Cuba est-elle une puissance pharmaceutique et biotechnologique ?

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Pendant la décennie des années 1980, lorsque personne ne présageait l’effondrement du camp socialiste ni le démantèlement de l’URSS, le gouvernement cubain a eu l’idée, peu conforme à un pays du Tiers Monde, de fonder le Centre national de génie génétique et de biotechnologie ; celui-ci et le Centre national des recherches scientifiques, déjà existant à l’époque, constituent le noyau de l’actuel pôle scientifique de la capitale.

(Le deuxième article d’Eduardo Canciano.)

Et s’il n’y avait pas le blocus !

De nos jours, un large nombre de personnes sont de l’avis que cette décision-là, qui s’écartait de la célèbre division internationale du travail réservant à des nations comme la nôtre le rôle de fournisseur de matières premières sans valeur ajoutée, signifiait non seulement un geste de rébellion technologique et de défense biologique face aux agressions que les Cubains avaient subies mais aussi une prémonition audacieuse et visionnaire de l’avenir du pays.

Pour d’autres, habitués à la génialité insuffisamment reconnue de Fidel Castro, c’était la suite d’un projet formulé dès la naissance de la jeune Révolution, quand il a affirmé qu’à l’avenir Cuba devait être un pays d’hommes de sciences.

Il y a deux ans, le gouvernement a créé le groupe Biocubafarma, une puissante organisation économique constituée par 38 organisations qui gèrent 16 grandes entreprises comptant 78 centres de production, 8 entreprises de commercialisation, 14 entreprises à l’étranger, 3 entreprises de services et des établissements dans toutes le provinces de Cuba. En 2014, le plan des exportations de Biocubafarma est de 700 millions de dollars ; l’année prochaine le groupe prévoit des ventes pour un milliard de dollars.

Voici quelques données qui répondent peut-être à la question du début de ce commentaire :

- L’industrie pharmaceutique compte 182 projets d’investissements et 2 336 brevets déposés ou demandés.
- Ses produits sont vendus dans plus de 50 pays.
- Sur 881 médicaments prescrits à Cuba, 560 sont élaborés dans le pays.
- Huit vaccins sur 13 que les enfants cubains reçoivent gratuitement sont produits à Cuba et le pays envisage d’élaborer les 5 restants.
- Le système de santé dispose de 91 produits biotechnologiques, dont 33 vaccins contre des maladies infectieuses et le même nombre de produits oncologiques ; il y a aussi 18 médicaments cardiovasculaires et 7 pour combattre d’autres maladies.
- Parmi ses produits emblématiques et uniques au monde mentionnons Heberprot-P, destiné à éviter l’amputation du pied diabétique ; un vaccin contre la méningite cérébro-spinale B et C ; Nimotizumab, un anticorps monoclonal créé au Centre d’immunologie moléculaire et vendu dans 28 pays pour lutter contre de différents types de cancer et Itolizumab, un anticorps monoclonal dont les résultats contre le psoriasis sévère sont encourageants.

Personne n’ignore que l’industrie pharmaceutique et biotechnologique est sous le contrôle des pays industrialisés. Dans le cas de Cuba, le blocus nord-américain empêche ou entrave l’acquisition des matières premières, des équipements et des technologies.

Les amis de Cuba peuvent-ils imaginer ce qui signifierait pour le pays l’accès de son industrie pharmaceutique et biotechnologique aux marchés internationaux sans les obstacles du blocus ?

Le groupe Biocubafarma rassemble 22 000 travailleurs dont 7 000 savants et ingénieurs.

Toutes les données de cet article ont été tirées des quotidiens cubains Trabajadores, Granma et Juventud Rebelde.