Scorsese et George Lucas à l’aide d’un chef d’œuvre du cinéma cubain

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Un grand classique du cinéma cubain en salles. Martin Scorsese appelle à y courir

Par Michel Porcheron
Pourquoi reparler aujourd’hui d’un film cubain de 1968 ? Pour deux premières raisons simples : ce film, malgré quelques aléas, n’a jamais quitté l’actualité, à Cuba et hors de Cuba, et « Memorias del subdesarrollo » (Mémoires du sous- développement) de Tomás Gutiérrez Alea est LE grand classique de la cinématographie cubaine, accumulant les prix de festivals internationaux dès sa sortie.
Sans nul doute le plus grand film d’un réalisateur cubain, des origines (1959) à nos jours, que suit de très près Lucia (également de 1968, l’année féconde) de Humberto Solas. Le jeune public a pu voir les deux derniers films de Gutiérrez Alea, comme co-auteur, Fresa y Chocolate (1993) et Guantanamera (1995).
On assiste aujourd’hui à sa re-naissance : le film de “Titón” (1928-1996), comme l’appelaient ses proches, est en salles en France depuis le 13 juillet, avec une copie restaurée. Mais ce n’est pas tout. Cette restauration exceptionnelle est associée aux noms de deux géants du cinéma mondial, George Lucas et Martin Scorsese. Explications.


Scorsese et George Lucas à l’aide d’un chef d’œuvre du cinéma cubain

Par Michel Porcheron

Le moment n’est pas aux flash-back, comment a été réalisé « Mémoires du sous-développement », quelle fut la carrière de Tomás Gutiérrez Alea, qu’était le cinéma cubain en 1968, comment le film a été reçu par la critique à Cuba et hors de Cuba durant 48 ans…

L’heure est à la mise en valeur de ce qui est la première initiative d’ampleur cubano-américaine en matière de cinéma, depuis le récent rétablissement des relations diplomatiques entre Washington et La Havane.

Désormais, le générique de « Memorias del subdesarrollo » sera précédé d’ « une action de grâce » au réalisateur et producteur (photo) George Lucas (1944, New York), écrit Thomas Sotinel (Le Monde, 13 juillet 2016) qui ajoute : « Le milliardaire états-unien a financé la restauration de ce classique du cinéma révolutionnaire cubain, sorti dans l’île en 1968 »

C’est en mai dernier qu’on a commencé à reparler du film de Titón. Le film cubain était présenté à « Cannes Classics », lors du Festival. Vingt et un films étaient projetés avec des copies restaurées.

http://www.festival-cannes.com/fr/films/memorias-del-subdesarrollo

Le mois suivant, le film de Tomás Gutiérrez Alea figurait au programme du Festival Il Cinema Ritrovato de Bologne (Italie).

Il est apparu « dans sa beauté originelle » (Thomas Sotinel, TS), grâce au travail du World Film Project. L’organisation, qui dépend de la Film Foundation, créée par Martin Scorsese (1942, New York) et financée par la George Lucas Family Foundation, a obtenu les éléments originaux de la Cinémathèque de Cuba et les a confiés au laboratoire bolognais L’Immagine Ritrovata (TS).

Les négatifs languissaient endommagés dans des locaux sans climatisation de la cinémathèque de l’ICAIC (Institut cubain de l’art et de l’Industrie cinématographiques). On attend toujours qu’on y installe la climatisation, a expliqué son directeur, Luciano Castillo, venu à Bologne pour y présenter « Mémoires du sous-développement ». A Cuba, la conservation des œuvres cinématographiques n’est toujours pas parmi les priorités économiques. La volonté existe, ce sont les fonds qui manquent le plus.

La Film Foundation de Martin Scorsese.

Depuis sa création en 1990, The Film Foundation est une association destinée à prendre conscience de l’extrême nécessité de protéger et préserver les œuvres de l’histoire du cinéma.

La fondation a été créée à l’origine par le réalisateur Martin Scorsese et sept de ses amis proches : Woody Allen, Francis Ford Coppola, Stanley Kubrick, George Lucas, Sydney Pollack, Robert Redford et Steven Spielberg. Ils ont été par la suite rejoints par les cinéastes Robert Altman et Clint Eastwood.

En 2005, la fondation a aidé à la préservation et/ou la restauration de plus de 200 films, notamment certains grands classiques comme : Ève (All about Eve - 1950, Joseph L. Mankiewicz)/ Qu’elle était verte ma vallée (How green was my valley - 1941, John Ford)/ New York-Miami (It happened one night - 1932, Frank Capra)/ Le Dernier des Mohicans (The last one of the Mohicans - 1920, Clarence Brown et Maurice Tourneur)/ La Nuit du chasseur (The night of the hunter - 1955, Charles Laughton)/ Sur les quais (On the water front - 1954, Elia Kazan)/ L’Ombre d’un doute (Shadow of a doubt - 1943, Alfred Hitchcock),/ Shadows (1960, John Cassavetes)…et bien d’autres. De plus, la fondation a aidé à la préservation de documents d’archives et de documentaires.

Site officiel : http://www.film-foundation.org/

A voir sur première.fr : Martin Scorsese en personne s’est fendu d’une présentation en vidéo pour nous dire tout le bien qu’il pense du film. On ne fera pas mieux que lui, alors voilà :

Scorsese : « un film extraordinaire »

http://www.premiere.fr/Cinema/News-Cinema/Martin-Scorsese-vous-encourage-en-video-a-voir-la-reedition-de-Memoires-du-sous

Sur le film :

(…) « Un homme fait le bilan. Ce n’est pas rose On s’étonne qu’on ait pu tourner là-bas quelque chose d’aussi inventif et décontracté. Cette pépite est à ne pas rater sous aucun prétexte. Un choc » (Le Figaro, E.N)

« La liberté de ton et de forme du film fait croire à une œuvre aux limites de la dissidence. Il n’en est rien. « Le film n’a jamais été censuré à Cuba, rappelle Bruno Castillo Il a été distribué en salles et est toujours passé régulièrement à la télévision  » (T. Sotinel, Le Monde)

Bande annonce :

http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19563895&cfilm=5131.html

http://next.liberation.fr/cinema/2016/07/12/la-havane-au-bord-de-l-amer_1465807

http://www.lesinrocks.com/cinema/films-a-l-affiche/memoires-du-sous-developpement

http://www.critikat.com/actualite-cine/critique/memoires-du-sous-developpement.html

Pour ceux qui lisent l’espagnol :

http://www.ecured.cu/Memorias_del_subdesarrollo

Un Scorsese de l’édition ?

Qui dit « Memorias del subdesarrollo » de Titón dit forcément “Memorias del subdesarrollo”, le livre de l’écrivain cubain Edmundo Desnoes (1930), également co-auteur du scénario du film.

On attend un Scorsese français de l’édition pour éditer ce livre de Desnoes et ceux qui ont suivi, tout particulièrement « Memorias del desarrollo » (Mémoires du développement) .

Voir en espagnol :

http://www.habanaelegante.com/Summer2003/Verbosa.html

(mp)