Politique de construction de logements

Cuba estime pouvoir rattraper son retard en 10 ans

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La construction de logements est un sujet spécial et sensible pour la population cubaine.
Il fut largement débattu lors de l’émission télévisée Mesa Redonda à laquelle ont participé des fonctionnaires du Ministère de la Construction (MICONS), chargés de la politique du logement dans le pays.


Actuellement le fonds résidentiel atteint plus de trois millions huit cent mille logements.


Pendant son intervention au cours du programme et dans une première approche du sujet, Vivian Rodriguez Salazar, directrice générale du Logement , a expliqué que la Politique réunit un ensemble d’actions et de stratégies pour récupérer la forte détérioration du parc de logements dans toutes les provinces, dans certaines avec plus d’incidences que d’autres comme c’est le cas à La Havane, Santiago de Cuba, Holguin et d’une manière générale dans les provinces orientales.

« Depuis le passage de l’ouragan Irma, en septembre 2017 qui a touché la quasi-totalité du territoire national, la Direction du logement s’est consacrée à travailler conjointement avec toutes les forces et les moyens que le pays a mis à disposition des territoires sinistrés en fonction de leur récupération ».

La fonctionnaire a précisé que la Politique prend comme point de départ les données du parc de logement jusqu’en juin 2017 à quoi s’ajoute une analyse de la situation existante sur l’île avant le triomphe de la Révolution.

Elle a également signalé qu’une stratégie plus globale et intégratrice était nécessaire même lorsque il y avait eu précédemment des actions en fonction du développement du parc. Dans cette stratégie on conçoit que le principal protagoniste soit la population, en plus de tous les organismes et entreprises de construction qui travaillent dans la cadre du programme.

« En 1959, notre pays comptait avec un parc de logements estimé à un 1256 594 logements, 400 000 familles logées dans des baraques, des terrains vagues dans des conditions précaires et il existait 200 000 bohios (N.d.T. : maisons en bois dans les zones agricoles) et cabanes. 63% des familles vivaient dans des conditions minimales d’hygiène pendant que 91% ne disposaient pas de sanitaires, bains et toilettes ».

Selon Rodriguez Salazar, après le triomphe de la Révolution et jusqu’à ce jour, il a été construit à Cuba plus de 2 508 000 logements. Le parc résidentiel atteint aujourd’hui plus de 3 800 000 habitations.

Elle a ajouté que seulement 5% du parc résidentiel présente des conditions précaires - sols en terre battue, petits logements vétustes, immeubles critiques- et pour lesquelles la Politique mise en place cherche une solution douce.

Pour ce qui concerne les habitations avec sols en terre battue, elle a précisé que la majorité des logements n’ont pas de statut légal et bien que l’on travaille à éradiquer cette problématique, il continue de s’en construire aussi bien en zones urbaines qu’en zones rurales.
« 79% de la population cubaine vit en zones urbaines alors que l’on compte environ 1 million de personnes en zones rurales ».

Elle a aussi ajouté que la Politique a également comme objectif de stimuler la construction de logements dans les zones urbaines tout en stabilisant la population qui aujourd’hui migre vers les grandes villes ou les chefs-lieux de provinces.

Quant à l’état du parc résidentiel, Rodriguez Salazar a indiqué que 39% des bâtiments sont en mauvais état ou en état normal. « Il existe un déficit de 929 695 logements dont 527 000 sont à construire et 402 000 à réhabiliter ».

En ce sens, la fonctionnaire a reconnu que le sujet de la réhabilitation est le plus compliqué de la stratégie élaborée parce qu’un groupe de logements présente un état de détérioration très avancé et il faudrait des interventions de structure compliquées alors que d’autres sont voués à la démolition pour être reconstruits totalement.

Excepté à La Havane et Santiago de Cuba, a-t-elle poursuivi, les actions de constructions doivent être réalisées à 60% par effort propre et 40% par contribution de l’Etat. Dans les deux provinces mentionnées, l’intervention de l’Etat sera supérieure dû à la complexité de ces territoires.

