Notre ami Eusebio Leal

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Avec Philippe Mano nous avons eu l’immense privilège de participer à cette exceptionnelle rencontre, empreinte de chaleur humaine ! Un bonheur indicible. Un honneur d’être parmi les centaines d’amis venus exprimer leur reconnaissance à cet homme salué par les plus grands intellectuels du pays et d’ailleurs, estimé, aimé, par le peuple de son pays et par ses dirigeants, pour le travail qu’il poursuit depuis 50 ans pour redonner vie matérielle et sociale, beauté, noblesse à ce centre magique de la capitale Cubaine. Fiers d’être son ami et le partenaire de son institution pour la création et le développement de la Maison Victor Hugo.
Bon anniversaire, cher Eusebio, longue et belle vie !
Roger Grévoul

La Foire internationale du livre 2018 souhaite de nouveau la bienvenue à l’un des Cubains les plus éminents de l’histoire actuelle du pays : l’Historien de la Ville de La Havane, le Docteur Eusebio Leal Spengler. Le Pavillon Cuba de la Rampa de la capitale a servi de décor à la présentation de deux titres qui résument son travail le plus récent, de son éloquence à sa réflexion et à son action. Les Éditions Boloña ont assuré la publication de « Cuba, prendida del alma » (Cuba, à l’âme ardente) et « Nuestro amigo Leal » (Notre ami Leal).

Mais le cadeau le plus important se situe dans les mots qui s’emparent des pages, dans la manière dont l’Historien de La Havane, selon Torres Cuevas, « trouve les images et les moyens les plus sublimes de dire et de faire ressentir. (…) C’est un honneur d’avoir dans ma génération, et dans celle de nos enfants et petits-enfants, un homme comme Eusebio Leal. »

Le premier d’entre eux rassemble les interventions récentes du Directeur du réseau des Bureaux de l’Historien et du Conservateur des villes patrimoniales cubaines, de 2015 à aujourd’hui. Elles sont si récentes que l’ouvrage se clôt par quelques-uns des discours de Leal concernant la sculpture équestre de José Martí dans la capitale cubaine.

La présentation a été réalisée par Eduardo Torres Cuevas, directeur de la Bibliothèque nationale de Cuba, qui a souligné que, dès le titre, le livre parle de la profonde vocation patriotique de son auteur : « L’œuvre d’Eusebio est écrite avec le cœur et avec la connaissance universelle. Chaque jour, il nous permet d’être plus cultivés et d’avoir une passion pour Cuba et pour notre culture. » Ainsi l’affirme la dédicace : « À Cuba, avec amour et gratitude. »

« Cuba n’est pas un morceau de terre mais les hommes et les femmes qui ont construit sa culture et son histoire, ceux qui lui ont donné son odeur, sa saveur et sa couleur. (…) Dans l’œuvre d’Eusebio, il y a cette composante humaniste qui se reflète dans son patriotisme » a dit celui qui est aussi Prix national d’histoire.

Le volume « enjoint d’assumer et de perpétuer le culte de notre tradition éthique, des symboles nationaux, des pères fondateurs, du sentiment du devoir et de la gratitude, des valeurs et des principes auxquels on ne peut renoncer » souligne Boloña dans la note de quatrième de couverture.

L’universitaire y a souscrit ainsi dans sa présentation : « Ce livre est essentiellement éthique. Une réflexion que l’on constate tout au long des travaux : l’éthique nécessaire pour agir en conséquence et selon l’obligation patriotique. (…) Les textes ne sont pas élaborés initialement pour un étranger ; ils jaillissent vers le lecteur à partir des ressources, des documents, des récits, des circonstances qui constituent cet imaginaire collectif important (…) que l’on construit simplement en étant fidèle aux idées qui ont été la source du patriotisme. Eusebio contribue à cet imaginaire collectif que nous devons partager, imaginer, et qui est la base pour qu’il continue d’être collectif. »

De gauche à droite : Themis G. Ojeda, dessinatrice de « Cuba, prendida del alma » ; l’historien Eduardo Torres Cuevas ; l’Historien de la Ville de La Havane, Docteur Eusebio Leal Spengler ; Mario Cremata Ferrán, directeur des Éditions Boloña ; Abel Prieto Jiménez, ministre de la Culture, et Joyce Hidalgo, dessinateur de « Nuestro amigo Leal ».


« Cuba, prendida del alma » est un beau livre de grande valeur. Sa perfection est parachevée par la compilation et l’édition de Mario Cremata Ferrán, directeur des Éditions Boloña, le dessin de Themis G. Ojeda et la photo de couverture de Néstor Martí, laquelle reprend la silhouette de l’Apôtre de Ann Hyatt Huntington avec un rayon de soleil qui s’échappe de sa poitrine.

Mais le cadeau le plus important se situe dans les mots qui s’emparent des pages, dans la manière dont l’Historien de La Havane, selon Torres Cuevas, « trouve les images et les moyens les plus sublimes de dire et de faire ressentir. (…) C’est un honneur d’avoir dans ma génération, et dans celle de nos enfants et petits-enfants, un homme comme Eusebio Leal. »

« Protagoniste singulier et brillant de la culture cubaine des dernières décennies »
, c’est ainsi qu’Alicia Alonso, la prima ballerina assoluta, a intitulé le bref récit qu’elle a dédié à son ami. Tout comme elle, presqu’une centaine de personnalités des arts, des lettres et de la culture de Cuba et du monde entier rendent hommage à cet ami riche de tout ce qui est beau et précieux.

