plus net ? Notre baraguoin franco/Hipanique les fait bien rigoler. Ambiance détendue, on prend le temps d’expliquer soit en anglais soit via une traductrice qui nous accompagne.

Conclusion de la consultation : il faut changer de lunettes.
Direction Miramar chez l’opticien : nous fournissons les montures et les lunettes sont promises dans 2 semaines.

A notre retour de Cienfuegos, 15 jours plus tard les lunettes sont prêtes, coût : 134 euros pour les 2 paires qui vont bien.

Considération sur la médecine cubaine :

La médecine cubaine est reconnue comme une des meilleures mais le problème est le manque de médicament. Pas d’antibiotique, pas d’aspirine ni de paracétamol. Nous sommes entré par curiosité dans une pharmacie : les étagères sont vides et les patients qui ont des prescriptions en attente viennent chaque jours voir si c’est disponible.

Cette situation est directement issue du blocus.

Si vous venez à Cuba pensez à apporter un maximum de paracétamol et d’antibiotique.
La douane cubaine ne fait aucune difficulté à l’entré de médicaments dans les bagages.

Les difficultés de la vie quotidienne à Cuba :

La première des difficultés quotidienne se nomme ’apagones’, ce sont les coupures d’électricité qui peuvent durer de quelques heures ou une demi journée. Même à l’hôpital il n’est pas conseillé de prendre un ascenseur.

Comme il fait nuit à 6h il faut prévoir sa lampe frontale pour se déplacer dans les rues car les trottoirs sont très abîmés faute d’entretien.

Dans les discussions que nous avons avec les cubains rencontrés dans la rue (le contact est très facile car ils espèrent souvent pouvoir nous soutirer un peu de monnaie, mais pas forcément) une question majeure est le faible niveau des revenus et la hausse constante des denrées alimentaires associée à la raréfaction de celles-ci : notre guide nous montre son carnet d’alimentation (la Libreta est un carnet qui garanti à chaque citoyen la possibilité d’acheter des denrées alimentaires à un prix très bas et en fonction de la composition du foyer) malgré le fait qu’elle ait droit à une livre de viande par mois ou du pain au quotidien, elle ne parvient pas à acheter ce auquel elle a droit car le magasin ne peut pas fournir ce qui est demandé.

Nous même en tant que touriste nous essayons d’acheter de l’eau minérale, du jus de fruits ou des yaourts mais c’est le parcours du combattant.

Dans les restaurants, les menus n’ont pas changés depuis plusieurs années mais le choix est réduit à 2 ou 3 plats et ce qui est disponible aujourd’hui ne le sera peut être plus demain.

Le Blocus n’explique pas tout :

Même si le blocus est injustifiable, ignoble, et cause de nombreuses difficultés, on constate tout de même une évolution néfaste.

Nous venons à Cuba depuis 1995, à l’époque c’était ’la période spéciale’, les difficultés étaient nombreuses mais on rencontrait des gens motivés et concernés par les acquis de la révolution. Aujourd’hui, les jeunes se promènes avec un T-Shirt arborant le drapeau américain (chose impensable en 1995).

Certes, le peuple américain n’est pas l’ennemi des cubains, mais les difficultés croissantes pour se nourrir et se déplacer provoque un agacement du peuple et le ’Ras le bol’ est visible. Le rejet de la responsabilité de la situation sur le gouvernement est plus facile et presque logique alors que le ’Bloquéo’ devient le serpent de mer : c’est là le coté pernicieux du blocus qui dure depuis plus de 60 ans, la génération qui n’a pas vécue la révolution a du mal à admettre que leur avenir leur appartient et qu’il doivent lutter pour que ça change.

La gestion des déchets est une catastrophe, en dehors des zones touristiques qui sont entretenues parfaitement, les containers à poubelles débordent partout, plastique et canettes se répandent de façon anarchique. Cela s’explique par le manque de moyen de ramassage des ordures (manque de carburant et de camion conséquence du blocus) mais aussi un manque d’éducation des cubains qui jettent leurs emballages n’importe où.

Il y a quelques années le manque de contenant pour aller chercher du lait ou de l’eau était un problème, aujourd’hui les sacs et bouteilles en plastiques sont LE problème.

Je serais curieux de savoir si les sacs en plastiques aujourd’hui interdits chez nous ne sont pas distribués ’généreusement’ ici histoire d’écouler les stocks.

Quand je dis que le blocus n’explique pas tout, je ne fais que retranscrire ce qui est exprimé par les cubains dans la rue. La corruption est souvent évoquée, bref l’esprit de la révolution semble de plus en plus lointain.

Heureusement ça bouge de temps en temps à la Havane :
La marche du 20 décembre 2024 contre le blocus en témoigne.


La population cubaine reste un peuple accueillant.

Tout est prétexte à entamer la conversation, si vous demandez de l’aide, votre interlocuteur fera le maximum pour vous aider (et pas forcément dans l’espoir d’une rémunération).

Il nous arrive souvent que la personne rencontrée nous accompagne jusqu’au lieu recherché. Pour peu que vous essayez de vous exprimer en espagnol, votre interlocuteur sera ravi de vous aider à vous exprimer et vous posera beaucoup de question sur la France qui est perçue comme un pays merveilleux où tout le monde est riche et où la santé est gratuite pour tous.
Quand nous essayons de leur expliquer la réalité nous ne sommes pas très crédibles.

Conclusion

Le peuple cubain souffre beaucoup des conséquences du blocus et la situation politique actuelle n’offre pas vraiment de perspective d’amélioration.
Les réseaux "sociaux" font des ravages en diffusant de fausses informations auprès de la jeunesse cubaine qui croit dur comme fer que l’herbe est plus verte ailleurs et auprès des touristes potentiellement intéressés par Cuba en racontant n’importe quoi sur la vie à Cuba.
Certes ce n’est pas le paradis mais c’est loin d’être l’enfer !