Comment préserver l’autonomie et l’indépendance des personnes âgées ?

Partager cet article facebook linkedin email

En 2014, Margaret Chan, la directrice générale de l’Organisation mondiale de la santé appelait les pays membres à s’inspirer de l’exemple cubain en matière de système de santé. En effet, avec une espérance de vie supérieure à 79ans, Cuba se situe parmi les 25 pays du monde les plus favorisés en ce qui concerne cet indicateur de progrès humain d’une société. Pour 2020, on estime qu’il y aura 21,5 % de Cubains âgés de plus de 60 ans. Il est donc nécessaire d’accompagner au mieux le vieillissement de cette part importante de la population qui a bénéficié d’un développement humain élevé grâce aux excellents résultats dans l’éducation et dans la santé.

La hausse constante de l’espérance de vie est sans doute l’une des plus grandes réussites de notre société, dans laquelle le nombre de personnes âgées de soixante ans et plus dépasse aujourd’hui 20 % de la population totale, selon les statistiques du Centre d’études de la population et du développement du Bureau national des statistiques et de l’information.

El continuo aumento de la esperanza de vida es sin duda uno de los grandes logros de nuestra sociedad, donde el número de personas con 60 años o más supera hoy el 20 % del total de la población. Photo Yaimí Ravelo.

Cette réalité est l’un des premiers éléments partagés par les spécialistes du Département de rééducation fonctionnelle du Centre de recherches sur la longévité, le vieillissement et la santé (CITED) – lesquels effectuent, depuis plus de vingt ans, des évaluations fonctionnelles et des interventions sur des personnes âgées accueillies dans cette institution – lorsqu’ils s’entretiennent avec Granma sur le vieillissement démographique et les différents enjeux que celui-ci suppose pour les systèmes de santé.

La cheffe du Département et chargée de cours, la Dr Susana Hierrezuelo, spécialisée en médecine physique et en rééducation, avec un mastère de santé publique et du vieillissement et Dianella Rodríguez et Grisis Suárez, diplômées en rééducation, cette dernière ayant aussi un mastère en "longévité heureuse", s’accordent pour dire : "La stratégie de promotion de la santé et de prévention dans le système national de santé propose le développement progressif d’interventions visant à améliorer la santé et à prévenir les maladies, les blessures et les handicaps."

Selon les interviewées, le vieillissement mondial est un triomphe de la vie et le véritable défi est de préserver l’autonomie et l’indépendance à mesure que nos personnes âgées continuent à vieillir. Elles affirment que "chez celles-ci, la santé doit être mesurée en termes de fonctionnalité et non de maladie car c’est elle qui détermine l’espérance de vie, la qualité de vie et les moyens ou aides dont aura besoin chaque groupe démographique. Il s’agit de maintenir un niveau de fonctionnement qui permette le meilleur degré d’autonomie possible dans chaque cas."

Les soins de santé primaires représentent le type de soins approprié pour détecter et prendre en charge la fragilité et le handicap et, par là-même, savoir où les personnes âgées sont examinées et prises en charge comme il convient.

C’est pourquoi le CITED travaille sur différents axes de recherches. La Dr Hierrezuelo souligne que "pour limiter la fragilité, il faut agir sur son principal facteur de risque, l’inactivité, élément essentiel de son développement."

Ainsi, on réalise dans le département des interventions portant sur l’activité physique. Les spécialistes indiquent qu’elles ont démontré leur efficacité pour retarder, voire faire reculer la fragilité et le handicap.

Leur efficacité a aussi été démontrée pour améliorer l’état cognitif et psychique. Si, par ailleurs, elles sont réalisées de manière collective, elles présentent, par exemple, l’avantage supplémentaire de favoriser le bien-être social chez la personne âgée, c’est-à-dire une meilleure insertion pour effectuer les activités de la vie quotidienne et se servir de matériels, ainsi qu’une meilleure participation sociale.

Pour limiter la fragilité, il faut agir sur son principal facteur de risque, l’inactivité. Photo Yaimí Ravelo.

Les professionnelles interviewées ont fait remarquer que, pour tout cela, les personnes âgées doivent accomplir des programmes d’exercices physiques dans différents domaines (endurance aérobie, flexibilité, équilibre et force musculaire).

À ce sujet, elles ont indiqué que les programmes de plusieurs disciplines doivent comporter une augmentation graduelle du volume, de l’intensité et de la complexité des exercices d’endurance cardiovasculaire, de force musculaire et d’équilibre. Elles insistent sur le fait que les programmes d’exercice physique, surtout ceux destinés au renforcement de la force musculaire qui utilisent des haltères, doivent être encadrés par des professionnels ayant une compétence et une formation spécifiques. D’autres activités, comme par exemple la marche, qui augmentent la quantité d’exercice physique hebdomadaire sont très bénéfiques et contribuent grandement à l’amélioration de la santé.

Exemples d’exercices de force. Photo courtoisie de la personne photographiée.

Pour optimiser la capacité fonctionnelle, les exercices de force devront être spécifiques des groupes de muscles les plus utilisés et comporter des exercices simulant des activités de la vie quotidienne (par exemple, s’asseoir sur une chaise et se relever).

Les muscles fléchisseurs et extenseurs des chevilles et des genoux, et les abducteurs de la hanche sont particulièrement importants pour les mouvements fonctionnels et pour la marche. De même, les expertes en rééducation fonctionnelle ont mis en évidence l’importance particulière, pour rétablir l’équilibre, des muscles qui participent à la flexion de la cheville et des muscles fléchisseurs plantaires.

L’entraînement à l’endurance aérobie pourraient comporter :

  • la marche dans différentes directions et à des rythmes différents,
  • la marche sur tapis roulant,
  • la montée de marches et d’escaliers,
  • le vélo d’appartement.

Exemple d’exercice d’équilibre. Photo : courtoisie de la personne photographiée.

L’entraînement à l’équilibre et à la marche comportera des exercices à partir de la position assise et de la position debout, tel :

  • monter et baisser les talons,
  • rester sur un pied, en position de pieds réunis ou écartés,
  • et, pour des exercices en mouvement, marcher avec un appui talon – pointe, monter un escalier avec un appui, transférer le poids du corps d’une jambe sur l’autre, effectuer des déplacements multidirectionnels avec des poids supplémentaires (de 2 à 4 kg), et faire des exercices de taï-chi-chuan.

L’entraînement à la flexibilité doit comporter des exercices pour les groupes de muscles plus grands avec :

  • des étirements,
  • du yoga,
  • du "Pilates".

Exemple d’exercices de flexibilité. Photo courtoisie de la personne photographiée.

Ces activités sont conçues pour augmenter l’ampleur du mouvement des articulations, la longueur des muscles, la relaxation musculaire et la flexibilité générale du corps. L’accent a été mis sur le fait qu’elles doivent être effectuées après les exercices d’endurance et de renforcement, quand les muscles sont chauds.

Au moment de pratiquer n’importe quelle modalité d’exercice, on doit prendre en compte ces recommandations générales : s’agissant de la technique respiratoire, inspirer avant de faire un mouvement, expirer pendant celui-ci, et inspirer à la fin du mouvement. Deux minutes de repos entre chaque exercice.

En conclusion, il est important de signaler que ces exercices doivent être prescrits par un personnel de santé et que les personnes âgées doivent savoir quels sont les symptômes indiquant qu’il faut les arrêter.