INTERVIEW D’ABEL PRIETO MINISTRE DE LA CULTURE

Partager cet article facebook linkedin email

"A Cuba, nous vivons un grand débat", c’est ce que déclare un des principaux dirigeants de l’état cubain. Abel Priéto est ministre de la culture. Il était de passage à Paris à l’occasion de l’hommage rendu pour ses 90 ans, à la grande danseuse Alicia ALONZO à Enghien-les-Bains. Deux pages de conversation, aucune question tabou et réponse sans langue de bois...Une lecture utile pour mieux comprendre la situation actuelle dans l’Ile.

Deux pages du quotidien l’Humanité, consacrées à l’interview d’Abel Priéto, Ministre cubain de la Culture.

Rencontre Amérique latine Abel Prieto « À Cuba, nous vivons un grand débat »

Abel Prieto 
est ministre de la Culture de Cuba. 
Il était récemment 
de passage à Paris et à Enghien-les-Bains, où il était invité à l’hommage rendu pour ses 90 ans à la grande danseuse cubaine et légende mondiale du ballet, Alicia Alonso. Avant de s’envoler pour l’Angola, il a répondu à nos questions.
La crise économique mondiale n’épargne pas Cuba, 
en outre il y un an et demi l’île a été durement touchée 
par les cyclones. 
Où en est Cuba aujourd’hui  ?

Abel Prieto. Nous connaissons une situation économique difficile. Lors de la clôture de la dernière session de l’Assemblée nationale de 2009, nous avions procédé à une analyse cruelle et réaliste sur les défis à relever. Nous avons d’un côté le blocus, qui dure depuis plus de cinquante ans. Il est impossible d’évaluer les progrès que nous aurions pu réaliser si nous n’avions pas dû le supporter. Maintenant avec l’administration Obama, je parle en ce qui me concerne de la culture, il y a des groupes musicaux qui obtiennent des visas. Les tournées faites par des groupes comme Charanga Habanera ou Van Van ne peuvent pas être commerciales. Il n’y a pas de droits d’auteur, pas de salaires pour leurs productions, nos entreprises non plus ne gagnent rien. Ce sont uniquement des tournées promotionnelles. Cependant elles sont utiles, car elles ouvrent des brèches dans le panorama médiatique aux États-Unis, plein de distorsions concernant Cuba. Le blocus limite totalement ce qui devrait être quelque chose de naturel, ses seuls effets au milieu de la crise mondiale sont ravageurs, violents. Il faut ajouter le passage des trois ouragans, il y a un an et demi, qui ont dévasté Cuba. Ils ont détruit des milliers de logements, la production agricole, des entreprises, des écoles, le réseau électrique, les télécommunications dans plusieurs provinces. Plus de 400 institutions culturelles ont été endommagées, des maisons de la culture, des conservatoires, des cinémas où nous avions parfois entrepris des travaux. Les conséquences ont été dramatiques. Maintenant nous vivons une situation d’énorme tension. Nous avons été contraints de procéder à deux ajustements du plan économique à Cuba. Nous sommes à un moment où il faut produire des aliments, travailler très dur…

Lire la suite :http://www.humanite.fr/2010-05-20_International_Abel-Prieto-A-Cuba-nous-vivons-un-grand-debat