Sport cubain en 2020 : non à l’immobilisme
Par Roberto Ramírez /CubaSí - Lundi 28 décembre 2020
La Havane - Même sans les applaudissements venus des tribunes et avec l’obligation d’accepter l’ajournement des moments les plus attendus par ses représentants, le sport cubain a dit non à l’immobilisme au cours de l’année 2020 en accomplissant un travail diversifié et en donnant la preuve de son dévouement.
Photo Roberto Morejón
Lors de son entretien avec JIT, Osvaldo Vento Ramírez, Président de l’INDER (Institut National des Sports) précisa les principaux aspects de ce travail, qu’il considéra être « l’expression du sentiment d’appartenance et de la priorité à fournir un travail considéré comme un devoir envers le peuple ».
Comment résumer cette étape ?
Comme les autres secteurs sociaux, nous terminons une année en grande partie impactée par la COVID-19 et l’élargissement du blocus économique, commercial et financier imposé par les Etats-Unis, ce qui entre avril 2019 et mars 2020 fit perdre environ 10 millions de dollars au système sportif cubain.
Malgré le report de nombreux rêves et l’obligation de redimensionner notre travail à cause des restrictions matérielles, le travail d’équipe apporta des réponses à un défi sans précédents.
Parlons-en...
Au sujet du fléau de la pandémie, mon premier commentaire va à ceux qui durent l’affronter, en laissant de côté leurs tâches habituelles face aux différents besoins des conseils de défense.
Par exemple ?
Nous parlons des spécialises de l’Institut de Médecine du Sport intégrés aux institutions de santé, où ils firent preuve d’un grand professionnalisme dans ce qui a été nommé la ligne rouge et dans d’autres nombreuses tâches ; nous parlons aussi des entraîneurs, des enseignants, des dirigeants et autres travailleurs qui ont été les piliers des écoles converties en centres d’isolement ; et de beaucoup d’autres représentants de l’organisme qui bataillèrent jour et nuit dans différents scénarios.
Nous faisons référence à ceux qui prirent soin des personnes isolées, qui travaillèrent durement en zones de quarantaine, transférèrent des malades et suspectés malades arrivés de l’extérieur et répondirent favorablement à d’autres demandes, ce qui entraîna des opinions très favorables chez les autorités du Parti et du Gouvernement, dans toutes les provinces, définissant la famille du sport comme une troupe d’élite toujours disponible pour les tâches les plus difficiles.
Au niveau des athlètes et des entraîneurs ?
Pour affronter la maladie nous avons dû déconcentrer nos présélections nationales et mettre en œuvre des processus de préparation adaptés à l’isolement de ses participants, planifiés et suivis à distance par les collectifs de techniciens suivant les consignes de notre Direction Générale du sport de Haut Niveau.
La conception de ce travail, développée dans des conditions inédites et non décrites dans la littérature spécialisée, apporta une contribution importante dans la méthodologie de l’entraînement, permettant de confirmer la qualité de nos stratégies, comme le démontrèrent aussi les paramètres constatés chez les athlètes quand ils furent regroupés.
Singularités de ce processus ?
Mis en place à partir d’une vision multidisciplinaire il a une fois de plus mis en évidence les bienfaits d’un système social qui permet de compter sur des médecins, des psychologues, des physiothérapeutes, des centres spécialisés et des alliances avec d’autres institutions.
Dans cette optique on généralisa des expériences comme l’étude psychologique conduite au Centre de Médecine du sport de la province de Guantánamo, dans le but d’évaluer l’impact de l’isolement chez les athlètes de différents niveaux ; et pour le surmonter on créa des documents audiovisuels, des conférences et des cours en ligne ; du matériel didactique, des articles de journalistes et autres qui ont permis de rassembler savoirs et directives.
Qu’a apporté l’adaptation du travail aux spécificités rencontrées depuis le mois de mars ?
La vitalité soutenue par l’organisme, qui dans le domaine de l’enseignement a dû aborder de nouvelles dynamiques engendrées par le télé-enseignement et les autres directives du Ministère de l’Education.
