« Nous sommes très fiers de ce que nous avons réalisé ensemble… »

Déclare l’Ambassadeur du Canada à La Havane

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L’ambassadeur du Canada à La Havane, M. Yves Gagnon, a livré ses impressions à Granma à propos de l’importance des liens entre Cuba et son pays à l’occasion du 70e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques

Auteur : Michel Hernandez | informacion@granma.cu

Sur la photo/logo : M. Yves Gagnon, ambassadeur du Canada à Cuba

Une relation jeune mais pleine de maturité ...

Les festivités du 70e anniversaire des relations entre Cuba et le Canada démarreront sur la Plaza Vieja à La Havane le 26 juin à 19h par un grand concert animé par le groupe canadien Sam Roberts Band et le chanteur-compositeur Carlos Varela, auteurs de classiques tels que Monedad al aire et Como los peces. À ce propos, Granma s’est entretenu avec l’ambassadeur canadien à Cuba, Yves Gagnon, qui a évoqué, entre autres thèmes, la rencontre du Premier ministre de son pays, Stephen Harper, avec le président cubain Raul Castro, la participation de Cuba aux prochains Jeux panaméricains de Toronto, ainsi que la haute affluence de touristes canadiens vers l’Île.

Comment décririez-vous ces 70 années de relations entre Cuba et le Canada ?

C’est un chemin qui, du point de vue historique, est assez court, car 70 ans, quand il s’agit de relations entre deux pays, c’est peu. Mais pour de jeunes nations d’Amérique comme les nôtres, c’est assez long. Dans le cas du Canada, la relation avec Cuba a été établie officiellement en 1945. Ce fut la première ambassade ouverte en Amérique latine. Cela signifie que depuis lors, le rôle de La Havane était considéré comme très important dans le contexte de la Caraïbe et l’Amérique latine.

Une relation jeune d’un côté, mais pleine de maturité de l’autre. L’important, c’est que nous n’avons jamais changé d’attitude vis-à-vis de Cuba, quand il s’agissait des relations avec Cuba. Nous estimons que tous les pays, y compris le nôtre, ont la responsabilité de mener leur propre politique, c’est pourquoi nous avons toujours entretenu des relations diplomatiques avec Cuba sans jamais les interrompre. Ceci, en Amérique, seul le Mexique l’a fait. Nous sommes très fiers de ce que nous avons réalisé ensemble. Rien de spectaculaire, mais une relation très stable, solide et nous continuons d’aller de l’avant dans ces relations, très respectueusement.

Lors du dernier Sommet des Amériques, le Premier ministre canadien, Stephen Harper, a eu des entretiens avec le président cubain, Raul Castro.

Comment évaluez-vous cette rencontre ? Pouvons-nous espérer la visite à Cuba du Premier ministre canadien dans un avenir proche ?

Il me semble très important que nos leaders politiques se connaissent et aient des entretiens. Par ailleurs, l’agenda électoral de nos pays est compliqué par rapport à la gestion des relations internationales. Dans quelques mois, des élections générales auront lieu dans notre pays, probablement en octobre, si bien que je ne pense pas que nous aurons des visites de haut niveau du Canada à Cuba dans les prochains mois, à cause de la campa-gne électorale. Cela ne concerne que la politique interne du Canada

Que pensez-vous de la participation de votre pays à l’annonce du rétablissement des relations entre Cuba et les États-Unis, compte tenu que plusieurs des réunions pour cette négociation ont eu lieu dans des villes canadiennes ?

On peut dire que notre contribution a été ce que les Canadiens se plaisent à dire : de « faciliter ». Ce fut une contribution modeste, mais qui à certains moments a eu un impact déterminant. Le Canada est très satisfait, pas tant pour avoir aidé à organiser les conversations, mais de leur succès, et c’est ce qu’ont déclaré aussi bien le président cubain que le président des États-Unis. Pour nous, qui avons toujours fait le choix de parler, de nous rencontrer et de nous connaître, le fait que puisse prévaloir le dialogue est un succès et j’espère que cela produira davantage de résultats positifs.

Actuellement, le Canada est le premier pays émetteur de touristes à Cuba. Jusqu’à quel point ce record peut-il augmenter ?

Cuba est en concurrence avec ses voisins. Je sais que des pays comme la République dominicaine et d’autres îles de la Caraïbe offrent des produits touristiques très attractifs, et Cuba doit vivre dans ce contexte. Mais il est clair que les Canadiens apprécient leur séjour à Cuba et qu’un pourcentage élevé décide d’y revenir après leur premier voyage dans l’île. C’est sans doute la meilleure façon de mesurer le produit touristique d’un pays. Je ne peux pas dire jusqu’à quand cela continuera ainsi, mais les Canadiens aiment Cuba. Il me semble que, compte tenu des investissements que font les autorités cubaines en vue d’une croissance énergique dans le secteur touristique, nous devrions enregistrer davantage de visiteurs canadiens.

