Cuba et l’UE renforcent le dialogue sur les droits de l’homme

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La havane le 10 octobre 2018

Après trois séries de dialogues sur les droits de l’homme qui se sont tenues respectivement à Bruxelles en juin 2015, à La Havane en juin 2016 et à Bruxelles en mai 2017, des réunions officielles et des réunions des représentants des sociétés civiles cubaines et de l’UE se sont tenues à la Havane les 8 et 9 octobre derniers traitant de sujets d’intérêt commun comme le racisme, la xénophobie, la liberté artistique, le droit à la santé et les garanties judiciaires, entre autres, de même que les droits des personnes lesbiennes, gais, bi, trans et intersexuées (LGBTI) et l’égalité des sexes.
Rappelons que Cuba et l’UE avaient entamé leurs négociations pour l’accord de dialogue politique et de coopération (PDCA) le 29 avril 2014. 
Chantal Costerousse.

Les participants au cycle de dialogues entre Cuba et l’Union européenne qui s’est tenu à La Havane le 9 octobre et consacré aux droits de l’homme. Il a été précédé la veille par une réunion des sociétés civiles des deux parties. La délégation de Cuba apparaît à gauche et la délégation de l’UE à droite.

Lors des réunions officielles et de celles de la société civile, Cuba et l’Union européenne (UE) ont consolidé leurs relations avec le premier cycle de dialogues sur les droits de l’homme, à la suite de l’application depuis 11 mois de l’accord de dialogue politique et de coopération l (PDCA).
Les discussions officielles qui ont eu lieu mardi 9 à La Havane, ont traité des questions d’intérêt commun telles que le racisme, la xénophobie, la liberté artistique, le droit à la santé et les garanties judiciaires, entre autres.
Pour sa part, la réunion de la société civile, tenue la veille, a abordé les droits des personnes lesbiennes, gays, bi, trans et intersexuées (LGBTI) et l’égalité des sexes.
"Les deux parties ont eu un débat approfondi sur les garanties juridiques dans les procédures judiciaires de l’UE et de Cuba", a déclaré dans un communiqué mercredi 10 le bloc des 28 nations, et c’est à ce jour l’unique déclaration sur la réunion officielle tenue à huis clos.
La participation des citoyens, la liberté d’association et d’expression ont été analysées dans les dialogues dirigés par Hugo Sobral, directeur général adjoint du Service européen d’action extérieure pour les Amériques, et par le directeur général des affaires multilatérales et du droit international du ministère des Affaires étrangères de Cuba, Rodolfo Reyes.
Le texte a révélé qu’un autre sujet abordé portait sur la protection des droits culturels. L’UE a souligné ainsi que la liberté d’expression artistique et l’esprit d’initiative étaient essentiels pour créer un secteur culturel dynamique qui crée des emplois, développe les industries culturelles et revitalise le patrimoine dans ce sens.
Selon le bloc des 28, les résultats de Cuba ont été reconnus dans la protection du droit à la santé de sa population de 11,2 millions d’habitants et dans la solidarité internationale. Les parties ont également examiné les possibilités de coopération sur des questions telles que le moratoire sur la peine de mort dans des scénarios multilatéraux.
"Les entretiens ont réaffirmé la volonté de l’UE et de Cuba d’approfondir leur dialogue et leur compréhension dans le domaine des droits de l’homme", a conclu le document hébergé sur le site de la délégation du bloc des 28 à La Havane.
Cette journée est la première à se tenir sur le plan humanitaire depuis l’abolition de la position commune, une clause unilatérale imposée en 1996 par Bruxelles, qui conditionnait la coopération aux changements politiques à Cuba, qui était alors dirigée par le leader historique de la Révolution cubaine Fidel Castro (1926-2016).

La délégation de l’Union européenne, présidée par le vice-directeur général du Service européen pour l’action extérieure pour les Amériques, a pris part au premier dialogue sur les droits de l’homme avec Cuba, le mardi 9 octobre à La Havane.

