Martí revient dans la lumière de sa présence

article écrit par Toni Pinera dans Cubarte

Partager cet article facebook linkedin email

Nous consacrons la chronique culturelle de ce mois ci à l’hommage rendu par Toni Pinera à José Marti pour le bicentenaire de l’École d’Art San Alejandro, dont Marti fut l’élève et le sujet,par la suite, de nombreux portraits.
L’article a été traduit par Juanita Sanchez

Photos : Cortesía del artista.


Comme si l’on habitait dans une machine du temps, un simple regard aux Archives de celle qui a été jadis l’École Gratuite de Dessin et de Peinture de La Havane -baptisée vers 1832 sous le nom de San Alejandro, en hommage au directeur de la Real Société Économique Alejandro Ramírez, qui a été aussi Intendant Genéral des Finances et qui avec l’Archevêque havanais Juan José Díaz de Espada y Fernández de Landa avaient crée l’École- nous fait cadeau des anciens matériaux et des émotions sans pareil. Dans le registre d’élèves, premier tome (309) dossier 167, on observe une inscription : D. José Martí Pérez, né à La Havane, agé de 14 ans. Il est entré dans le cours de Dessein Élémentaire le 15 septembre 1867.

S’il y a un nom qui ne pouvait pas manquer dans cette fête pour le bicentenaire de l’Académie de Beaux Arts « San Alejandro » (1818-2018) c’est celui de José Martí, notre Héro National. Avec son passage fugace par l’École il a laissé la lumière de son existence, l’empreinte éternelle d’un homme qui est Patrie, Art, Culture et tous les mots qui puissent sculpter ce qui est grand. Lui avec d’autres, beaucoup, des noms indispensables, sont des piliers qui montrent, à la hauteur de deux siècles, une œuvre solide érigée avec de l’amour.

Sa présence, orgueil de l’Académie, arrive dans les traits d’un artiste et professeur, José Miguel Pérez Hernández, qui a aussi laissé ses empreintes à San Alejandro dans la décennie des années 80 du siècle passé. Dès que Martí saute dans la peinture et nous dit quelque chose, on apprend à le connaître. Chaque génération a laissé, dans ses images de Martí , ses propres mythologies en nous montrant en même temps la signification historique qui revient aux héros nationaux. Alors, c’est encore un défi d’avoir la responsabilité d’assumer du point de vue esthétique la figure et la mémoire d’un homme dont l’image est toujours associée aux dimensions humaines.

Dans cette collection de souvenirs qui a comme titre Martí à San Alejandro, inauguré à la galerie du centre bicentenaire (Rues 31 et 100, Marianao, La Havane) qui présente 18 œuvres réalisées en acrylique sur toile, dès 1999 jusqu’à nos jours, l’artiste érige avec de l’émotion cette sorte d’autel à un homme immense, en conjuguant dans chacune, à travers le temps, des faits, des moments, des paroles/adjectifs, de la poésie, des symboles, en soulignant avec des transparences l’esprit et le courage qu’il nous a légué en héritage. Dans les œuvres qu’il réalise depuis pas mal de temps, on observe une méthode qui lui permet de travailler sur la toile en jouissant avec l’application de la matière ; la liberté le guide dans la rencontre de la tâche et dans la répartition de lumières et d’ombres. De cette façon intuitive et en même temps laborieuse, il a trouvé le chemin pour occuper avec la raison les espaces spontanés de la création artistique.

Des souvenirs dans le temps.

A travers le temps, José Miguel Pérez a dessiné/peint l’Apôtre, et il a laissé des empreintes de sa création artistique qui ont été recueillies dans le sentiments/mots des critiques reconnus, des professeurs et des artistes. Rappelons-nous de quelques-unes sculptées depuis les paroles.

« La personnalité de José Miguel nous conduit à l’importance de ses sujets, des riches motivations depuis lesquelles il part et d’où, en prenant les éléments de la vie et du milieu, ils nous propose une solution expressive. Il ne va pas, en réalité, vers le tragique et terrible, comme chez Goya, elle accueille plutôt la partie aimable de la vie quotidienne, style Matisse o Chagall. Dans ses œuvres, les figurations présentées par son savoir si personnel occupent un espace très soigneusement réfléchi de manière à ce que les éléments qui le composent soient bien en rapport et équilibrés et dans lequel un dessein précis prédomine, des couleurs plutôt relâchées dans les grands espaces pour servir de base à des détails de couleur pure là où il y a un point d’intérêt ; les figures sont encadrées avec des traits gestuels qui les soutiennent et en même temps elles sont un élément expressif du langage de sa proposition ». Adigio Benitez

« Dans les tableaux de José Miguel prédomine une force vitale pleine de joie qui se propose de nous donner de la nature à pleines mains, mais pas avec cette régularité qu’on appellerait du réalisme, mais à la manière d’une fontaine qui veut transformer tout en peinture. Dès là sa facture, ses couleurs, sa lumière. Tout a le temps de l’immédiat. Ses compositions s’éloignent de toute complexité, elles pointent dans peu de directions. L’espace est réduit, les images occupent un premier plan, comme pour être peu plus près de nous. Et quand nous sommes avec elle c’est comme si elle nous attendait, un sourire aux lèvres. C’est comme des bonjours, de mots amicaux, un chant magnifique et on le remercie... » Professeur Antonio Alejo

En écrivant sur un échantillon d’images de l’Apôtre, le critique, spécialiste et professeur Rafael Acosta de Arriba a rappelé : « (...) Dans cette collection il y a l’innocence, la tristesse humide, le rêveur, la fermeté et la résolution, l’océanique Martî. Chaque visage me faisait sentir une émotion différente. Ce jour-là je suis sorti avec la certitude du fait que l’exposition avait une valeur artistique, qu’elle dépassait la simple composition du dessein, l’attitude révérencielle de l’artiste. C’était un autre Martî, le Martî de José Miguel... »

Ce qui arrive c’est que José Miguel Pérez imagine Martî de plusieurs façons, dans lesquelles il rencontre toujours l’être humain qui, dans sa courte et fructifère existence, a fait face a une immense charge d’obstacles qu’il a vaincu sans perdre jamais la foi dans la victoire, sans perdre la tendresse et l’amour dans pas mal de dimensions. C’est à cette fibre martienne qu’il fait allusion dans sa peinture. C’est pour cela qu’il l’enveloppe de couleur, des fleurs, de faune... Parce qu’il es conscient de ce que la réalité esthétique et humaine de Martî, en peinture, ne peut pas être définie par l’apparence visible-photographique, mais par l’équivalence avec ses caractères vitaux et surtout par la sincérité exprimé dans l’œuvre du créateur.

Honorer, honore. Quoiqu’elles ont, bien sûr, une condition : Il n’est pas possible de recréer la présence d’un homme sans la sentir avant. Opération magique dans laquelle il dévoile des codes de son existence, traités dans des compositions subtiles. Dans d’autres il dévoile ses sentiments, à l’intérieur de sa peau : Comme patrie, Cuba et la nuit. Celle qui nous rappelle la souffrance de Martî au loin, quand écœuré de n’est pas être dans son île aimée physiquement, en luttant pour elle, il pouvait « la toucher » dans les rêves ; ou elle l’enveloppe dans notre drapeau parce que lui, il est la Patrie... Dans ces « mystères » artistiques l’Apôtre revient maintenant, en transformant dans chaque geste/trait des peintures, en surgissant entre les formes, les tonalités, en chant intime, en mont entre les monts, en étant toujours ce qu’il représente pour nous tous.