Le 330e anniversaire de la fondation Santa Clara | Lettres de Cuba

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Par Laura Rodríguez Fuentes Traduit par Alain de Cullant pour Lettres de Cuba Juillet 2019

La messe fondatrice de la Glorieuse Santa Clara a été officiée le 15 juillet 1689, au pied d’un tamarinier, à proximité de l’église Nuestra Señora del Carmen.

La ville de San Juan de Los Remedios a été prise par 35 légions de démons à la fin de 1600, ou du moins c’était la légende tissée par le prêtre José González de la Cruz pour encourager les habitants à se déplacer vers d’autres territoires qui leurs appartenaient.

Ces êtres surnaturels ayant fait souffrir les habitants étaient de chair et d’os, des corsaires et des pirates qui envahissaient souvent la ville, et dont le harcèlement a été utilisé comme justification pour les plus incrédules, car ce n’était pas aussi la véritable cause de la migration vers le centre de Cuba.

En réalité, les habitants de Remedios sont partis à la recherche de nouvelles terres, plus près du Camino Real, où le bétail était déplacé de l’intérieur à La Havane. Loin des superstitions, on peut dire que la Glorieuse Santa Clara est apparue pour des raisons économiques et grâce à quelques bovins, parce que ce chemin était plus proche du site de notre fondation que la ville de Remedios.

Une ville entre El Monte et La Sabana  

En 1689, le capitaine général de l’île, Diego Antonio de Viana Hinojosa, appuyé par l’évêque Diego de Compostela, autorisa le transfert des habitants vers l’hacienda de Ciego de Santa Clara ou d’Antón Díaz.

Bien que le chiffre exact des familles fondatrices ne puisse pas être précisé, le nombre 18 a été le plus apporté par l’histoire, attaché à l’hypothèse de Manuel Dionisio González Yanes, le premier historien de la ville. Cependant, d’autres sources affirment qu’il s’agissait d’une « grande familla ».

La première messe a été officiée le 15 juillet, au pied d’un tamarinier, bien vert à cette époque de l’année, à proximité de l’église Nuestra Señora del Carmen. On dit qu’à cette époque la chaleur variait souvent et que si la température montait, les fondateurs pouvaient se rafraîchir dans les deux rivières entourant la citadelle naissante : El Monte (Cubanicay) et La Sabana (Bélico).

Selon la synthèse historique municipale de Santa Clara, les premiers colons se sont installés à proximité du site occupé aujourd’hui par le parc Leoncio Vidal, lieu officiel de ces familles. Ensuite la Plaza de Armas a été conditionnée comme une esplanade et une brèche a été ouverte à l’est, la première rue, qui a été nommée Principal. Les premières maisons de cette voie ont été construites le long de cette rue alors que la Casa Consistorial a été érigée autour de la place, pour le Cabildo (Conseil Municipal) et la Parroquial Mayor.

Ces bâtiments n’ont aucun rapport avec ce que nous voyons aujourd’hui autour de notre place centrale, car les matériaux utilisés étaient le bois et le torchis.

Dans les années suivantes, les arbres ont été abattus, la première sucrerie a été fondée sur le territoire de Las Bocas et l’urbanisation a grandi ; bien que l’élevage et l’agriculture de subsistance étaient notre principale ligne économique. Sur ces terres fertiles, le blé, les figues, le tabac, les fruits exotiques et les bois précieux ont été cultivés. En outre, le bétail a proliféré de manière vertigineuse par rapport avec Remedios.

Un sentiment naît

Au XVIIIe siècle, Santa Clara a montré des signes de croissance économique plus grande que Remedios. Tous ces facteurs ont conduit à un rôle actif dans les principales discussions quant aux événements politiques sur l’île.

Dès 1701, seulement à 12 ans de sa fondation, les habitants de Santa Clara ont défendu La Havane contre la menace britannique, et, en 1703 pour protéger le port de Tesico, à Remedios. Cependant, les milices ont été officialisées qu’en 1719, et elles ont contribué à la défense de Santiago de Cuba devant le débarquement des anglais dans la Baie de Guantanamo, et à leur défaite postérieure.