« La stratégie prendra 10 ans pour récupérer le déficit de logements. Nous savons qu’il y a une demande insatisfaite de ressources naturelles et de force de travail, aspects sur lesquels il est prévu de mettre en œuvre des actions. »

Production locale et vente de matériaux de construction, autre sujet décisif.

« Il existe un déficit de 929 695 logements dont 527 000 sont à construire et 402 000 à réhabiliter »

Si l’intervention de la population est essentielle dans la réparation et la construction de ses immeubles, il n’est pas moins important de garantir la production des matériaux pour concrétiser les efforts personnels dans chaque territoire. C’est à cette fin qu’a été élaboré le Programme de Production Locale et Vente de Matériaux de Construction (PLVMC), qualifié d’ « industrie de matériaux dans les municipalités ».

Tomas Vasquez Enriquez, directeur dudit Programme dépendant du MICONS, a souligné qu’il s’agit d’un chemin vers la solution du sujet du logement à Cuba.

« Si dans la municipalité on ne produit pas ses matériaux, on ne pourra pas y développer le logement mais également les œuvres sociales ».

Selon Vasquez Enriquez, cela fait six ans que l’on travaille à l’organisation de ce Programme et à partir de maintenant, il est inclus dans la Politique du Logement.

L’objectif est que tous les territoires atteignent leur autonomie en matière de production de matériaux en fonction de leurs potentialités.

« Nous ne parlons pas seulement de la consolidation des bases productives dans les chefs-lieux municipaux mais aussi dans les Conseils Populaires plus grands ».

Il a expliqué que ces bases de production ont comme but la fabrication du module de 17 types de matériaux (agrégats, éléments muraux, couverture et sols, blocs, charpente pour béton, etc…) nécessaires à la construction de logements. Dix d’entre eux, de par leurs caractéristiques, ne peuvent être produits sur place, par exemple les câbles, les luminaires et le ciment Portland.

« Toutes les municipalités ne disposent pas de leurs modules complets mais 92 % d’entre elles disposent des éléments principaux que sont les éléments pour les murs, la couverture et les sols. On y a ajouté la charpente en béton ».

Toutefois, le directeur a pointé que ce qui se produit aujourd’hui est très loin de répondre aux besoins accumulés.

Selon Vasquez Enriquez, le Programme est également soutenu par un plan des matériaux fournis par l’industrie nationale comme le ciment, l’acier, une partie des agrégats, le plastique, alors que le reste devra être géré au niveau municipal.

« Nous utilisons cette année plus de 132 000 tonnes de ciment et presque 7 000 tonnes d’acier, ce qui montre la priorité donnée à cette initiative bien que cela soit insuffisant ».

Nous consommons plus de 3 000 tonnes de plastique recyclable acheté à l’Entreprise de Récupération de Matières premières , a-t-il ajouté.

Il a précisé que dans les 16 provinces et dans la Municipalité spéciale de l’Île de la Jeunesse il y a la capacité d’extrusion pour fabriquer des tuyaux et des tubes pour les raccordements. « D’autres chapitres comme les clés et les raccords, destinés au Programme d’économie de l’eau, sont concentrés à Villa Clara et Holguin ».

En accord avec la mise en valeur de Vasquez Enriquez, on doit aussi mieux profiter des matières premières naturelles comme l’argile, les pierres des terrains vagues et le sable ce qui faisait partie des traditions de construction dans le pays au cours d’années passées.

« Le Programme est en train de retrouver ces traditions et profite de tout ce que la nature nous met à disposition ».

En faisant le bilan des six années depuis la création du PLVMC, son directeur a assuré qu’elles ont permis la formation, la préparation et la création de capacités, aspect sur lequel il y a de nombreuses prérogatives.

Il existe, pour la création de ces capacités, le soutien de 33 entreprises des Conseils de l’Administration Provinciale et en même temps on profite des disponibilités des Organismes de l’Administration Centrale de l’Etat. Par exemple, les carrières qui appartiennent au Ministère de l’Agriculture, Azcuba et les carrières minières, un fois remplies les commandes de l’Etat, peuvent soutenir le Programme.

