Frank Fernandez, un des plus grands pianistes du monde ...

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Article d’Alain Valdés Sierra Traduit par Alain de Cullant pour Lettres de Cuba

Frank Fernández, un des plus importants pianistes du monde, a joué cet instrument pour la première à l’âge de quatre ans et lors de ses soixante-dix ans, son engagement est de toujours chercher une meilleure musique.

Frank Fernández, un des plus importants pianistes du monde, a joué cet instrument pour la première à l’âge de quatre ans et peu de temps après il a promis à sa mère qu’il ne l’abandonnerait jamais.

La perpétuelle quête d’une meilleure musique ...

Fier de tenir sa parole, la critique spécialisée le reconnaît comme l’architecte de l’école contemporaine cubaine du piano, il est un symbole de la culture nationale et l’un de ses meilleurs ambassadeurs.

Né à Mayari, dans la province de Santiago de Cuba, Francisco Fernández Tamayo, nom avec lequel ses parents l’ont baptisé, accorde une importance inestimable à son enfance et à l’influence qu’elle a exercée sur le reste de sa vie.

Exceptionnel compositeur, arrangeur et producteur de musique, il a captivé les publics de toutes les latitudes, il ne fait pas de distinction entre la musique classique et la populaire, il reconnaît seulement si elle est bonne ou mauvaise, peu importe d’où elle vient.

Lors d’un agréable dialogue, il a abordé des moments très importants de sa vie qui l’ont converti en une icône de la culture de l’île.

Vous êtes arrivé très jeune à La Havane et, à seulement 19 ans, vous avez fait vos débuts avec l’Orchestre Symphonique National…

Avant mes débuts avec l’Orchestre Symphonique j’ai fait des incursions dans la musique populaire et, explorer ces sonorités s’est transformé en une école qui, en peu plus de deux ans, m’a permis de connaître Gonzalo Roig, Ernesto Lecuona, Portillo de la Luz et José Antonio Méndez ; et d’accompagner la grande Elena Burke.

Ce fut une académie sui generis, sans dogmes, axée sur la praxis, et qui m’a beaucoup servi quand je suis entré au Conservatoire Amadeo Roldán, où j’ai eu le bonheur de rencontrer Margot Rojas, une grand instrumentiste et professeur, élève d’Alexander Lambert, qui était un disciple de Franz Liszt, considéré comme le plus grand pianiste du XIXe siècle.

Grâce à sa maestria et à mon dévouement, j’ai été choisi parmi les meilleurs étudiants de l’Académie et on m’a offert la possibilité de jouer avec l’Orchestre Symphonique National, une opportunité lors de laquelle on a joué pour la première à Cuba la Fantaisie Chorale Opus 80 de Beethoven.

Cette étape a terminé quand j’ai remporté le Premier Concours National de Piano de l’Union des Écrivains et des Artistes de Cuba (UNEAC) et une bourse au Conservatoire Tchaïkovski de Moscou, un des plus prestigieux au monde, où j’ai suivi les cours de niveau supérieur et où je me suis diplômé Summa cum laude.

Quels autres moments ont marqué votre carrière de pianiste ?

Je me souviens des quatre concerts très importants par la portée du contexte dans lequel ils se sont développés et leurs conséquences.

En 1984, j’ai été invité à l’inauguration de la Salle de Musique de Chambre du Schauspielhaus de Berlin, en Allemagne, et j’ai été choisi pour le premier concert du cycle « Les Grands Maîtres du Piano ».

Le notable a été que je pensais jouer des œuvres de Lecuona ou de Cervantes et j’ai dû interpréter Mozart, Beethoven et Schuman, avec un immense succès, le public a applaudi pendant neuf minutes, laissant un souvenir indélébile dans ma mémoire.

Quatre ans plus tard j’ai eu l’honneur de jouer dans la salle Smetana de Prague, pour commémorer le centenaire de la première du Concerto Nº 1 pour Piano de Tchaïkovski.

À ma grande surprise les organisateurs ont décidé que je sois le soliste de la célébration, un honneur que je considère transcende pour ma personne, car en réalité c’est une reconnaissance de Cuba et de sa culture.

Un autre souvenir que je thésaurise est mon récital à Tokyo en 1992. Le concert me préoccupait beaucoup car dans cette ville il y a une vingtaine d’événements tous les soirs, entre les comédies musicales, l’opéra et le ballet.

Hiro Hamada, le critique d’une publication japonaise reconnue, qui sélectionne les 10 principaux événements culturels de l’année dans son pays, a inclus mon récital dans cette liste exclusive, ce qui a été une surprise extraordinaire pour moi.

Enfin, l’année dernière j’ai assisté à la réouverture de la Grande Salle du Conservatoire Tchaïkovski de Moscou, où jouer au piano est toujours un grand défi et un engagement, car c’est la plus importante académie de piano du monde et c’est là où j’ai étudié.

L’école cubaine de piano doit beaucoup à Frank Fernández

Le plus important de mes années dédiées à la pédagogie a été la croissance de ses pianistes à Cuba.

Quand j’ai commencé l’enseignement, tous les lauréats internationaux avaient étudié aux États-Unis ou en Europe et j’ai travaillé avec des jeunes pianistes très talentueux afin que l’on puisse obtenir des résultats similaires avec des concertistes formés ici.

Personne ne croyait que ceci soit possible, mais nous y sommes parvenus et plusieurs pianistes tels que Víctor Rodríguez, Jorge Luis Prats, Leonel Morales, Elisa Pedroso et Ulises Hernández ont obtenu des prix dans de prestigieux concours.

Même si de nombreuses personnes ne m’ont pas stimulé, j’ai cru en la possibilité du cubain pour accomplir de grandes choses quand il se donne complètement.

Parlez-nous de vos compositions et de votre discographie

Il y a quelque chose de paradoxal dans ma vie en tant que compositeur, la plupart de mes œuvres, à l’exception de la Suite pour deux pianos, sont pour orchestre, où l’instrument n’a pas un rôle prépondérant, cela vient peut-être du fait que les premières opportunités que j’ai eu ont été celles de composer de la musique pour le cinéma.

J’ai écrit plus de 600 œuvres pour différents formats : ballets, chorales, orchestres symphoniques et de chambres, solistes, groupes de musique populaire et pour la télévision ; j’ai enregistré une vingtaine d’albums.

J’ai également participé à 250 enregistrements où j’interviens comme pianiste accompagnateur ou comme producteur.

J’ai produit, pour le discographie cubaine, parmi d’autres, Días y flores, de Silvio Rodríguez, et A Bayamo en coche, le premier disque de Son 14, considéré comme un paradigme au sein de l’univers phonographique national et qui est conservé comme une référence dans les bibliothèques de Washington et de New York.

Les Cinq Concertos pour Piano de Beethoven

Actuellement je suis plongé dans l’enregistrement des Cinq Concertos pour Piano de Beethoven, quelque chose qui n’a jamais été fait à Cuba et peu nombreux dans le reste du monde.

Comment aimeriez-vous que Frank Fernández soit rappelé ?

Comme un homme qui aime la musique, sa famille et son pays, qui, à 70 ans, est sûr qu’il a encore beaucoup à apprendre dans la vie.

Arriver à cet âge te fait prendre conscience des erreurs, mais aussi des merveilles qui restent a découvrir, et c’est mon engagement tant que ma force et ma capacité me permettent : de chercher une meilleure musique.