Autosuffisance Alimentaire

Une question de sécurité Nationale

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AUTOSUFFISANCE ALIMENTAIRE : UNE QUESTION DE SECURITE NATIONALE

GRANMA publie les paroles prononcées par Manuel Marrero Cruz, lors de la cérémonie de célébration du 32 ème anniversaire du Programme de l’Agriculture Urbaine , Périurbaine, et Familiale, dans la municipalité de Segundo Frente, Santiago de Cuba .


Auteur : Manuel Marrero Cruz (/archivo ?a=4045) internet@granma.cu)
16 février 2020 21:02:00

Photo : Journal Sierra Maestra

Camarades de la présidence et invités ;

Déléguées et Délégués à cette importante réunion de travail :

Il y a plus de trois décennies , le 27 décembre 1987, lors de la visite d’un centre expérimental de cultures maraîchères sur des « ondins » (°1) de compost enrichis en matière organique, à Hortifar, entité appartenant à l’Union Agricole Militaire, le Général d’ Armée préconisa d’analyser et de développer cette technique agricole .

Ainsi naquit le Programme de l’agriculture urbaine .

Des années plus tard, ce type cultures en ondins de compost fit partie intégrante de l’environnement de n’importe quel coin de Cuba, des grandes villes aux petits villages .

C’est alors que surgit l’idée, également du Général d’Armée, d’étendre ces cultures aux terres situées autour des villes, qui , pour la plupart, restaient improductives .

Vous vous en souvenez peut-être, ceci se concrétisa le 8 avril 2009, d’abord à Camaguey, dans un rayon de dix kilomètres du centre de la capitale provinciale. On l’appela agriculture périurbaine, et à bon escient, on l’intégra aux systèmes déjà consolidés de l’agriculture urbaine et familiale, sous la direction du camarade Adolfo Rodriguez, connu sous le petit nom de Adolfito, et qui avec tant de passion, sens des responsabilités, et efficacité , assuma cette tâche, pratiquement jusqu’au dernier instant de sa vie, et dont les résultats sont dus en grande partie à son engagement . Que cet événement soit l’occasion d’honorer sa mémoire .

La conception est restée invariable .. : généraliser un système de production alimentaire à partir du potentiel local, c’est à dire, en y créant ses propres technologies et intrants pour la production grâce à l’utilisation du potentiel disponible sur le territoire .

Sans doute, depuis lors, les progrès ont-ils été significatifs. Le programme s’est peu à peu consolidé comme un mouvement populaire à caractère productif extensif et selon des principes agro écologiques, par l’usage des technologies de productions durables, l’emploi de ressources locales et la combinaison de l’expérience et des traditions avec la science et la technique .

C’est un système de travail dynamique, approfondi, vertical, coordonné et dirigé à travers le Groupe National, ce qui a permis d’obtenir des résultats positifs et avec cela d’importantes économies pour le pays, en contribuant à la diminution des importations d’intrants ..

Aux moments où le gouvernement des USA a renforcé le blocus et tout indique qu’il continuera à le faire, ce projet qui concerne la production de nourriture pour le peuple, ce qui n’est pas simplement une priorité de plus, acquiert plus d’importance encore ; mais c’est une affaire vitale pour la sécurité nationale, et qui revient à préserver notre indépendance et notre souveraineté .

Aujourd’hui notre pays importe 1650 millions de dollars de produits alimentaires pour le peuple, c’est pourquoi, remplacer ces importations, est d’importance stratégique. Nous devons nous engager dans le développement de ce programme et étendre ses différentes structures de production dans nos villes , jusqu’à obtenir dix mètres carrés par habitant pour l’année prochaine . Utiliser tous les espaces disponibles dans les villes ou villages .

Les raisons ne manquent pas pour défendre cette stratégie. En premier lieu, c’est la façon la plus économique de produire des aliments. Cela peut marcher avec un minimum de transport avec moteur électrique et essence _ même sans aucun si nécessaire_ , car la population peut les acheter là où ils sont cultivés, ou bien le transport sur une courte distance permet l’emploi de moyens alternatifs .

Une autre question très importante : cela ne demande pas l’importation ni de pesticides ni d’engrais. Chaque hectare d’ondins engagée doit pouvoir compter sur une quantité d’engrais et autres intrants organiques nécessaires .

D’autre part, cette stratégie garantit l’emploi à des milliers de travailleurs, y compris les femmes et les jeunes ; elle constitue un outil élémentaire pour atteindre la sécurité alimentaire ; elle contribue à améliorer l’utilisation de l’eau et le recyclage des nutriments ; elle permet d’utiliser des espaces improductifs, en friche ou sous utilisés et est en mesure de produire les semences nécessaires, entre autres avantages .

