Mettre en phase le processus de commercialisation et la réalité quotidienne

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Avec la publication du Bulletin Officiel Extraordinaire N°. 35 entre en vigueur la Réglementation qui permettra de développer de façon expérimentale dans les provinces de La Havane, Artemisa et Mayabeque, de nouvelles formes de commercialisation de produits agricoles.

Si produire plus et mieux reste l’un des défis constants de l’agriculture cubaine, concevoir et appliquer des mécanismes de commercialisation toujours plus efficients et agissant comme des stimulants pour les producteurs l’est tout autant.

Dans le cadre de l’actualisation du modèle économique cubain, la Gazette Officielle Extraordinaire N° 35 publie aujourd’hui la Règlementation qui permettra de développer, de façon expérimentale, dans les provinces de La Havane, Artemisa et Mayabeque, de nouvelles formes de commercialisation de produits agricoles.

Expérimentation de nouvelles formes de commercialisation de produits agricoles

Tenant compte de la diversité qui caractérise le réseau commercial de produits agricoles dans notre pays, cette décision prétend étudier à l’échelle territoriale d’autres modes de faire dans ce processus qui permettraient de modifier, élargir, perfectionner la commercialisation et par suite d’étendre l’expérience aux autres provinces du pays.

Cette expérimentation répond, en outre, à la nécessité de transformer la commercialisation de façon telle que soient éliminés les mécanismes qui l’entravent actuellement, en cherchant à la rendre plus dynamique, efficace et flexible. De la même façon, il faut tâcher de mettre de l’ordre et de perfectionner le réseau commercial de produits agricoles –aussi bien en gros qu’au détail–, en rendant la commercialisation plus accessible pour les producteurs et les consommateurs, mais également plus compétitive dans tous ses aspects.

Personne n’imagine qu’une telle Réglementation change les choses du jour au lendemain, immédiatement après sa publication. Il s’agit d’un processus complexe, aux multiples facettes, dans lequel on peut impliquer depuis le producteur primaire et le réseau de marchés, jusqu’aux consommateurs, a précisé à Granma Roberto Pérez Pérez, chef du groupe de Politique Agroindustrielle de la Commission Permanente pour la production et le développement.

« Il ne faut pas espérer non plus qu’à court terme et à travers cette seule mesure, l’offre de produits augmente et qu’on en arrive à la diminution des prix tant espérée, cependant, cette transformation s’avère indispensable, parce qu’elle aura un impact positif sur les producteurs, qui pourront vérifier de façon directe et transparente les avantages économiques qu’offrent les nouvelles formes de commercialisation. Ce point, ajouté à l’application d’autres politiques approuvées, devra conduire progressivement à l’accroissement et la diversification de la production, ainsi que de l’offre sur les marchés, ce qui devra favoriser la diminution des prix  », a-t-il signalé.

En accord avec le Lineamiento 183 approuvé par le VI Congrès du Parti Communiste de Cuba, ces dispositions visent, entre autres buts fondamentaux, à donner vie à des mécanismes de gestion plus souples, qui contribueraient à réduire les pertes dans le processus de commercialisation et simplifieraient les liens entre le producteur agricole et le consommateur final, incluant la possibilité pour les producteurs de participer au marché par leurs propres moyens.

Simplifier la commercialisation des produits agricoles de façon telle qu’une fois respectés leurs engagements contractuels avec l’État, les producteurs aient la possibilité de vendre et acheter les productions à qui ils veulent –y compris aux entités de l’État– constitue l’un des principaux objectifs des réglementations récentes, a expliqué le fonctionnaire de la Commission Permanente pour la production et le développement.

MARCHES AGRICOLES NOUVELLE FORMULE

De nouvelles formules seront mises en place pour le réseau de marchés agricoles qui fonctionneront sous les dénominations suivantes : marché au détail ; points de vente ; et travailleurs indépendants, vendeurs ambulants de produits agricoles.

Dans le cas des marchés au détail, on comptera quatre modalités de vente.
Une partie de ces marchés sera gérée par des entités étatiques, habilitées à opérer de façon équitable avec le reste des établissements, et sera approvisionnée par les entreprises auxquelles les marchés appartiennent, tout en conservant la possibilité d’acheter à des tierces personnes afin de compléter l’offre.

D’après les explications de Pérez Pérez, les marchés inclus dans ce groupe commercialiseront les produits agricoles, dont les prix en cas de surstock sont centralisés, à des prix au détail régulés par les entreprises qui les gèrent –pour l’année 2014 l’État a fixé les prix de huit produits : riz, haricots, pomme de terre, maïs, patate douce, orange, pamplemousse, et tomate – liste qui sera actualisée tous les ans. De même, ils offriront des promotions sur d’autres produits au prix de vente centralisé –riz et petits pois– et le reste sera vendu au prix de l’offre et de la demande.

