Le géant de l’Escambray et le nain de Miami

Publié le 20 octobre, 2014 par Iroel Sánchez

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Dorénavant, ce ne sont plus uniquement les artistes mais aussi certains sportifs cubains qui en déclarant leur affiliation politique agitent les eaux turbulentes du faussement nommé exil cubain.

« Exil », nom tonitruant que se sont appropriés les batistiens cela fait plus de cinq décennies, lorsqu’ils s’enfuirent lâchement de Cuba. Aujourd’hui c’est la coquille d’un groupe minuscule et vétuste nourri pas les extrémistes républicains de la droite étasunienne, qui passent leur temps à faire de bonnes affaires avec la politique anti-cubaine. Le résidu de cet « exil » essaye toujours de rester vivant parmi les médias, en profitant de toutes les occasions.

La semaine dernière était présent au Bucky Dent Park, à Hialeah, dans ce que l’on appelle le Jeu de la Rencontre, le baseballer cubain Antonio Muñoz Hernandez (65 ans), bien connu comme le géant d’Escambray, une vraie légende du baseball de l’Ile.

Il s’agissait d’un jeu amical avec des anciens compagnons de l’équipe et des compatriotes qui résident aux Etats-Unis. La présence de Muñoz à fait venir nombre de personnes passionnées de baseball. Et comme il arrive régulièrement dans des situations comme celles-ci, d’anciens compagnons et des amateurs ont cherché à se prendre en photo avec lui et à l’écouter.

Un journaliste lui demanda : “Muñoz, tu es ému d’être ici à Miami non ? ». Il lui répondit « Non. Je ne suis pas ému d’être ici à Miami, je suis ému de voir autant de cubains ensemble, me serrant, me saluant, me caressant et me souhaitant la bienvenue ».

Quand Muñoz dit que lorsqu’il retournerait à Cuba il raconterait la manière dont il avait été accueilli par tous les cubains de cette communauté, il ému ses admirateurs et généra un brouhaha parmi eux.

Un autre journaliste lui demanda : “Est-ce que les salaires qui sont versés au baseballers cubains ici ne te semblent pas une tentation ?”. Le géant répondit : « Moi, je vis de ce que j’ai à Cuba. Cela ne m’interesse pas. La tentation doit être de celui qui signe pour ce salaire. Je ne signe pas pour ce salaire, et comme je ne le signe pas, alors, avec ce que me donne le gouvernement cubain révolutionnaire, je vis”.

La conversation avec le géant s’était déroulée dans de bons termes et la presse s’était comporté de manière décente avec lui. Mais il suffit qu’il prononçât le mot « révolutionnaire », pour que soudain surgit un nain de la foule batistiane, qui se croyant audacieux lançât la question : « Alors tu es révolutionnaire ? » Muñoz, sans hésitations déclara : « Moi oui, je suis révolutionnaire, parce que je suis né à Cuba et je n’ai jamais critiqué personne qui vienne par là. Mais oui, je suis révolutionnaire parce que j’ai été éduqué avec la révolution, je vis avec la révolution et bien des opportunités qu’elle m’a offert ». Plus clair que cela, même pas les eaux de Varadero !

A quelle réponse s’attendait le nain de la part du géant de l’Escambray ? S’attendait-il à ce qu’il lui dise ce que répètent certains artistes : « je ne suis pas là pour parler de politique » ? Muñoz n’a pas nié sa conviction révolutionnaire, il a fait face au « défi » de répondre à une question déplacée, une question –selon le nain- « venimeuse ». Le chétif savait que Muñoz avait déclaré depuis bien longtemps « être de ceux de Fidel », mais malgré cela il voulait que le géant se comportât comme ceux qui disent une chose à Miami et une autre à Cuba. Il se trompa et tomba en chute libre.

A Miami, ville des Etats-Unis qui se proclame libre et démocratique, cette liberté permet à que certains journalistes se montrent provocateurs ou qu’ils fassent les beaux derrière leur microphone. Mais ils sont les premiers à crier, lorsque ceux qu’ils provoquent s’expriment librement. Pour ces pauvres gens, que quelqu’un dise « je suis révolutionnaire » est un délit.

Mais ce qui se passe à Miami n’arrive pas à Cuba. Plusieurs sportifs cubains qui ont joué dans les Grandes Ligues et qui vivent aux Etats Unis, lorsqu’ils rendent visite à l’ile, personne ne les interroge ni les questionne sur leurs positions politiques ou idéologiques ; On leur pose des questions sur leur investissement sportif, athlétique et pour leurs réussites. Ni le gouvernement, ni le peuple, ni la presse ne mettent mal à l’aise une personne qui arrive en visiteur ; le socialisme a appris aux cubains à respecter les êtres humains.

Après le coup de bâte du géant, la presse batistiane de Miami a essayé d’insinuer que Muñoz a l’habitude de simuler ce qu’il dit, pour rester en bons termes avec le gouvernement cubain. Encore une fois à Miami ils ont voulu « cacher le soleil avec un seul doigt ». L’identité révolutionnaire d’Antonio Muñoz est bien connue de tous. Ce qui se passe c’est que ce qu’il leur a dit ne leur a pas plu.

Le chétif journaliste a voulu le rabaisser, a voulu l’acculer, a voulu le présenter comme un homme de double morale, mais le géant ne s’est jamais agenouillé. Habitué des grands combats, le truc du nain –qui voulut lui faire peur avec le fourreau vide- fût pour lui une vaine chatouille. Muñoz resta en paix avec soi-même et avec son peuple, pour lequel il est une idole sportive.

Lorsque le géant de l’Escambray répondit avec fermeté “Moi oui je suis révolutionnaire” il pensait aux mots du Che : “souvenez-vous que la marche la plus haute qu’a pu atteindre l’espèce humaine c’est d’être révolutionnaire » (Extrait de Rebelión).

  • Ángel Bravo