Quand l’Angleterre a pris la capitale, en 1762, 600 Santaclareños marchèrent vers La Havane, dirigée par Juan de Monteagudo, qui mourut avec beaucoup de ses hommes durant cette action héroïque. Dans l’acte de patriotisme, le Cabildo déclare la guerre à la métropole envahie. Ceci étant nos premiers signes de patriotisme local.

En 1830 et 1844, respectivement, Santa Clara a perdu de sa juridiction les régions de Cienfuegos et Sagua la Grande, des ports importants pour le commerce. À cette époque, la production de maïs, de viande, de riz, d’épices et d’autres produits a proliféré, ce qui a permis à l’agriculture de devenir la base économique fondamentale et la prédominance de petites et moyennes haciendas.

La ville n’a pas été éloignée des conspirations politiques et des mouvements d’indépendance qui se sont développés dans le reste du pays dans la première moitié du XIXe siècle. Les prêtres Manuel Antonio Balmaseda et Antonio Abad Anido sont cités comme conspirateurs, et, en 1825, durant la Junte pour la promotion de la liberté cubaine, établie au Mexique, Santa Clara était représentée par Tomás González, de qui nous avons peu de références historiques.

En septembre 1826 apparaissent des proclamations pour l’indépendance, probablement en relation avec les événements révolutionnaires de cette année à Puerto Príncipe.

On se rappelle les vers conspiratifs du poète Gabriel de la Concepción Valdés (Plácido) quand il a séjourné dans cette ville, où il était lié à des personnalités telles que Miguel Gerónimo Gutiérrez, Luis Eduardo del Cristo ou Juan Bautista Martínez, parmi d’autres.

D’importants travaux sociaux ont été entrepris durant cette période. L’appelé O’donnell, connu populairement comme le pont Los Buenos, a été construit en 1846 ; en 1849, celui de la Cruz, sur la rivière Cubanicay ; en 1858 le pont El Gallego sur la rivière Bélico, dans la rue Calvario, et celui de Santa Clara, dont la construction apparaît marquée en 1881, dans la rue de ce nom (actuellement Tristá) (...) La Plaza del Mercado, la caserne militaire dans la zone sud, l’hôpital San Juan de Dios, le gazomètre, le cimetière et la Prison Royale ont également été construits. En 1860, les travaux ferroviaires, depuis Cienfuegos, ont été achevés.

Santa Clara avait atteint un important développement culturel avec la fondation de plus de six périodiques, de 1831 à 1856 il y avait seulement le journal El Eco de Villaclara.

La croissance de la cité a permis que le 12 mai 1867, la reine Isabel II la déclare Ville, sous le nom de Villaclara ; Bien qu’elle n’ait été officiellement reconnue que le 24 juillet de cette même année.

Au milieu du XIXe siècle, le réformisme était le courant idéologique dominant dans la localité, et a eu son moment exceptionnel avec l’élection d’Antonio Fernandez Bramosio comme délégué à la Junte d’Information des Cours Espagnoles qui se tiendra en 1866.

Vers 1867 surgit la Junte Révolutionnaire de Santa Clara présidée par Miguel Gerónimo Gutiérrez et composée par Eduardo Machado, Antonio Lorda, Arcadio Díaz, Tranquilino Valdés et Juan Nicolás del Cristo. A partir de ce moment un mouvement de conspiration pour le soulèvement est né. Ses points de réunions étaient la maison de Miguel Gerónimo Gutiérrez, la fabrique de gaz et, surtout, la pharmacie La salud, en face de la Plaza Mayor.

Marta Abreu, Leoncio Vidal, le Che…

Selon le journal El Alba, les maisons ont commencé à être fermées à partir de février 1869. La ville a présenté un regard triste, silencieux et sombre. De nombreux habitants avaient quitté leurs habitations urbaines et marchaient vers les fermes et les haciendas dans la zone rurale. L’appel tardif, mais inévitable, a éclaté le 6 à San Gil avec le plus grand nombre de propriétaires incorporés dans l’action en rapport aux autres régions de Villa Clara.

La première grande action de guerre dans son voisinage a été le combat dans le camp Ruiz de Palacio, à San Gil, dirigée par le polonais Carlos Roloff, major général à la tête des troupes mambises de la juridiction. William Lorda, commandant de la brigade de Santa Clara, a été nommé comme second de Roloff.