Cela signifie qu’il y a encore beaucoup de réserves dans les municipalités que nous pouvons incorporer au PLVMC et le compléter avec le secteur « non-Etat » : les Coopératives et les travailleurs à leur compte (ils sont plus de 800 à être incorporés dans le Programme).

Vasquez Enriquez a souligné que le Programme est en cours dans 168 municipalités du pays, « avec plus ou moins d’implication » ; « certains sont en retard d’autres ont été rétrocédés, mais il est procédé à une évaluation deux fois par an ».

Il a souligné que le plus gros problème détecté lors de chacune des évaluations est subjectif et reste de la responsabilité des présidents des gouvernements locaux, principaux responsables du Programme dans chaque territoire.

Un autre aspect mentionné par le directeur a été celui de la qualité, « ce n’est pas un sujet perdu mais en cours ». « Il se fait de très bonnes choses mais aussi de très mauvaises. C’est une question d’exigence et d’amour mais cela passe aussi par le fait que les bases productives de l’Etat doivent se payer correctement. Si ce n’est pas le cas, la fluctuation du travail du secteur continuera et , conjointement, la perte de spécialisation ».

Question de ressources ?

Selon certains directeurs, la stratégie pour récupérer le déficit résidentiel nécessitera 10 ans.

Au dire de Carlos Mendez Trujillo, directeur du Bilan de la Direction générale du Logement, la politique de ce secteur prévoit également de garantir ces fournitures que l’on ne peut produire localement dans l’industrie nationale. « La demande de ressources nécessite un approvisionnement et un usage efficient dans les productions de l’industrie nationale avec l’accroissement des capacités productives en ciment, agrégats, sols, chapes, mobilier sanitaire et autres matériaux ».

Pour appuyer cela, il a ajouté que ces accroissements de fournitures se règleront avec la modernisation de l’usine de céramiques et mobilier sanitaire de Santa Cruz et San José et avec la modernisation et le changement de la centrale énergétique des cimenteries.

Mendez Trujillo a expliqué à la télévision que le bilan des ressources est intégré à la Politique dans deux directions fondamentales : les logements construits par l’Etat par ses entreprises et l’effort propre de la population dans le réseau des magasins de matériaux de construction du Ministère du Commerce Intérieur.

« Le pays continuera de garantir les ressources fondamentales qui ne peuvent être produites au niveau provincial ou municipal comme le sont le ciment et l’acier, les mobiliers sanitaires, les câbles et accessoires électriques, entre autres. Les autres ressources doivent être produites localement selon les matières premières naturelles de chaque territoire et qui devront être complétées par les autres matériaux de construction d’un logement » a-t-il ajouté.

La Mesa Redonda se terminant, Vivian Rodriguez Salazar, directrice générale du Logement a détaillé quelques principes pour appliquer la Politique de ce secteur.

En ce sens, elle a expliqué qu’il a été procédé à une actualisation des plans d’Organisation territoriale et Urbanistique en lien avec le Catalogue des projets de la Politique.

« On a actualisé les plans en identifiant dans chaque territoire le potentiel pour la construction de logements, aussi bien dans les zones rurales qu’urbaines, en localisant les lieux de construction en fonction du profil et des technologies qui figurent dans le catalogue des projets avec plus de 160 variantes et qui inclut toutes les typologies de construction », a-t-elle ajouté.

Un autre de ces principes est la sécurisation des zones urbanisées et de la construction de réseaux comme l’eau, les eaux usées, le drainage, l’électricité et les communications a-t-elle dit en conclusion.

Auteurs : Oscar Figueredo Reinaldo, Lisandra Romeo Matos
Publié dans : Foro Debate
21 novembre 2018


http://www.cubadebate.cu/especiales/2018/11/21/politica-de-construccion-de-viviendas-cuba-estima-recuperar-deficit-habitacional-en-10-anos-video/#boletin20181121