Comme vous l’avez signalé, le Canada et Cuba ont maintenu de bonnes relations durant 70 ans. De quelles façons pensez-vous que ces échanges pourraient augmenter à plus grande échelle ?

Il y a un processus d’élargissement de la diversité des contacts. Il me semble que nous pouvons apprendre de l’expérience cubaine en matière de santé, de sports et de gestion dans certaines parties du secteur public, dans lesquelles Cuba est reconnue dans le monde. En général, nous avons toujours présente à l’esprit l’intention d’apprendre de l’échange avec un autre pays. Par ailleurs, beaucoup de gens s’intéressent à ce que nous faisons, et de notre côté, il en va de même. Personnellement, je pense qu’il existe un processus d’échange entre les Canadiens et Cubains, ce qui est un facteur important d’enrichissement.

La scène musicale canadienne, notamment celle du rock, est assez solide. Pourquoi avoir choisi le groupe Sam Roberts Band et Carlos Varela pour célébrer les 70 ans des relations entre les deux pays ?

Sam Roberts Band est l’un des groupes les plus connus actuel-lement au Canada, si bien que c’est une chance incroyable de les avoir ici. J’espère que les Cubains vont les apprécier de façon spéciale. Cela a été possible grâce à une collaboration exemplaire avec l’Historien de la ville, Eusebio Leal, et son équipe, d’entreprises canadiennes qui ont des intérêts importants à Cuba, comme Sherrit et Terecam. Le Mintur et le Minrex nous ont aussi beaucoup aidés. Nous allons célébrer de cette façon notre journée nationale, en espérant que le public cubain viendra fêter ces 70 années de relations diplomatiques. Il y aura également le chanteur-compositeur cubain Carlos Varela, qui a beaucoup de fans au Canada. Nous pouvons dire que ce sera une fête exceptionnelle.

Cuba et le Canada, comme vous l’expliquez, sont deux pays qui ont maintenu des relations cordiales et respectueuses pendant sept décennies. Comment voyez-vous l’avenir de cet échange ?

Nous sommes de bons voisins, très respectueux qui nous connaissons de mieux en mieux. Notre rôle dans l’avenir est celui-ci : faire en sorte que nos relations soient des facteurs de paix et de sécurité pour que nos populations puissent profiter de nos artistes et faire des affaires quand cela sera dans l’intérêt des deux parties. Nous travaillons aussi beaucoup dans des secteurs de l’activité humaine. Par exemple, je reviens d’un voyage à Guantanamo où j’ai visité plusieurs coopératives agricoles qui bénéficient de l’aide canadienne. Le gouvernement cubain étudie la façon dont nous gérons les coopératives, car nous sommes un pays où le coopérativisme est très développée et a eu beaucoup de succès dans l’Histoire. Aussi, Cuba étudie-t-elle les aspects qui peuvent être adaptés à son expérience particulière.

Nous avons également des relations très actives et très intéressantes avec les universités cubaines. Il y a peu de temps, nous sommes allés à l’Université d’Holguin où avait lieu une rencontre annuelle entre les universités de cette province et le Canada, avec plus d’une centaines d’universitaires canadiens venus spécialement, et cela m’a beaucoup impressionné. Il ne fait pas de doute que les deux gouvernements font beaucoup de choses afin de renforcer les relations dans l’avenir.

C’est bientôt le début des Jeux panaméricains. Comment pensez-vous que le public canadien recevra les sportifs cubains ?

Ce qui est certain, c’est que nous sommes prêts. Tout est prêt et nous aurons des compétitions qui ont lieu pour la première fois, comme le baseball féminin. Je crois que non seulement les sportifs mais aussi les artistes cubains vont trouver un espace impressionnant dans le cadre des Jeux. Il y aura de nombreux artistes cubains dans les spectacles d’ouverture et de clôture. Certaines compétitions aux Jeux panaméricains ont le même niveau que les Jeux olympiques, et dans de nombreuses disciplines les vainqueurs de la médaille d’or peuvent établir un record du monde. La dernière fois que nous avons accueilli les Jeux, c’était en hiver 2011. Toutefois, lorsqu’un pays est l’hôte des jeux, ses sportifs se montrent plus enthousiastes. C’est pourquoi il faut s’attendre à une participation exemplaire des Canadiens.