Treize Cubains à Tremblay, à la conquête de l’or
À dix mois des jeux Olympiques, l’équipe de boxe cubaine s’entraîne en Seine-Saint-Denis, dans le cadre d’une coopération qui mêle solidarité sportive et internationaliste.
Merci à Luis Reygada pour cet article paru aujourd’hui dans le quotidien l’Humanité qui met en valeur cette coopération, exemplaire de la ville de Tremblay-en France avec le Ministère des Sports de la République de Cuba. Et de rappeler que cet échange s’organise à l’initiative de notre association avec 13 autres municipalités de notre pays.
RG
« Il y a parmi vous des champions olympiques, des champions du monde. Nous sommes vraiment très fiers de vous avoir ici parmi nous. » Si l’apparition de l’équipe cubaine de boxe fut très remarquée au Village du monde – tous ses membres revêtus de survêtements aux couleurs du drapeau à l’étoile solitaire –, c’est peu comparé à l’ovation qu’a provoquée son arrivée sur le stand de l’association Cuba Coopération, en ce jour de clôture de la 88e édition de la Fête du journal fondé par Jean Jaurès.
Tout sourires, les treize athlètes – dix hommes et trois femmes – se prêtent volontiers au jeu des photos de groupe, des selfies et des autographes, et ils sont nombreux à vouloir garder un souvenir de leur rencontre avec la meilleure équipe nationale au monde, représentante d’un petit pays latino-américain habitué à mener fièrement les plus grands des combats.
Des valeurs transmises aux jeunes
Quatre-vingts titres mondiaux, 41 sacres olympiques : voilà plusieurs décennies, en effet, que Cuba règne sur le noble art amateur. Héritiers d’une prestigieuse histoire, ils s’appellent Fernando Arzola – imposant poids lourd vice-champion du monde –, Saidel Horta, Yakelin Stornet, Lazaro Alvarez… et sont accueillis avec leurs entraîneurs pour un séjour de près de deux semaines à Tremblay-en-France, dans le cadre d’un accord de coopération entre la ville séquano-dionysienne et la Fédération cubaine de boxe.
« Nous avons un programme de préparation en vue des XIXes jeux Panaméricains qui se dérouleront fin octobre à Santiago du Chili », explique son président, Alberto Puig de la Barca. « C’est un événement sportif majeur pour nous, et faire une étape ici est très enrichissant car les Français ont un très bon niveau. Cela nous permet de faire le point sur notre physique, notre technique, sur la gestion du rythme et de l’effort durant les combats. » La veille, les deux équipes s’affrontaient à Tremblay lors d’un gala offrant un grand moment aux habitants de la ville, dans un palais des sports plein à craquer. « C’est un très bon exercice pour nous », confirme le jeune Alejandro Claro, originaire de la région de Sancti Spiritus. « Et puis l’accueil des habitants est très chaleureux. Ils viennent nous voir aux entraînements ; nous recevons des groupes scolaires et nous visitons aussi des écoles. Les enfants ont l’air très heureux de nous voir. »
José Ramon Amador, l’entraîneur, acquiesce en insistant sur le message qu’entendent faire porter ses poulains : « Tous les membres de notre équipe, en plus d’être des athlètes de haut niveau, ont fait des études supérieures ou fréquentent encore les bancs de l’université. C’est important que les jeunes voient des champions du monde leur transmettre les valeurs de l’effort, dans tous les domaines. »
Le sacre mondial, Julio César de la Cruz l’a déjà remporté cinq fois, et deux fois l’or aux Jeux de Rio et de Tokyo : il en impose avec sa carrure qui dissimule une maîtrise parfaite de l’esquive, ce qui lui a valu le surnom de « la Sombra », l’ombre. « À Cuba, les études et le sport vont de pair. J’essaye de faire comprendre aux jeunes d’ici et d’ailleurs que la clé du succès dans la vie est la discipline », précise le pugiliste âgé de 34 ans.
« Ouvrir les yeux sur le blocus »
« Tout le monde veut se prendre en photo avec lui », le taquine Legnis Cala, tout juste médaillée d’argent aux jeux d’Amérique centrale et des Caraïbes de juin dernier. Une performance quand on sait qu’elle s’est mise à la boxe il y a à peine huit mois. « Nous sommes cubaines, des guerrières, nous venons d’un pays invincible », manifeste sa camarade Ariane Imbert.
Alors que les prochains jeux Olympiques, à Paris, approchent à grands pas, les boxeurs cubains savent qu’ils sont très attendus pour étoffer le palmarès des médailles de la délégation de leur pays. « Nos installations sportives sont labélisées Centre de préparation aux Jeux », explique Virginie de Carvalho, première adjointe à la mairie de Tremblay. « Nous avions déjà reçu l’équipe junior l’année dernière. Nous sommes très heureux de collaborer avec l’équipe première ; ça a créé des liens forts avec nos habitants, tout en permettant d’ouvrir les yeux sur la situation de blocus à Cuba. »
Cuba projette d’envoyer jusqu’à 90 athlètes aux prochains JO, et 14 municipalités ont répondu présent pour collaborer, à travers l’association Cuba Coopération, avec les fédérations cubaines de pentathlon, tir, judo, lutte, natation, aviron, etc. Quant aux boxeurs, ils repasseront par Tremblay en juillet 2024, avant de s’installer au Village olympique et de s’engager dans la compétition. Jusqu’à la victoire ? Siempre !