Cuba : Un jeune successeur à Raúl Castro...

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Une article de Katrien DEMUYNCK, publié sur le site COMAC.

http://chengetheworld.be/fr/articles/cuba-un-jeune-successeur-raul-castro

Des changements importants et significatifs ...

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Cette année, les élections parlementaires, qui ont lieu tous les cinq ans à Cuba, ont un enjeu très particulier. Le Parlement a, à son tour, élu son nouveau vice-président : Miguel Díaz-Canel, âgé de 52 ans seulement.

L’élection de Miguel Díaz-Canel s’inscrit dans la lignée des décisions prises par le Parti communiste cubain (PCC) en 2012 lors de son sixième congrès, au terme de nombreuses discussions avec la population. Le congrès a résolument opté pour un rajeunissement des cadres et la limitation à deux mandats consécutifs maximum pour les fonctions dirigeantes les plus importantes. La législation n’a pas encore été adaptée en ce sens, mais l’actuel président Raúl Castro, âgé de 81 ans, et réélu, a confirmé que ce serait son ultime mandat.

Miguel Díaz-Canel, après avoir obtenu son diplôme d’ingénieur en électronique, a travaillé comme professeur à l’université de Santa Clara. Cela fait près de trente ans qu’il a fait ses débuts dans la vie politique cubaine.

D’ingénieur à Premier ministre

En 2006, j’ai eu la chance de faire sa connaissance à l’occasion d’un événement organisé par l’association des journalistes cubains à Holguin. A l’époque, il était président provincial du PCC. Miguel Díaz-Canel est quelqu’un de particulièrement charmant et charismatique. Il avait alors expliqué avec un enthousiasme communicatif les points forts de la province Holguin, l’une des plus peuplées et des plus industrialisées du pays.

Avant son mandat à Holguin, Díaz-Canel était déjà président du parti dans la province de Villa Clara. En 1991, il est élu au Comité central du parti. En 2003, peu de temps après son élection comme président de parti pour la province de Holguin, il fait son entrée au bureau politique du PCC, et devient même le plus jeune membre à en faire partie. En 2009, Díaz-Canel devient ministre de l’Enseignement supérieur et en 2012, il est élu vice-président du Conseil des ministres.

Le 24 février dernier, le Parlement cubain fraîchement élu a tenu sa première assemblée avec à l’ordre du jour l’élection du conseil d’État et la nomination du Conseil des ministres. C’est le conseil d’État qui gouverne le pays entre les assemblées du Parlement, et le président du conseil d’État est le président du pays, même si à Cuba ce terme a une signification tout à fait différente de celle des autres régimes présidentiels occidentaux. Le premier vice-président du conseil d’État, Miguel Díaz-Canel en l’occurrence, est également la personne qui, le cas échéant, reprendra à sa charge les tâches du président. Comme ce fut le cas en 2006, lorsque Fidel Castro est tombé gravement malade et que ses tâches ont été assumées par le premier vice-président de l’époque, à savoir Raúl Castro. Díaz-Canel conserve sa fonction de vice-président du Conseil des ministres.

A Cuba, le Parlement exerce réellement un pouvoir

Le système administratif cubain, appelé Poder Popular (Pouvoir populaire), est difficilement comparable au nôtre, à commencer par le pouvoir du Parlement élu. Chez nous, le pouvoir est aux mains du gouvernement composé des partis qui ont remporté les élections. A Cuba, ce sont les citoyens eux-mêmes, et non le parti, qui proposent les candidats qui figurent sur les listes électorales, soit directement soit via les organisations sociales. Les parlementaires et les conseillers provinciaux sont élus lors des élections parlementaires et provinciales. Pour être élu, un candidat doit remporter au moins 50 % + 1 des voix.

Tout comme lors des précédentes élections parlementaires, plus des deux tiers du Parlement cubain ont changé de visage. Ainsi, le nouveau Parlement est composé à près de 49 % de femmes et 38 % de gens de couleur. La moyenne d’âge est de 48 ans et les membres sont un réel miroir de la population : ouvriers, enseignants, étudiants, médecins, scientifiques, techniciens et agriculteurs, mais aussi dirigeants religieux, artistes et écrivains. Le conseil d’État est composé à 42 % de femmes et 38 % de gens de couleur. 61 % sont nés après la révolution. La moyenne d’âge se situe autour des 57 ans.

Cuba poursuit sa politique de rajeunissement et de rénovation de ses cadres dirigeants. Comme l’a dit Raúl Castro : « Notre plus grande satisfaction, c’est la sérénité et la confiance que nous ressentons en inculquant aux nouvelles générations la responsabilité de poursuivre la construction du socialisme ».