Havana Club ou la magie d’un rhum cubain ! Et la situation aujourd’hui...

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Pernod Ricard va-t-il enfin vendre du rhum cubain Havana Club aux Etats-Unis ?

Le groupe français de spiritueux a annoncé, lundi 18 janvier, avoir gagné une bataille dans la guerre judiciaire qui l’oppose à Bacardi, qui lui dispute l’exploitation de cette marque emblématique. Cubaexport, l’entité cubaine qui revendique les droits sur Havana Club et avec laquelle Pernod Ricard est associé, a obtenu une licence spécifique auprès de l’Office of Foreign Assets Control (OFAC), l’agence fédérale américaine chargée de contrôler les avoirs étrangers, qui doit lui permettre de demander le renouvellement de l’enregistrement de Havana Club aux Etats-Unis.

Il faudra quand même attendre la levée du blocus pour que la mesure soit effective !

Une des marques les plus prestigieuses

La marque Havana Club s’inscrit dans la tradition cubaine de fabrication du rhum et l’atmosphère unique de La Havane, la capitale cubaine. Garants du savoir-faire de cette marque, les maestros roneros (maîtres rhumiers) cubains se succèdent depuis 150 ans pour veiller au respect de la recette et du goût exceptionnel de ce rhum, en assurant une constance de température et d’humidité, un équilibre tout en délicatesse et toutes les conditions idéales pour un vieillissement optimal.

Pour le maestro Asbel Morales Lorenzo, l’une des premières étapes consiste à d’obtenir une eau-de-vie de qualité à partir d’une souche spécifique de levure pour la fermentation de la solution sucrée obtenue de la mélasse de canne à sucre, en vue de son ultérieure distillation.

Cet ingénieur chimiste de profession est chargé d’obtenir des lignes authentiques à l’entreprise mixte Havana Club International, groupe issu de l’union de l’entreprise d’État Cuba Ron S.A. et de la société française Pernod- Ricard. Cette rhumerie est située dans la commune de San José de las Lajas, province de Mayabeque, à une quarantaine de kilomètres de La Havane.

Le maestro Asbel Morales considère l’aire de distillation comme le cœur et l’âme de l’usine, dont les tours métalliques, conçues par des maestros cubains et construites par des ouvriers à partir d’une technologie française, « gardent précieusement notre grand secret, sous des clauses de confidentialité ».

La production d’eau de vie (de l’alcool incolore à 74 et 76 degrés) répond aux paramètres d’opération, et ce liquide est ensuite mélangé à d’autres essences vieillies qui permettront d’obtenir des boissons spiritueuses douces au palais, qui nous interpellent sur les mystère de leur couleur, de leur parfum, et de leur goût.

Aire de distillation des alcools. Photo : Juvenal Balán

La produit est obtenu après plusieurs mélanges successifs d’eau et d’alcools, dans le cadre d’un processus de vieillissement favorisé par le climat tropical, et un stockage de plus de deux ans dans des fûts de chêne blanc américain ramenés d’Écosse et d’Irlande, et ayant déjà servi deux, trois fois ou plus, au vieillissement de whiskies exclusifs.

Selon ce spécialiste, le rhum cubain se distingue surtout par son processus naturel de vieillissement dans le temps, par un respect rigoureux de la tradition, le savoir-faire des maîtres rhumiers cubains et la technologie étrangère.

« Aujourd’hui, nous travaillons au processus chimique de la production future qui sera mise en bouteilles dans cinq, sept, quinze ans ou plus. Ce sont des rhums que nous ne verrons peut-être pas et qui seront obtenus par une autre génération de maestros. Nous créons aujourd’hui les conditions afin de garantir les productions de l’avenir », a-t-il signalé.

Grâce à cette usine moderne (inaugurée le 9 janvier 2007), l’entreprise mixte Havana Club International a pu écouler plus de 4 millions de caisses de 9 litres, notamment en Allemagne, en France, en Grande Bretagne, en Italie et au Chili, même si son principal marché reste le marché cubain.

Les principales gammes de rhum brun de la marque Havana Club sont : Especial, Ritual, Reserva, Seleccion de Maestros, Union et 7 Años. L’usine se charge également de la mise en bouteilles des lignes 15 años et Ron Maximo, vieillies hors de ses installations.

Le directeur financier, Julian Machin Leon, a précisé que pour 2015, les ventes à l’étranger devraient s’élever à plus de 112 millions de CUC (pesos convertibles) et à 45 mil-lions de CUC à Cuba. Et il s’est félicité du prestige croissant de la marque Havana Club qui lui a valu 55 médailles au cours des quatre dernières années, dont 32 médailles d’or.

« Ces résultats sont dus en grande partie à la qualité et au prestige de nos produits, tant à Cuba qu’à l’étranger, à une gestion de marketing efficace et performante, à notre capacité d’innovation (le lancement chaque année d’un nouveau produit) et au travail dévoué de notre personnel. »

La responsabilité de l’entreprise comporte également la mise en garde contre la consommation excessive d’alcool, si bien que l’entreprise a lancé la campagne Tú decides (À toi de décider), qui se veut un travail de sensibilisation chez les jeunes.

Par ailleurs, la rhumerie de Mayabeque est respectueuse de l’environnement, et dispose de systèmes modernes de protection contre les incendies et de traitement spécial des eaux usées.

« Ces systèmes sont très similaires à ceux utilisés en France », a indiqué André Leymat, directeur industriel pour la partie française.

M. Leymat a précisé que dans les prochaines années l’usine prévoit d’agrandir ses installations, composées d’une distillerie, d’aires de vieillissement et de mixage, et d’une ligne d’embouteillage dotée d’une technologie française moderne et d’une capacité de 30 000 litres par jour.

« Le programme d’investissement comporte la construction de nouvelles aires de stockage et de fabrication, où nous continuerons de veiller soigneusement à conserver la technologie de vieillissement traditionnelle du rhum cubain », a-t-il dit.

Et d’ajouter : « Nous recevons chaque année la visite de contrôleurs internationaux qui viennent évaluer nos conditions de production et le respect des normes de sécurité ».

Pour ce responsable français, travailler pendant plus de 20 ans avec les Cubains répond au rêve de matérialiser les idées révolutionnaires d’Ernesto Che Guevara et de Fidel Castro. Il dit se sentir très à l’aise à Cuba et se félicite du niveau d’instruction atteint par le peuple cubain.

« La formation de main-d’œuvre facilite énormément le travail à l’heure d’introduire des changements et des nouveautés », a-t-il affirmé.

Victor Manuel More Enrique travaille comme opérateur à la ligne d’embouteillage, et son principal souci est de maîtriser toute cette technologie moderne. « Cette unité est dotée d’une technologie ultramoderne. Chaque jour nous apprenons quelque chose de nouveau et nous nous efforçons de la rendre plus efficace. »

La très cubaine Havana Club, Mecque du vieillissement et des mélanges des rhums, constitue aujourd’hui l’une des marques les plus prestigieuses. Une véritable référence dont le dynamisme a largement contribué à faire évoluer le marché cubain du rhum haut de gamme et à sa reconnaissance auprès des amateurs et des professionnels.