13e Biennale de La Havane | Serendipia

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Dans un étirement du temps tout cubain, la prochaine Biennale internationale d’art contemporain de La Havane s’annonce pour ce printemps, alors que la dernière date déjà de… 2015.

De quoi sera-t-elle faite ? Le site CubanArt News dégaine le premier avec un avant-programme qui, bien qu’incomplet, nous donne déjà des fourmis dans les jambes. Ce qui suit est très largement inspiré de l’article First Look : The 2019 Havana Biennial. Merci et à l’attaque !

Pendant un mois, du 12 avril au 12 mai, autour du thème La Construcción de lo Posible, 235 artistes de 50 pays (venus notamment d’Amérique Latine, d’Afrique et des Caraïbes) occuperont un maximum d’espaces publics et aussi quelques lieux plus sélect voire secrets. La biennale coïncide avec les 500 ans de La Havane – bon anniversaire !

Ça c’est pour les chiffres. Mais encore ? L’enjeu ? Il est énorme, car cette manifestation place la culture, donc la société cubaine sous le feu des projecteurs internationaux, dans une période où le pays se cherche et vit des situations inédites, telle la grève des chauffeurs de taxi… entre autres.

Son titre, « La construction du possible », nous invite à considérer la ville comme une page blanche où les gestes artistiques viendraient dessiner un futur plausible.

Des artistes, justement

Parmi les Cubain-es sélectionné-es on trouve le vétéran Manuel Mendive (auteur d’une performance mémorable lors d’une précédente édition) ou encore Rocío García, Adonis Flores, Kadir López, Tamara Campo et Luis Gárciga… dans des esthétiques et démarches très variées.

Wilfredo Prieto invite dans son Taller Chullima des artistes venus du Mexique, du Brésil, d’Autriche et d’Espagne. Quant à Michelangelo Pistoletto, qui a fait de La Havane sa deuxième patrie, il a un grand projet avec Galleria Continua.

Des espaces

C’est la véritable nouveauté de cette édition. Outre les lieux habituels : Centro Wifredo Lam, Pabellón Cuba, Fototeca de Cuba, Galería Villa Manuela… la Biennale sera l’occasion – si tout va bien d’ici là – de découvrir le nouveau projet culturel El País del Arte.

Sur les 4 étages de l’ancien siège du journal El País, cet espace devrait présenter des expos, des spectacles, une cefeteria et une librairie, tout en accueillant des artistes en résidence.

Je vous laisse découvrir ce bâtiment à l’architecture remarquable ici (Merci au site arquitecturahabana.org). Porté par Galleria Continua en collaboration avec le gouvernement cubain, un collectionneur anonyme (que de mystère) et la Fondazione Pistoletto, le projet avance lentement mais sûrement.

Un peu d’histoire ? Inutile de se répéter, vous trouverez dans l’article Bienal de La Habana (2015) un chapitre sur l’histoire de cette manifestation, démarrée en 1988 sous les auspices du Centro Wifredo Lam.

Actualité récente ? Voyez l’article La Havane : 2 biennales, sinon rien pour un aperçu des soubresauts récents qui agitent le monde de l’art autour de cet événement.

Des extérieurs

Performance de Reynier Leyva Novo pendant la Biennale 2015.

Detrás del muro est une sorte de biennale dans la biennale, sa section la plus photographiée, et pour cause : cette exposition se déroule sur 6 kilomètres le long du Malecón, un cadre à la fois sublime par ses proportions, sa lumière, sa symbolique… et extrêmement populaire puisque c’est la promenade préférée des habitants de la capitale.

Arlés del Rio, Fly Away. Biennale de La Havane 2015. Photo droits réservés.

De nombreux artistes travaillent en ce moment même aux œuvres qui vont bientôt affronter les embruns de l’Atlantique. Ariadna Contino, Alex Hernández, Adrián Fernández, Jorge Otero, Arlés del Río… Et Pedro de Oráa, co-fondateur dans les années 50 du mouvement Los Diez Pintores Concretos. Pour en savoir plus, jetez un œil sur le site dedelmu.com.

Cette année, après avoir arpenté le Malecón vous pourrez obliquer sur la gauche juste après La Piragua. La calle Linea sera pour l’occasion rebaptisée « Corredor Cultural ». C’est Vilma Bartolomé, du cabinet d’architectes Laboratorio 26 qui va coordonner la mise en valeur de ce ruban de 3 kilomètres qui déroule ses théâtres, galeries et quelques-uns des plus beaux immeubles modernes de la capitale.

On parle même de retravailler les sols avec des motifs graphiques – et la participation des habitants.

Immeubles des années 50 sur la Calle Linea. Tous plus intéressants les uns que les autres, et sur 3 kilomètres !

Calle Linea au coucher du soleil : des proportions majestueuses et une atmosphère inoubliable.

Difficile de parler de création en ce moment à Cuba, sans aborder la question du fameux decreto 349. Même si un début de dialogue semble poindre entre artistes et autorités, comme le dit Caroline Goldstein dans sont article sur Art*net : « It remains unclear how Cuba’s new law limiting artistic expression may impact the event ».

Ailleurs, pour une fois

Cuba est un pays extrêmement centralisé. Cela ne date pas d’hier, et a toujours été source d’inégalités flagrantes entre les territoires. Et bien, ça change :

La 13e Biennale proposera, pour la première fois, des manifestations d’importance dans plusieurs villes : à Pinar del Río, où iln’y a décidément pas que des champs de tabac, Juan Carlos Rodríguez coordonne le projet La Farmacía.

Maria Magdalena Campos Pons, Jaulas, photo droits réservés.

À Matanzas, ville côtière ponctuée de nombreux ponts, c’est María Magdalena Campos-Pons qui revient dans sa ville natale pour proposer Ríos intermitentes. Plusieurs artistes installeront leurs œuvres dans la Bahía de Cienfuegos… sans compter Camagüey et Santiago de Cuba.

De quoi nous amener à réviser, grâce à l’art et aux artistes, le regard que nous portons sur l’île dans son ensemble. Je vous en dirai plus en avril, puisque cette année, juré, j’irai !

Source : First Look : The 2019 Havana Biennial sur le site Cuban Art News.

Photo à la Une : Le jour se lève sur le Malecón, au débouché de la calle Linea : l’un des espaces qui accueillera la manifestation Detrás del Muro, pendant la 13e Biennale de La Havane.