Soñarte, une œuvre d’amour infini

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Soñarte, « Te rêver » si la traduction n’était pas en l’occurrence iconoclaste.
Ce projet, une activité de quartier tournée vers l’éducation, la culture et comme l’on dit aujourd’hui le développement personnel, au sein d’un quartier, au plus proche des enfants, des adolescents et des jeunes. Une sorte de « Centre social » ou de « ex-MJC » comme nous les avons connus dans un passé pas si lointain.

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Soñarte, une œuvre d’amour infini

Par Magaly Cabrales / Publié par La Jiribilla le 18 décembre 2023

Photo : Site Cubaheroes
NdT : Irma Sehwerert est la mère de René Gonzalez, un des « Cinq », arrêtés et emprisonnés aux Etats-Unis en 1998 sous l’accusation d’espionnage.

Bien que ses yeux se targuent d’en avoir vu beaucoup, le regard d’Irma Sehwerert s’illumine à chaque rencontre lorsqu’elle observe les compétences artistiques acquises par les enfants et les adolescents qui composent le projet Soñarte, basé dans le quartier de Las Delicias de la municipalité de Cotorro, dans la capitale.

Partant de la conviction profonde que c’est dans les communautés, dans les quartiers, que se livrent les plus grandes et les plus importantes batailles, Irma Sehwerert Mileham - d’origine américaine et établie dans notre pays depuis 1961 - a toujours pensé que, lorsqu’elle prendrait sa retraite, elle se consacrerait entièrement au travail communautaire. "Un beau travail que j’ai commencé à pratiquer, et que j’ai beaucoup apprécié, dès mes débuts à Cuba. C’est pourquoi nous avons créé le projet Soñarte il y a quinze ans.

Quels étaient vos objectifs en créant Soñarte ?

La première chose que nous voulions faire était de contribuer d’une certaine manière à l’éducation intégrale des enfants, des adolescents et des jeunes, d’occuper leur temps libre en apprenant quelque chose d’utile qui permette d’améliorer notre société, de leur inculquer des valeurs qui leur permettent d’être des hommes et des femmes de bien à l’avenir.

Il y a quelques années, lors de la clôture d’un congrès de l’Union des écrivains et artistes de Cuba (Uneac), Fidel a souligné que la première chose à sauver était la culture. Et c’est exactement ce que nous avons voulu faire en créant ce projet : sauvegarder notre culture, l’essence du peuple cubain, ses traditions et ses coutumes.

Nous avons donc commencé à nous battre pour créer Soñarte et nous n’avons pas cessé de nous battre jusqu’à ce que nous réussissions enfin à la fonder. L’aide que nous avons reçue de sociétés amies et solidaires basées dans d’autres pays comme l’Espagne et la France, ainsi que d’amis vivant aux États-Unis, a beaucoup contribué à sa création et à son développement.

Nous avons eu la chance de pouvoir compter, pour la formation de ces enfants, adolescents et jeunes, sur de nombreux enseignants et collaborateurs qui ont travaillé sans réserve et avec un enthousiasme digne d’éloges.

C’est des États-Unis qu’est venue l’aide décisive pour l’acquisition de cette magnifique structure qui est devenue le siège de notre projet. Au début, nous avons tenu nos réunions dans la cour de ma maison et dans d’autres espaces aménagés chez certains habitants du quartier.

Cet ami américain avait rendu visite à René en prison. Au cours de cette rencontre, René lui a parlé de moi et du projet. Quelques mois plus tard, il est venu me voir. Grâce à lui, nous avons acquis cette maison, que nous avons inaugurée peu après comme siège officiel de Soñarte.

Qui peut participer au projet ?

Il s’agit d’enfants issus de l’enseignement primaire, secondaire et pré-universitaire. Beaucoup d’entre eux, formés à Soñarte, étudient déjà dans l’enseignement supérieur. Il y a aussi des adolescents et des jeunes et tous ceux qui le souhaitent car bien que nous accueillions des enfants à partir de cinq ans, nous n’avons jamais fixé de limite d’âge ou d’origine à nos membres. Nous sommes ravis que le projet compte parmi ses membres des enfants et des jeunes issus de familles dysfonctionnelles, de parents alcooliques ou privés de liberté.

Nous avons des ateliers d’arts plastiques, y compris l’enseignement de la technique du papier mâché ; des ateliers dans lesquels nous donnons la priorité à l’apprentissage des danses populaires et traditionnelles ; des ateliers de littérature, de théâtre et de guitare. Actuellement, nous participons à la formation d’une chorale qui sera composée d’enfants de l’école primaire de notre communauté.
Ces ateliers se déroulent du lundi au vendredi à partir de 17 heures, lorsque les étudiants ont terminé leur journée scolaire. Le samedi, les cours commencent à dix heures du matin.

En réalité, si ce projet existe aujourd’hui, c’est parce qu’il est soutenu par de nombreuses personnes enthousiastes et désireuses de faire quelque chose pour leur communauté, y compris les parents des membres de Soñarte.
Nous avons la chance d’avoir de nombreux enseignants et collaborateurs dans la formation de ces enfants, adolescents et jeunes avec un enthousiasme inconditionnel et louable.

Comment le projet a-t-il été soutenu par les autorités gouvernementales et les institutions culturelles ?

Bien que nous ayons bénéficié d’un soutien important de la part des dirigeants du parti et du gouvernement lors de la création de Soñarte, nous avons perdu ce soutien à la suite des changements intervenus à la tête de la municipalité.

En réalité, si ce projet existe aujourd’hui, c’est parce qu’il est soutenu par de nombreuses personnes enthousiastes et désireuses de faire quelque chose pour leur communauté, y compris les parents des membres de Soñarte.

Par exemple, l’une des principales activités du projet s’appelle Parampampin. Elle a lieu tous les mois et se déroule dans la rue devant notre siège.

Malheureusement, l’état de la route est déjà déplorable, et bien que nous ayons demandé des matériaux pour la transformer en une scène décente, nous n’avons jamais reçu d’aide.

De même, faute de moyens de transport, nous avons cessé de donner ces représentations artistiques et culturelles dans les quartiers éloignés de la commune, où nous avons toujours été accueillis avec infiniment d’affection et de joie. Malgré ces limitations, nous n’avons pas cessé de travailler, mais nous nous sommes adaptés à ce que nous avons, à ce que nous pouvons faire avec nos propres moyens et ressources.

L’un des meilleurs exemples est la visite de sites et de lieux historiques ou culturels tels que les musées, les galeries et les théâtres. Nous nous sommes récemment rendus au centre culturel Fidel Castro. Avec les membres de La colmenita de Diez de Octubre, nous y avons offert un spectacle chaleureux et émouvant, avec lequel nous avons rendu hommage à notre commandant invaincu, à l’occasion du septième anniversaire de sa disparition physique.

Pour l’année à venir, nous avons prévu un programme d’activités large et varié. Pour le mener à bien, je fais confiance aux merveilleux collaborateurs qui nous ont aidés jusqu’à présent, en particulier à Bárbaro Reyes, notre principal promoteur et collaborateur le plus actif. Il ne fait aucun doute qu’ils assureront la continuité de ce projet lorsque mes forces ne me permettront plus de rester à la tête de Soñarte, qui n’est rien d’autre, par essence, qu’une œuvre d’amour infini.

Images : avec l’autorisation de l’auteur