Dans cette première étape de la guerre, Lorda a été le protagoniste d’innombrables actions dans le territoire de Villa Clara et dans la ville elle-même. Sa mort, le 18 juillet 1871, a été un coup pour l’insurrection, car il était le principal détenteur de la lutte dans la région. Après sa mort, la Junte Révolutionnaire fut réorganisée, présidée par Manuel García Garófalo, mais la lutte languissait.

Lors de l’invasion de l’Occident, l’une des actions les plus importantes de la guerre a été l’assaut et l’occupation d’une partie de la localité, dans la nuit du 20 juillet 1876, par les forces du major général Jesus Titá Baldor, l’une des plus grandes victoires de l’armée libératrice.

À la fin de la lutte et avec la nouvelle division administrative du gouvernement colonial, Santa Clara est devenue la capitale de la province du même nom, et elle occupait approximativement les territoires de Las Villas. Avec cette condition, la ville a prospéré et est devenue un centre important de référence culturelle dans le pays.

Les œuvres canalisées par Marta de Los Ángeles Abreu Arencibia, notre Bienfaitrice, contribuèrent à donner vie et civilisation à la ville. La première de ses œuvres de bienfaisance a été érigée en 1882 avec le nom de Collège San Pedro Nolasco, en l’honneur à son père, promoteur de l’idée de créer cette école pour les enfants pauvres.

Celle-ci a été suivie, parmi d’autres, par la fondation de l’école El Gran Cervantes, l’Asile San Pedro et Santa Rosalía, pour accueillir 20 familles pauvres ; le théâtre La Caridad, afin de soutenir les revenus de l’asile ; les quatre laveries sur les rives des rivières Bélico et Cubanicay, et l’éclairage électrique public à proximité de la gare ferroviaire. Marta rêvait que Santa Clara devienne la capitale du pays. Elle ne s’est pas seulement dédiée à des œuvres caritatives, mais elle a également fait partie des tâches de conspiration du nouveau soulèvement révolutionnaire.

Lors de la Guerre Nécessaire, le principal fait est survenu le 15 juillet 1895, sous le commandement de Manuel Suárez, brigadier de la Guerre des Dix Ans, à partir de laquelle il a été reconnu comme chef de Las Villas. Après l’invasion de Gomez et Maceo, la brigade de la Villa Clara a été organisée.

Pendant cette période, la ville a subi deux attaques : le 24 janvier 1896, dans la périphérie de Santa Clara, et, dans la nuit du 23 mars, quatre colonnes de l’Armée Libératrice ont fait irruption dans ses rues. Le courageux colonel Leoncio Vidal a perdu la vie devant la place qui porte son nom aujourd’hui.

Ce parc, qui marque le centre historique de notre ville, constitue la seule place qui a été attaquée dans le pays durant les trois guerres d’indépendance. En décembre 1958, Ernesto Che Guevara et les forces rebelles ont pris Santa Clara et ont assuré le triomphe définitif du Barbu sur l’île. Les bâtiments où se trouvait le quartier général de la police, le Grand Hôtel et le Palais de Justice témoignent de la quantité de balles incrustées dans leurs murs.

Une image sainte et sacrée pour le monde

Santa Clara est aujourd’hui un emblème pour le monde, en particulier pour l’Amérique Latine. Tant et si bien que beaucoup de visiteurs confondent encore le nom de la ville avec celui de la province.

Depuis la construction de la Plaza de la Revolución Ernesto Guevara, en 1988, et l’arrivée des restes du Che et de ses compagnons de guérilla, en 1997, plus d’un demi-million de personnes de toutes les latitudes visite cet endroit chaque année.

Ses rues pavées gardent toujours des énigmes, des légendes que le passage du temps n’a pas été en mesure d’effacer. Nos églises antiques s’élèvent au-dessus des constructions modernes sans perdre le mystère ou la beauté avec le passage du temps. Ni le transit constant des voitures ne peut diminuer l’atmosphère paisible offert par les arbres du Parque Vidal, où viennent de milliers d’oiseaux tous les après-midi.

Ainsi, peinte avec des couleurs pastel, avec sa colline del Capiro, plus verte que jamais, la ville de Santa Clara éprend et est toujours debout à ses 330 ans, toujours glorieuse.

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