YO SOY FIDEL

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A la fin du récent acte commémoratif du 26 juillet, à Cienfuegos, la foule présente a scandé les mêmes mots que lors de l’enterrement du leader historique de la révolution cubaine : « Yo soy Fidel ! » (Je suis Fidel).

On comprend facilement qu’il s’agit de dire que si Fidel a disparu physiquement, il continue de vivre dans le cœur de chacun.

On peut aussi se demander d’où viennent ces mots et proposer une explication à travers le cinéma.

Spartacus

Presque deux ans après le triomphe de la révolution cubaine, le film « Spartacus », réalisé par Stanley Kubrick, sortait aux USA, en octobre 1960.

L’acteur principal et producteur, Kirk Douglas, avait dû affronter la censure étasunienne pour que le scénariste du film, Dalton Trumbo, figure au générique alors qu’il était inscrit, depuis 13 ans, sur la liste noire mise en place par le sinistre sénateur McCarthy.

Le film raconte la révolte des esclaves gladiateurs qui en 73 et 72 avant JC avaient réussi à entraîner une masse de 150 000 infortunés (esclaves, paysans pauvres, bergers, etc.) et qui furent vaincus lors de la bataille de la rivière Sélé.

Dans le film, plusieurs révoltés, dont Spartacus, sont faits prisonniers. Le sénateur romain, Crassus, leur promet qu’ils ne seront pas punis s’ils livrent Spartacus. Mais, l’un après l’autre, tous déclarent « Je suis Spartacus ».

On peut voir cette scène sur YouTube, même si la qualité de l’image est médiocre :

Soy Cuba

En 1964, était présenté le film « Soy Cuba » de Mikhail Kalatozov, le grand réalisateur soviétique. Une scène rappelle curieusement celle du film de Kubrick.

Rappelons que 82 révolutionnaires, emmenés par Fidel Castro, avaient quitté le Mexique à bord du bateau Granma pour débarquer sur la côte cubaine, début décembre 1956. Ils avaient dû marcher longtemps dans la mangrove et affronter, trois jours plus tard, les forces de Batista dans un combat inégal à Alegria de Pio.

Dans le film, des révolutionnaires marchent de nuit dans la mangrove et sont subitement pris sous le feu des troupes de la dictature. Trois hommes sont faits prisonniers et un officier leur demande où est Fidel. Et chacun, à son tour, répond : « Je suis Fidel ».

On peut voir cette scène sur YouTube :

On ne sait si le film de Kubrick a inspiré Kalatozov et il est difficile d’établir par quels cheminements les paroles des esclaves révoltés sont devenues celles des révolutionnaires cubains, mais il n’est pas interdit de penser que le cinéma a pu jouer un rôle de relais inattendu, une sorte d’associé de circonstance de la fameuse « vieille taupe qui sait si bien travailler sous terre pour apparaître brusquement… ».

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