Cuba accepte un dialogue de normalisation des relations avec l’UE

Partager cet article facebook linkedin email

Cuba a accepté la proposition de dialogue lancée début février par l’Union européenne (UE), ouvrant la voie à une normalisation des relations entre l’UE et le régime communiste cubain, en froid depuis dix ans.

"Cuba accueille avec satisfaction cette proposition du 10 février de la Haute représentante (de l’UE Catherine Ashton), qui signifie la fin des relations unilatérales (des pays) de l’UE avec Cuba, et accepte d’ouvrir des négociations sur ce sujet", a déclaré le ministre cubain des Affaires étrangères, Bruno Rodriguez, au cours d’une conférence de presse.

(D’après un communiqué de l’AFP.)

Cuba est disposé à aborder avec l’UE "n’importe quel sujet

Le 10 février, les 28 pays de l’UE ont approuvé l’ouverture d’un dialogue visant à normaliser les relations avec Cuba, officiellement suspendues depuis 2003, afin d’encourager La Havane à poursuivre les réformes dans le domaine des droits de l’homme.

Cuba "agira de manière constructive et considère que les principes énoncés sont pleinement justifiés et doivent continuer de constituer la référence de nos relations", a expliqué le chef de la diplomatie cubaine.

Ces principes, selon le ministre, sont le "caractère inconditionnel" du dialogue, "sans discrimination", "le plein respect de la souveraineté des Etats sur les plans institutionnel et juridique, et en conformité totale avec le principe de la non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats".

Interrogé sur le message ainsi adressé aux Etats-Unis, qui suivent depuis plus d’un demi-siècle une politique de marginalisation de Cuba, le ministre a jugé que "cette décision correcte de l’Union européenne démontrait que les politiques unilatérales ne fonctionnent pas et n’ont plus lieu d’être à notre époque".

Le ministre a ajouté que "des contacts allaient s’établir au niveau diplomatique pour déterminer les modalités et le calendrier de ce processus qui sera certainement long".

- Un "processus certainement long" -

La délégation de l’UE à Cuba a de son côté "accueilli avec une grande satisfaction la décision positive du gouvernement de Cuba d’avancer dans le processus de négociation et son intérêt à renouer le dialogue au niveau ministériel".

"Les deux parties amorceront dès que possible le processus, dans un esprit constructif et de respect mutuel", a ajouté un communiqué de la délégation de l’UE à La Havane.

Cuba, a ajouté le ministre, a entrepris en 1988 un "long parcours" pour tenter de conclure un accord-cadre de coopération avec l’UE. Un premier obstacle s’est dressé sur ce parcours en 1996 avec l’adoption par l’UE d’une "position commune" à l’initiative du chef du gouvernement espagnol conservateur de l’époque, José Maria Aznar.

Cette "position commune", toujours officiellement en vigueur, fait dépendre la coopération européenne avec le régime communiste d’avancées démocratiques, notamment en matière de droits civiques et politiques, ce que La Havane considère comme une "ingérence" dans ses affaires intérieures.

Cuba, a poursuivi Bruno Rodriguez, est disposé à aborder avec l’UE "n’importe quel sujet, y compris celui des droits de l’homme", La Havane ayant quelque "inquiétude" sur ce qui se passe à ce propos dans certains pays de l’UE.

En 2003, après la dernière grande vague de répression politique à Cuba, qui s’était traduite par la condamnation à de lourdes peines de prison de 75 dissidents, L’UE avait adopté une série de sanctions contre La Havane.

A partir de 2005 et jusqu’en 2008, à la suite des libérations de ces condamnés, les sanctions ont été levées et un début de dialogue avait repris en 2008, lancé par le successeur de José Maria Aznar, le socialiste José Luis Rodríguez Zapatero.

La grande majorité des condamnés du "printemps noir" de 2003 ont été libérés et autorisés à partir en exil en Espagne à la suite d’un dialogue entre les autorités et l’Eglise catholique cubaines, et Madrid. Les derniers ont été libérés en 2011.

Depuis 2008, une quinzaine de pays de l’UE ont entrepris de manière unilatérale de relancer certains projets de coopération, en marge de la "position commune" de l’UE.