Un charbon qui vaut son pesant d’or
Il s’agit de charbon de bois de marabu, un combustible naturel très demandé sur le marché international et produit dans des fours artisanaux dans différentes régions de Cuba
Auteur : Ventura de Jesus paru dans informacion@granmai.cu le 30 août 2024
Matanzas.
Au moment de l’ensachage, certains charbonniers sont surpris par le son métallique qu’il produit et sa couleur noire brillante.
Il s’agit du charbon de bois fabriqué de manière traditionnelle à partir des branches et des troncs de bois du cubain, le marabu- un arbre à croissance rapide et proliférant qui pousse à Cuba -, un combustible naturel très recherché sur le marché international et produit dans des fours artisanaux dans différentes régions du pays.
Les spécialistes affirment qu’il est très demandé, surtout en raison sa pureté et son efficacité, notamment de son pouvoir de combustion élevé, de son rendement, en plus d’autres qualités telles que la stabilité du feu. En raison de sa carbonisation complète, il produit peu de fumée, et il permet non seulement de faire de délicieuses grillades, mais aussi de contribuer à la protection de l’environnement.
C’est ce que nous a expliqué de Lidaimi Herrera, spécialiste de l’Entreprise agroforestière de Matanzas (afm), l’un des principaux exportateurs cubains du produit.
le dur labeur des chabonniers
Comme le dit le dicton, tout ce qui brille n’est pas or, et tout ce qui semble merveilleux ne l’est pas forcément.
« Produire du charbon de bois, en particulier du charbon de bois de marabu, est un travail très dur et peu de gens sont prêts à relever les défis de ce métier », affirme Rafael Alberto Ramirez Carrera, travailleur indépendant et l’un des producteurs les plus importants ayant un contrat avec l’entreprise située dans cette zone importante.
Pour se rendre à son exploitation, située à une dizaine de kilomètres de la route centrale, dans une zone reculée de la municipalité de Limonar appelée Chacon, il faut emprunter des routes difficiles d’accès.
Les gens se déplacent généralement en charrette, et c’est un problème d’arriver avec des camions pour transporter le charbon de bois en sacs.
« Je travaille dans la production de charbon de bois depuis mon plus jeune âge, et je livre environ 100 tonnes par an avec l’aide de six autres travailleurs d’ici, de la région. C’est difficile mais rentable. »
Alberto Ramirez explique que l’entreprise prend en charge le coût des sacs et du transport du produit, et que pour chaque tonne de charbon de bois (50 sacs de polypropylène standard pesant environ 20 kilogrammes), il reçoit environ 200 mlc (pesos convertibles).
Il signale que cette année, il maintient un rythme régulier, bien qu’il y ait de fréquents obstacles liés aux sacs et au carburant, ce qui limite le rythme des livraisons.
Yan Carlos Fernandez Ramirez, l’un des plus proches collaborateurs de Rafael, explique que la fabrication du charbon de bois est un travail très rude.
« Tout est compliqué, de la coupe au chargement, en passant par la combustion dans le four et le processus de conditionnement pour garantir un produit de la plus haute qualité. De plus, nous n’avons pas toujours les vêtements adéquats. »
LE BON CÔTÉ DU MARABU
Jorge Diaz Mirabal, directeur général de l’afm, explique qu’il est très difficile d’atteindre le chiffre de 1 400 tonnes exportables cette année, mais il précise que les 390 premières tonnes ont déjà été expédiées et qu’il est possible de boucler l’année 2024 avec un volume proche du millier, comme cela a été le cas l’année dernière.
Pour atteindre cet objectif et placer le charbon de bois de marabu sur les marchés étrangers, ils comptent avant tout sur la contribution de leurs meilleurs producteurs, situés dans les municipalités de Los Arabos et de Marti.
Une telle performance, associée à la réalisation d’autres indicateurs de production, permettrait à l’entreprise de rester l’un des principaux exportateurs de ce produit dans le pays.
Il ajoute que le charbon de marabu est également très demandé en raison de l’absence de fumée et de mauvaises odeurs lors de la combustion.
Selon les chiffres officiels, Cuba produit chaque année environ 40 000 tonnes de charbon de bois pour répondre à la demande intérieure et couvrir les ventes à l’étranger.
Les spécialistes soulignent la qualité de ce produit et ses multiples utilisations comme combustible, tant dans l’industrie que dans les foyers, ainsi que dans le secteur gastronomique pour la saveur particulière qu’il confère aux aliments.
Certains se réjouissent de la présence du marabu, une plante envahissante sur l’Île, qui s’est installée dans de nombreux champs cubains et dont la présence limite la production de denrées alimentaires.
Ce qui est prouvé, c’est qu’il est utilisé pour fabriquer du charbon de bois de très bonne qualité. Le potentiel d’exportation du charbon artisanal de marabu est donc avéré