LA PAIX DEBOUT, PAS LA PAIX A GENOUX !

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Il est déjà revenu, notre ami Jacques. Mais comme à l’habitude, il marqué de quelques belles pierres, toujours tendres, le nouveau périple qui’l vient d’effectuer.

Toujours accompagnées de quelques images !

Alfredo a posé son petit transistor avec antenne télescopique sur le comptoir de la cuisine, carrelé de faïence blanche, où les hasards (?) des consommations l’ont finalement placé (le transistor, pas Alfredo, bien sûr !) entre une bouteille de Havana Club déjà copieusement sollicitée et le cuiseur à riz, élément fondamental et incontournable de la cuisine cubaine, cuisine étant ici pris au double sens de préparation et de lieu dédié à ladite préparation.

Un coup de foudre - purement météorologique celui-là ! - aura privé l’ami Alfredito de sa conso quotidienne et abondante d’images télévisées, des infos de Telesur, des retransmissions en direct des matches de « pelota » (= beisbol = base-ball) dont il est un amateur très assidu et passionné et du programme d’exercices physiques qu’il avait choisi de mettre en pratique en direct pour se débarrasser de quelques kilos superflus. Pas de sous pour l’instant pour procéder au remplacement de l’appareil explosé, irréparable - même à Cuba et même au prix de l’importation compliquée de la pièce initialement définie comme source de la frustrante avarie…

C’est donc la radio qui palliera ces défections, au moins dans l’immédiat et dans le cadre du planning d’acquisition, d’installation, de mise ou de remise en état d’autres éléments aussi ordinaires que perturbants de la vie quotidienne tels que peuvent l’être un mitigeur qui fuit ou une chasse d’eau récalcitrante. La télé viendra ensuite.

Ce matin est mon premier matin cubain, après deux jours plutôt désagréables d’errance forcée entre les guichets de l’aéroport d’Orly et l’hôtel Ibis du « Cœur d’Orly », immense chantier en cours, entre une succession d’informations contradictoires sur le devenir de notre vol « reporté » et la panoplie des réactions - légitimement courroucées, mais, pour une bonne part d’entre elles, passablement beaufs et agressives - des quelques 320 passagers en instance de départ, entre la fanfaronnade des uns et le sentiment d’abandon des autres, entre la foire d’empoigne pour faire partie de ceux qui, finalement, trouveraient une place dans un avion de substitution en partance pour une destination de substitution et les appels aussi gueulards que débiles à l’annulation collective des vols pour mettre à terre la Cubana de Aviación, le tout finalement soldé par une arrivée via Air France sur le tarmac de l’aéroport José Marti de la capitale.

Le poste diffuse le discours, solennel et ferme, que Raul Castro a tenu hier soir devant les représentants des pays de l’ALBA, réunis pour répondre aux récents propos agressifs d’Obama à l’encontre du Venezuela, inscrit désormais au rang des pays qui constituent une menace pour la sécurité étatsunienne, trois mois après la déclaration du 17 décembre qui semblait précisément effacer Cuba de cette honteuse liste. Le froid, le chaud, la guerre froide, la guerre chaude, la culture permanente de la menace voire de la destruction envers tout ce qui ne se plie pas…

Raul ne lâche rien, assure le frère vénézuélien de l’entière solidarité des Cubains et de l’engagement des coopérants en mission aux côtés du gouvernement de Maduro et de ses options politiques, il appelle Obama à respecter les choix des peuples et annonce sans état d’âme que toute forme d’ingérence sera combattue.

De cette partie-là de l’info radiophonique, claire dans son contenu et bien audible, je ne raterai pas grand-chose… d’autant plus que je retrouverai dans le Granma du jour l’intégralité des propos présidentiels. Il n’en ira pas de même des commentaires sportifs des rencontres beisbolistiques entre Industriales et La Isla qui resteront pour moi parfaitement incompréhensibles. La Havane a tendance à mettre les drapeaux en berne car les chances de qualification de l’équipe bleue de la capitale fondent comme neige au soleil !

Le soleil est bien présent, même si, à cette saison, les petits matins bénéficient encore de températures délicieuses, qui ont bien du mal à dépasser les toutes premières heures de la matinée.

Ici, la zafra touche à sa fin, quelques champs sont encore en cours de récolte, mais le plus gros est désormais achevé. Les « centrals » tournent à plein régime, en tout cas ceux qui ont conservé une véritable activité sucrière et les minuscules scories de la combustion de la canne envahissent l’environnement, au grand dam de Ibis, logeuse à Cienfuegos, en pétard contre ces nuages de générateurs de saleté qui l’obligent à multiplier à l’infini les passages de serpillère.

Trinidad connaît une affluence touristique particulièrement forte ces temps-ci. Les rues et les places de la cité coloniale ont du mal à digérer les cohortes de bus de Transtour qui amènent jusqu’ici des groupes de visiteurs en provenance de toutes les villes du pays et les déposent le temps d’une visite au pas de course de la ville historique, d’un passage en boutique, d’un déjeuner en musique ou de quelques heures de spectacle folklorique et de salsa au mojito. J’ai eu hier quelques mots un peu agacés avec un groupe d’une vingtaine de touristes allemands bardés d’appareils photo aux dimensions impressionnantes, agglutinés devant une maison et mitraillant fébrilement une dame en chemise de nuit derrière les barreaux de sa fenêtre. A mes commentaires un rien critiques, on me répondit avec une insupportable arrogance qu’il s’agissait d’un voyage photographique, ce qui, manifestement, autorisait les pires formes de mépris à l’égard des « sujets typiques ».

Retrouvé avec beaucoup d’intérêt les autorités culturelles de la ville avec lesquelles le projet d’exposition de novembre semble bien enclenché, et les personnels du foyer maternel, toujours aussi accueillant(e)s et reconnaissant(e)s… qui m’ont d’ailleurs informé de la visite d’un Vendômois… affiché comme membre de l’association alors qu’il n’a jamais manifesté le moindre intérêt pour notre structure !

Retrouvé aussi, ici, à Trinidad et tout à fait par hasard, une partie du groupe Barrancas que je suis depuis près de dix ans au fil des éditions du estival des Caraïbes !