Perdu pendant 190 ans, un manuscrit sur la flore cubaine refait surface

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Un manuscrit en trois volumes contenant plus d’une centaine d’illustrations de la flore cubaine, et des descriptions détaillées a été retrouvé en 2018, à l’Université Cornell, située dans la ville d’Ithaca dans l’État de New York. Il a été écrit par l’Américaine Anne Wollstonecraft qui vivait à Cuba dans les années 1800. Récemment numérisé, il est possible de le consulter en ligne.

Cornell University

Les trois volumes possèdent une couverture en carton marbré et une page titre en écriture cursive sur laquelle il est écrit « Spécimens des plantes et fruits de l’île de Cuba par Mme A.K. Wollstonecraft » (Specimens of the Plants & Fruits of the Island of Cuba by Mrs. A.K. Wollstonecraft).

Il y a 121 pages illustrées qui présentent la flore cubaine à l’époque coloniale dans ses détails. De plus, ils sont accompagnés de 220 pages de descriptions en anglais relatant des faits historiques, l’utilisation des plantes par les autochtones, de la poésie et des observations personnelles.

Les illustrations montrent la végétation et son cycle de vie et les dissections des parties reproductrices. Une partie est recouverte et protégée par un feuillet calque.

L’ethnobotaniste Paul Cox, directeur exécutif du laboratoire Brain Chemistry Labs, dans le Wyoming a déclaré : « Je pense que le manuscrit d’Anne Wollstonecraft est d’une grande importance. Bien que les plantes qu’elle a dessinées et leurs descriptions soient généralement courantes, les notes détaillées qu’elle donne sur les utilisations [de ces plantes] par les indigènes ajoutent une toute nouvelle dimension à la compréhension de leur possible utilité, elles pourraient être utilisées aujourd’hui pour guider les chercheurs dans la découverte de nouveaux produits pharmaceutiques. »

Des dizaines d’années de recherche

Le manuscrit Spécimens des plantes et fruits de l’île de Cuba n’a jamais été publié. Et pourtant de nombreuses personnes parlaient de cette femme sur l’île de Cuba qui illustrait les plantes vernaculaires de celle-ci, mais sans jamais voir l’œuvre elle-même.

Emilio Cueto, avocat à la retraite et collectionneur, a entendu parler de ce manuscrit de botanique et est parti à sa recherche.

Comme l’ouvrage était surtout connu par le bouche-à-oreille, beaucoup de personnes ont écorché le nom de famille de l’autrice à l’écrit. Certains utilisaient son nom de jeune fille, Kingsbury. Et son prénom variait entre Anne et Nancy. Ce qui rendait la recherche difficile.

Finalement en mars 2018, Cueto trouve le manuscrit sur un catalogue de bibliothèque en ligne, avec le nom de l’autrice mal orthographié, « Wollstonecroft ». Avec l’aide de la doyenne des bibliothèques de l’Université de Floride, Judith Russell, il trouve les ouvrages originaux qui sont conservés à l’Université Cornell depuis 1923.

L’œuvre avait été donnée par Benjamin Freeman Kingsbury, professeur à Cornell et descendant de Wollstonecraft.

Anne Kingsbury Wollstonecraft

L’autrice a épousé Charles Wollstonecraft, dont la sœur, Mary Wollstonecraft était une grande défenseuse du droit des femmes. Cette dernière est la mère de la célèbre Mary Shelley (Frankenstein). Après la mort de son mari en 1817, Anne Wollstonecraft a quitté les États-Unis pour s’installer à Matanzas, à Cuba.

Elle serait morte en 1828, à l’âge de 46 ans, en laissant son œuvre inachevée, des notes non transcrites et des brouillons. « Nous avons découvert une nouvelle scientifique et artiste américaine qui a été oubliée par ces disciplines. Si elle avait vécu plus longtemps, elle aurait fait partie des figures majeures de l’illustration » précise Emilio Cueto.

Les archives de Kafka numérisées

Parallèlement en plus d’être botaniste, Anne Wollstonecraft luttait aussi pour l’amélioration du droit des femmes. Elle a publié des écrits engagés dans le Boston Monthly Magazine, sous le pseudonyme « D’Anville », notamment « The Natural Rights of Women » (les droits naturels des femmes) sorti en 1925.

Les trois volumes de Spécimens des plantes et fruits de l’île de Cuba ont été numérisés et sont accessibles en ligne.

Via Cornell Chronicle et National Geographic.