La quatrième modalité correspond aux dénommés marchés agricoles de l’offre et de la demande –administrés par des entreprises de l’État– qui louent des espaces et offrent des services permettant la pesée des denrées, leur stockage, etc. ; sur ces marchés la commercialisation se fait aux prix de l’offre et de la demande. Dans un second temps, le processus de restructuration prévoie d’encadrer les ‘tarimeros’ (1) qui y participent, lesquels deviendront ensuite travailleurs indépendants, en tant que vendeurs détaillants de produits agricoles, a expliqué le fonctionnaire de la Commission Permanente pour la production et le développement.

Les points de vente seront quand à eux administrés par les unités de production, et emploieront leur propre personnel. Ils pourront également appartenir à de petits agriculteurs –propriétaires et/ou usufruitiers– et se tenir sur leurs aires de production. La commercialisation sera réalisée aux prix de l’offre et de la demande.

Quant à la figure du ‘carretillero’ (2) ou vendeur ambulant de produits agricoles, il peut commercialiser des produits agricoles sur la voie publique sans être attaché à un périmètre fixe, tout en respectant les contrôles urbanistiques, les normes d’usage de la route actuelles et établies par les conseils d’administration en ce qui concerne les itinéraires et zones d’accès pour l’exercice de leur activité.

CONCERNANT LES GROSSISTES, ET AUTRES ASPECTS

Avec la remise en ordre du réseau de vente en gros, des marchés spécifiques seront créés pour la vente en gros de produits alimentaires, gérés par des entreprises étatiques, qui loueront l’installation à une coopérative non agricole de service, laquelle, à son tour, sous-louera les espaces du local.

Le premier de ces établissements sera ‘El Trigal ’(3), qui se trouve sur le territoire de la municipalité de la capitale appelée Boyeros, et dont l’activité doit commencer avant la fin de cette année. Sur ces marchés, ouverts principalement le soir et le matin de très bonne heure, toutes les personnes physiques et morales sans exception seront autorisées à acheter.

Un autre élément nouveau est la légalisation de deux nouvelles figures de travailleurs indépendants dans les trois provinces d’expérimentation. Apparaîtra ainsi le vendeur au détail de produits agricoles, qui pourra mener à bien cette activité sur les marchés agricoles d’offre et de demande ou d’autres espaces loués par ses soins.

Apparaît également le vendeur en gros de produits agricoles, qui vend sur le marché en gros ou achète des produits pour les offrir à des tarifs préférentiels aux entités qui assurent la commercialisation de produits au détail dans des lieux autorisés par les conseils d’administration provinciale ; il pourra également commercialiser sur le marché en gros les produits achetés aux concurrents de cette administration ; enfin, il ne pourra en aucun cas offrir des produits importés.

Par ailleurs, tous les centres de consommation sociale auront la possibilité d’acquérir des produits agricoles, aux prix de l’offre et de la demande, tant à travers le réseau grossiste que par le biais du réseau détaillant, à partir du moment où les dépenses engendrées entreront dans leur budget approuvé pour l’année fiscale. « Cela ne signifie pas qu’on élimine l’approvisionnement que reçoivent ces entités de la part d’entreprises agricoles ; on élargit simplement les possibilités  », a souligné Pérez Pérez.

Quant aux questions fiscales, la Règlementation publiée spécifie qu’elles seront en accord avec les dispositions de la Loi Fiscale, et que s’appliqueront de la sorte, selon les normes en vigueur, les impôts sur les revenus personnels, sur les profits, et la contribution au régime spécial de la sécurité sociale ; ce système d’imposition a été créé de manière telle que les taxes ne provoquent pas une augmentation des prix.

Un autre élément inclus dans les réglementations se réfère à la remise en ordre du transport lié à la commercialisation de produits agricoles. Sur ce point, on souligne que les Groupes d’Entreprises de l’Agriculture d’Artemisa et Mayabeque, en plus de prendre en charge le transport, pourront louer des camions aux unités de production.

A la fin de la première année de contrat, on procédera à la vente du véhicule, à la reconduction de la location ou à l’annulation du contrat.

Il s’agit donc d’élargir les options et de rendre plus flexibles les mécanismes qui peu à peu doivent s’ajuster à notre réalité quotidienne. Il ne sert pas à grand-chose d’avoir un point de vente à chaque coin de rue si finalement cela ne se traduit pas par une amélioration certaine de la nourriture contenue dans l’assiette que nous, Cubains, mettons tous les jours sur notre table.

Notes de la traductrice :

NdT : (1) vendeurs officiant sur les marchés, et installés sur des estrades (tarimas)

NdT : (2) vendeur ambulant dont les produits sont stockés dans une brouette (carretilla).

NdT : (3) le champ de blé

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