CIENFUEGOS, une ville au caché français...

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Un article de Patricia GROGG pour la revue digitale IPS (Inter Service Presse) et traduit par Mireille TIXE COBIAN. Il fait état de la rénovation de la ville. Le conservateur-historien de la "Perle du Sud", Iran Milan note la participation de notre association dans notamment la réalisation de l’école des métiers, avec le concours de la SADEV, société d’économie mixte du département et des villes du Val de Marne. Nous avons mis en annexe un document qui retrace brièvement ce projet en cours de réalisation.
Et cerise sur le gateau un article du site AHORA en français :
"Cuba rend hommage à la France avec le drapeau de Cienfuegos" à consulter sur le site noter en référence

Une grande et magnifique dame !

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Cienfuegos est une ville aux nombreuses particularités. Sa propreté, le tracé ordonné de ses rues et son architecture du 19° siècle lui confère un air unique de grande dame qui peu à peu retrouve la splendeur perdue par le passage du temps et les aléas économiques.
« Si tu vois quelqu’un jeter des ordures sur la voie publique, sûr qu’il n’est pas d’ici » commente à IPS une habitante de Cienfuegos « née et grandie » dans cette ville située à 250 kilomètres au Sud-Est de La Havane, fondée par les colons français le 22 avril 1819 et dont le centre historique fut déclaré Patrimoine de l’Humanité en juillet 2005 par l’UNESCO.
Arriver à cette reconnaissance ne fut pas facile, admet l’architecte Iran Millan, qui compte plus de 3 décades de travail pour la ville. « Quand nous avons commencé on identifiait comme patrimoine les villes anciennes, avec lesquelles une ville moderne comme Cienfuegos n’avait rien à voir » raconte ce professionnel dans une entrevue avec IPS.
L’obstination de la petite équipe en charge du patrimoine culturel de Cienfuegos remporta sa première victoire en 1995, quand le centre historique fut déclaré monument national. « Nous avons continué notre travail, convaincus que ce patrimoine contemporain avait de la valeur et nous avons réussi à sensibiliser les autorités » ajoute-t-il.
Millan, en charge de la conservation de la ville depuis la création en 2005 du bureau chargé de la restauration et sauvegarde patrimoniale, assure que la majorité des professionnels de son entourage se sont formés en Italie, ce qui marqua et définit la stratégie cubaine de sauvegarde des immeubles pour les gens et avec les gens.
« Nous ne pouvons pas expulser la population su centre historique. Nous mourrions de tristesse » indique-t-il. C’est une contrainte supplémentaire pour les rares ressources disponibles et, parfois, on ne put peindre que les façades des immeubles ou maisons voisines du secteur patrimonial où s’entassent des centaines de familles dans l’attente de jours meilleurs.
Pour l’instant, la politique qui s’applique est que tous les organismes et entreprises implantées dans le centre historique intègrent leurs ressources dédiées à la conservation au plan de développement défini par le bureau de restauration et réhabilitation du patrimoine.

« Si une entreprise veut rénover un lieu, nous sommes d’accord, mais elle doit le faire en fonction de nos besoins et inclure des trottoirs et des habitations autour » signale-t-il à titre d’exemple.
Les ressources ont permis jusqu’à présent de restaurer 46 pour cent de ce qui est classé Patrimoine mondial, 70 hectares et 47 pour cent du secteur classé Monument national, 90 hectares. Le programme a concerné 1480 habitations et 146 lieux de travail.
L’ensemble des efforts a permis en outre que devienne une réalité « le rêve » de remodeler la rue 29, anciennement Santa Isabel, qui sera piétonne, passage pour relier l’ancien quai colonial au Parc Marti (Place d’Armes) d’où commença le tracé de la ville comme c’était auparavant, explique Millan.
Les plans concernant cette voie incluent d’y créer des espaces pour les travailleurs à leur propre compte, l’idée étant que ce soient les habitants de la zone concernée les plus intéressés par son entretien. Il y aura aussi, parmi d’autres établissements publics, une galerie d’art, une pharmacie et une cafétéria à rénover rapidement pour en disposer en même temps que la nouvelle rue.

Dix- huit familles d’un immeuble collectif situé non loin de la cafeteria travaillent avec la même hâte. « Ici, nous luttons pour améliorer. Nous aurons des habitations plus grandes et plus solides, avec l’eau dans chaque maison » dit à IPS Oslay da Miranda, qui vit avec son fils marié et ses deux petits- enfants.
Selon cette femme, chaque famille doit avoir un de ses membres impliqué directement dans la reconstruction des habitations, embauchés par l’Etat qui gère les matériaux, équipements sanitaires inclus. « Mais nous travaillons tous, j’aide mon fils à préparer les travaux, je fais la cuisine » ajoute-t-elle.
« C’est un travail très dur et il nous reste encore beaucoup à faire. Il s’agit d’un sauvetage humain, plus que matériel » pense le conservateur de la ville qui compte parmi ses joyaux architecturaux le théâtre Tomas Terry, la cathédrale notre Dame de la Très pure Conception, le Collège Saint Lazare ou la Maison des Lions.
Parmi les grandes fiertés de la population de Cienfuegos figure aussi le Paseo del Prado, large artère qui conduit de l’entrée de la ville jusqu’au Malecon( promenade côtière) qui borde la baie, 1000 fois parcourue chaque soir par les jeunes amoureux. Les eaux, généralement tranquilles de la mer du Sud sont comme l’ange toujours présent dans la ville.

« Sauvegarder le patrimoine, ce n’est pas le culte du passé, nous parions sur l’amélioration de la qualité de vie de la population et c’est important parce que nous avons réussi à provoquer un intérêt pour Cienfuegos et son travail et conservation » affirme Millan qui met en valeur la coopération internationale comme un complément important pour la matérialisation de la mise en œuvre et du développement.
Le bureau dirigé par Millan dépend du budget de l’Etat, mais il a créé ses propres stratégies de mise en œuvre, à travers un réseau de projets pour « orienter l’appui des amis et entités qui, en plud de l’attachement politique qu’ils peuvent avoir pour Cuba, sont amants de la culture et veulent nous aider à élever les conditions de vie de notre peuple.

Se sont engagés, entre autres’ l’association française Cuba Coopération, l’ambassade du Canada, l’Agence suisse pour le développement et la coopération (COSUDE) et l’Agence espagnole de la coopération internationale pour le développement (ACCID).Selon Millan, l’Ecole des métiers est devenu le projet modèle de Cuba Coopération.
A l’école que les élèves construisent eux-mêmes se forment des jeunes de différentes spécialités qui travailleront dans l’entreprise de restauration du Bureau, lequel aspire à devenir l’année prochaine une unité disposant d’un budget spécial, avec davantage d’autonomie dans l’utilisation de ses ressources afin d’assurer la faisabilité de ses projets.
Pour Milan, l’école est exemplaire parce qu’elle a réussi à réunir de manière harmonieuse les efforts de différents coopérants pour sauver des jeunes qui n’étudiaient pas ni ne travaillaient et leur permettre de s’intégrer socialement par un emploi garanti. « C’est la valeur fondamentale, parallèlement à l’identification de l’élève avec son patrimoine local ».
Dans les nouvelles conditions, Fernandina Radio, la voix du bureau du conservateur pourrait croître, actuellement on ne l’entend que sur le Boulevard de Cienfuegos, une rue commerciale très fréquentée. L’émetteur transmet des messages et nouvelles du centre historique entre 10 et 11 heures du matin et toutes les heures des mélodies du chanteur Benny moré (1919-1963).

Ci-joint le document de présentation du projet de Centre de Formation et d’apprentissage :