Ce dialogue est "nouveau, car il se déroule sur un sujet qui a généralement donné lieu à des désaccords entre l’UE et Cuba", a déclaré Eduardo Perera, expert en relations euro-cubaines qui a souligné que la question "est désormais traitée de manière spécifique et institutionnalisée".
A son avis, les droits de l’homme revêtent un intérêt particulier pour la projection internationale de l’UE. Il a également estimé qu’ils étaient pertinents pour La Havane, "non seulement à cause de ce qui a été fait en matière sociale, mais à cause de la vision renouvelée qu’ils sont en train d’acquérir".
Pour E. Perera, la nouvelle tournure que prennent les droits de l’homme, dans l’île des Caraïbes, qui sont innés et protègent une vie digne, "se voit concrètement dans le nouveau projet de Constitution et le débat public qui l’a accompagné".
Du 13 août au 15 novembre, les centrales syndicales et les quartiers cubains participent à la consultation populaire sur le projet de texte de la nouvelle Constitution, qui vise à remplacer la loi fondamentale en vigueur depuis 1976 par le biais d’un processus qui se conclura par un référendum en 2019.
L’avant projet de loi inclut pour la première fois le terme « droits de l’homme ». Il stipule que les traités internationaux ratifiés par Cuba passeront à la légalité locale et définit le pays comme un « État de droit socialiste » et comprend un article (68) qui ouvrirait la voie à un mariage égalitaire, bien que des spécialistes critiquent le fait qu’il n’établisse pas de mécanismes autonomes de défense de ces droits, comme le défenseur du peuple ou une Cour constitutionnelle.
" Les réalisations ont été reconnues, mais les questions en suspens également car nous devons travailler encore plus comme militants et continuer à sensibiliser la population aux droits des LGBTI, en faveur de la nouvelle Constitution", a déclaré Amelia Guerra, une femme transgenre qui coordonne le réseau « Une grande Famille. »

Rodolfo Reyes, le Directeur général des affaires multilatérales et du droit international du ministère des Affaires étrangères de Cuba, a conduit la délégation de son pays à la première série de réunions avec l’Union européenne après l’entrée en vigueur de l’Accord politique et de la coopération .

A. Guerra a participé lundi 8, à la première réunion entre la société civile cubaine et la société civile de l’Union européenne, qui s’est déroulée dans une salle de l’Université de La Havane.
On a appris la participation des représentants de 21 organisations cubaines enregistrées et de nombreuses ONG européennes, sans préciser leur nombre, certaines avec des sections à Cuba.
Le concept plus large de la société civile cubaine comprend les associations fraternelles, culturelles et sportives ; de masse sociale, églises et congrégations ; ONG de développement ; centres de recherche et publications académiques ; mouvements communautaires ; coopératives, nouveaux acteurs économiques et groupes dissidents.
"L’échange d’expériences a été essentiel", a déclaré la militante, engagée dans la "lutte incessante" pour parvenir à un mariage égalitaire, via le réseau qui relie 130 personnes de différentes orientations sexuelles et identités de genre de trois provinces cubaines. : La Havane, Cienfuegos et Camagüey.
"Les questions relatives aux droits sexuels et à la vie n’ont pas fait l’objet d’une large publicité, parfois en raison du critère selon lequel les citoyens ne sont pas prêts à recevoir des discours de ce type", a déclaré la documentariste Lizette Vila qui a également assisté à l’échange.
L. Vila coordonne le Projet Palomas depuis 16 ans, une maison de production pour le changement social, qui diffuse également ses travaux sur les questions de discrimination et de droits, en particulier celles liées au genre.
"Il faut avancer dans les problèmes de diversité des femmes et des hommes", a proposé la créatrice, qui identifie les défis tant à Cuba que dans les pays européens. En ce sens, L. Vila encourage l’inclusion des hétérosexuels dans les actions et les campagnes relatives aux droits sexuels.
La réunion officielle a pour antécédents trois séries de dialogues sur les droits de l’homme qui se sont tenues en juin 2015 à Bruxelles, en juin 2016 à La Havane et en mai 2017 à Bruxelles. Cuba et l’UE ont entamé leurs négociations pour le PDCA le 29 avril 2014 ; elles se sont achevées après sept séries de travaux bilatéraux en mars 2016.
Le PDCA, entré en vigueur en novembre 2017, fournit un cadre juridique et renforce le dialogue et la coopération entre Bruxelles et La Havane. En mai, lors du premier Conseil conjoint Union européenne-Cuba à Bruxelles, les deux parties se sont engagées à lancer cinq nouveaux dialogues politiques.
Le plan de coopération de l’UE avec Cuba prévoit 50 millions d’euros : 20 pour l’agriculture, 20 pour les énergies renouvelables et 10 pour la modernisation de l’économie.
La capitale cubaine devrait accueillir, en novembre prochain, la première réunion du sous-comité "Coopération" prévue dans l’actuel PDCA entre l’UE et Cuba, au cours de laquelle un premier échange de vues aura lieu sur les priorités et les montants de la coopération pour la période 2021-2027.
Avec la contribution de Patricia Grogg de La Havane

http://www.ipsnoticias.net/2018/10/cuba-la-ue-afianzan-dialogo-derechos-humanos/