La présentation de ce second volume est revenue au ministre de la Culture, Abel Prieto Jiménez, qui a retracé la sensibilité et la spécificité qui émanent de ce livre rédigé par plusieurs auteurs. « L’idée en est venue quand s’est posée la question du cadeau qu’on allait faire à Eusebio Leal à l’occasion de son 75ème anniversaire et des cinq décennies passées à la tête du Bureau de l’Historien de la Ville de La Havane. »

À partir du prologue, confié à Cremata Ferrán, le volume de plus de 300 pages se définit « comme une accolade multiple de personnes qui admirent Eusebio, comme une trame d’affection ». Lors de ce discours, le membre du Conseil des ministres a partagé avec le public présent des fragments de ce texte choral, des bribes de commentaires, des anecdotes et des histoires qui construisent l’homme lui-même.

Il a alors évoqué Fina García Marruz, laquelle également a livré ses impressions pour l’édition du texte, quand elle a dit de Leal Spengler : « Si un jour les hommes l’oublient, les pierres se souviendront de lui. »

Par ailleurs, il a extrait du texte du musicien et compositeur cubain José María Vitier le passage où celui-ci fait référence au travail de l’Historien en faveur de La Vieille Havane, lequel « mérite une place parmi la geste de notre patrie. Une reconstruction non seulement dans le domaine matériel, car la profondeur de cette refondation spirituelle qui palpite dans chaque espace sauvé de l’abandon et de l’oubli nous surprend davantage. (…) Eusebio a repensé la ville comme un organisme vivant. »

Les messages inclus dans « Nuestro amigo Leal » mettent également en lumière sa stature universelle indiscutable. C’est ce qu’affirment les sœurs Claudia et Germaine Gómez Haro, de la Casa Lamm de Mexico (Centre culturel), quand elles disent que, dans le contexte international du patrimoine historique monumental, il est parvenu à faire de La Havane un joyau unique et singulier. « Il est possible de réaliser un investissement de cette nature sans vendre ni privatiser. »

Pour sa part, Graziella Pogolotti met l’accent sur les liens de Leal avec les gens les plus humbles en disant : « Avec son expression passionnée, Eusebio a remué les consciences parce qu’il a travaillé dans la proximité des hommes, des femmes, des enfants et des vieillards tout en restaurant les trésors de la ville. (…) De nombreux témoignages confirment une idée qu’il faut répéter même si elle semble évidente : l’œuvre d’Eusebio est inscrite de façon indélébile dans l’histoire de la culture et de la nation cubaine. Elle mérite d’avoir une place auprès des fondateurs spirituels de la patrie. »

Les témoignages du livre dialoguent de façon très personnelle avec l’Historien de la Ville de La Havane, avec l’intellectuel, l’ami ; ils saluent en lui un visionnaire, un patriarche, un refondateur, un Cubain extraordinaire et universel, un combattant aux idées de Martí et de Fidel. Ils observent à l’unisson la dimension humaine et spirituelle de son travail.

Et c’est ainsi que l’on découvre dans le texte, pour n’en citer que quelques-unes, les voix de Araceli García Carranza, Leo Brouwer, Reinaldo Gonzáles, Liuba María Hevia, Raída Mara Suárez, Miguel Barnet, Roberto Fernández Retamar, Marta Rojas, Carilda Oliver, Frei Beto, Vittorio Garatti, Ana Cairo, Ambrosio Fornet, Jaime Ortega, Antón Arrufat, Natalia Bolívar, Silvio Rodríguez… Des historiens, des musiciens, des muséologues, des critiques d’art, des écrivains cubains, des architectes, des artistes et des intellectuels. Des figures incontournables de la révolution et de la culture, admirateurs de Cuba et du monde entier, nombre d’entre eux étant présents dans le Pavillon Cuba ce vendredi matin.

« Au fil de la lecture de ce livre, le lecteur compose un puzzle qui nous restitue un homme admirable à bien des titres, digne de maintes étreintes » a souligné le ministre de la Culture. Comme une lutte contre la barbarie et pour cultiver la beauté, ainsi que l’a résumé Mario Cremata Ferrán qui a compilé les témoignages de « Nuestro amigo Leal ». Dans les dernières minutes de cette double présentation, et sans avoir grand-chose à ajouter devant tant de preuves d’affection et d’admiration, l’Historien de la Ville a exprimé sa gratitude pour cette expression permanente, et affirmé qu’il n’a jamais été seul dans son travail, ni même lors des combats les plus difficiles. « J’appartiens à une génération avide de justice et de connaissance. La culture est la fontaine salvatrice » a-t-il conclu dans un tonnerre d’applaudissements.
Traduit par Nicole Bedez

http://www.opushabana.cu/index.php/noticias/62-tribuna-del-historiador/tribuna-del-historiador/5340-nuestro-amigo-leal