Face aux restrictions qui paralysèrent le calendrier mondial des compétitions se répandirent des initiatives dans le domaine virtuel, des concours d’échecs, de taekwondo et lancer de poids, l’organisation du Marabana (NDT : le marathon de la Havane en novembre) et autres courses pour la première fois dans ces conditions ainsi que d’autres manifestations sportives pour tous et des événements scientifiques au retentissement certain.
Et en interne ?
Même en pleine pandémie on a procédé au sauvetage, à la remise en état et jusqu’à la réhabilitation intégrale d’installations et autres institutions.
De plus, on a beaucoup avancé sur la Loi du Système Sportif cubain, sur la stratégie économique post COVID, sur le programme de Développement du Sport, Education Physique et Loisirs ; sur la stratégie du base-ball, avec les centaines de contributions apportées lors de la consultation populaire, sur le décret-loi du Régime spécial de Sécurité Sociale pour les athlètes classés et les célébrités du sport.
Simultanément des changements structurels ont été apportés pour améliorer l’Inder et nous avons maintenu un lien large et constant avec la base, par visioconférences hebdomadaires et échanges enrichissants.
Nous avons pu réaliser la 60ème Série (N.D.T :Ligue) Nationale de Base-ball, ainsi que son Juego de Estrellas ( N.D.T :concours des meilleurs joueurs), nous avons partagé les émotions de la journée de la Culture Physique et du Sport et concrétisé l’échange national avec le football, premier pas vers une stratégie globale.
D’autres nouveautés ?
En réponse aux indications concrètes du pays, en accord avec sa projection économique, on a conçu le suivi d’une stratégie d’exportation de services à partir de propositions venues de tous les territoires et d’échanges avec les fédérations nationales des différents sports.
On a aussi concrétisé des alliances stratégiques avec des organismes et institutions comme les ministères de la santé publique et de l’industrie alimentaire, l’ICRT et Biocubafarma, afin de coordonner des processus de production et aborder d’autres questions tendant à générer des recettes.
Il faut aussi préciser qu’on a approuvé les normes sur la politique de recrutement des athlètes et pris les mesures exigées par la Tâche de Réorganisation (N.D.T : processus d’unification monétaire et de change et mise à jour du modèle économique), avec un impact considérable dans notre domaine.
D’autres avancées méritant d’être mentionnées ?
L’Inder a travaillé sur les aspects juridique, économique et de contrôle interne, déterminé à franchir une étape supérieure. De même, le travail effectué par des cadres sur l’économie et la communication institutionnelle se solda par le début de la mise en œuvre d’une nouvelle identité visuelle.
En lien avec d’autres organismes et institutions nous avons pu actualiser la convention avec le Ministère de l’Education, donnant davantage de place à l’activité physique en général.
En raison des mesures d’hygiène sanitaire, priorité pour lutter contre la COVID-19, nous avons regroupé certains événements ou lieux de préparation dans l’île ou à l’extérieur, tout en maintenant l’activité de nos collaborateurs, spécialement dans la République sœur du Vénézuela, où continuent de s’écrire de belles pages de collaboration entre nos deux pays.
Tokyo dans un an ?
Malgré l’importance prise par le report, en créant incertitudes, doutes et questionnements sur les prévisions et aspirations, car 12 mois supplémentaires pèsent pour tout le monde, il est satisfaisant de constater le haut niveau d’engagement et de motivation de nos athlètes, conduits par les personnalités les plus emblématiques, en tête le lutteur Mijaín López.
Nous disons adieu à 2020 avec 41 athlètes sélectionnés pour les Jeux Olympiques, quatre pour les Para olympiques, des athlètes préparés pour augmenter ces deux chiffres dans des compétitions éliminatoires mais les différentes fédérations internationales ont pris la décision de clore les classements.
Nous sommes convaincus que nos délégations confirmeront Cuba dans l’avant garde mondiale dans l’une ou l’autre des manifestations, où nous défendrons une nouvelle fois le sport conçu par Fidel, dont l’héritage nous accompagne en permanence et à qui nous dédierons le 60ème anniversaire de notre organisme, le 23 février prochain.