Tout cela fait de ce programme une alternative réaliste et durable, il doit être notre référence pour parvenir à la souveraineté alimentaire et nutritionnelle de notre population .

Il est juste et nécessaire de reconnaître nos réussites, mais vous savez et vous l’avez analysé au cours de cet événement, que l’on peut encore obtenir des résultats plus importants avec les ressources disponibles aujourd’hui, si nous les employons avec le maximum de rationalité et d’intelligence.

Personne ne peut s’estimer satisfait tant qu’on ne récupérera pas jusqu’à la dernière parcelle de terre ( ondin) et jardin potager bio non utilisé, le but étant de tous les réhabiliter et de les exploiter durant l’ année en cours . De la même façon, terminer la remise en état des aires de culture protégée et semi protégée, endommagées par des phénomènes météorologiques ou par la dégradation logique après des années d’exploitation .

Il faut augmenter le rendement par mètre carré. Suffisamment d’exemples démontrent que c’est possible quand on emploie des semences de qualité et que l’on fait une constante application de substrats et d’engrais organiques, ainsi qu’une utilisation adéquate des produits bio et de l’agro technique .

L’emploi de la traction animale dans les travaux agricoles autour des villes et villages doit être une constante, indépendamment de la disponibilité ou non de combustible .Outre l’utilisation efficace de l’eau et des sources d’énergies renouvelables, comme le biogaz, les éoliennes, les panneaux solaires, la biomasse et autres alternatives, en fonction des possibilités existantes dans chaque endroit .

Nous devons continuer à y intégrer les zones en friche, recouvertes de « marabú » ((°2) et autres broussailles , aux alentours des zones habitées et des communautés.

Il est important aussi de garantir les productions tout au long de l’année ; ne pas négliger l’été sous prétexte d’un climat défavorable. Durant ces mois- là nous devons augmenter les productions plus résistantes à la chaleur comme la courgette, l’aubergine, le haricot, et le gombo, ( qimbombó) entre autres..

Il faut perfectionner la commercialisation des légumes verts frais et des fruits, en particulier auprès de la population, mais sans oublier le tourisme, la consommation sociale, la défense, et l’ordre intérieur, et nous devons même arriver à exporter quelques productions .

Dans la logique de ces projets, l’objectif est de continuer à ajuster le système d’organisation de l’Agriculture Urbaine. Il devient nécessaire d’analyser sa structure financière et de mesurer son impact, pour assurer une rentabilité adéquate et une stabilité au niveau des résultats.

La Ferme Urbaine Municipale et ses représentants des conseils populaires doivent amplement exercer leur pouvoir de regroupement entre les producteurs locaux, et à leur tour jouer le rôle au niveau productif, politique et social, pour lequel elles furent créées. Il faut travailler dur pour rétablir un réseau de commercialisation qui puisse simplifier et faciliter l’acquisition de produits agricoles directement pour la population locale .

Ceux qui ont un rôle clé dans la réussite de ce projet . : les femmes et les hommes qui font produire la terre. Il est essentiel de continuer à incorporer la force de travail à cette activité, en y intégrant des jeunes, et de perfectionner les systèmes de paiement aux résultats .

De l’Agriculture Urbaine naît aussi le programme des arbres fruitiers, qui s’est ajouté à l’approvisionnement local dans tout le périmètre de nos localités .

A propos de ce programme, le Général de l’Armée Raúl Castro Ruz a préconisé de créer une coopérative fruitière dans chaque municipalité et aujourd’hui nous avons la satisfaction de vous informer que nous avons 353 coopératives dans tout le pays, dédiées à la production de fruits pour le peuple.

En ce qui concerne la production alimentaire en général, aujourd’hui plus que jamais, nous devons renforcer la polyculture ; ce n’est pas la même chose d’investir des combustibles, fertilisants et autres ressources pour préparer la terre et semer une seule culture que d’utiliser la même chose pour deux ou trois de plus.

Camarades,

Nous nous sommes engagés à garantir 30 livres mensuelles de tubercules (viandas) (°3)et légumes pour chaque compatriote, et sur ce nous en avons atteint 20 en 2019. Nous réaliserons cet objectif en moins de temps si nous continuons à développer les aires de production, depuis la cour, le jardin potager, les potagers urbains géants, et l’agriculture périurbaine, jusqu’aux grands pôles de production.

Pour cela, il faut continuer à produire des semences de grande qualité. Les centres de recherche présentent déjà des résultats positifs avec des semences mieux adaptées à notre climat, qui augmentent les rendements et réduisent même les cycles de production.

Un autre objectif est de garantir à chaque cubain cinq kilogrammes de protéine animale par mois, et l’année dernière nous avons atteint seulement 200 grammes. Il est insoutenable de prétendre augmenter la production de protéine animale à base d’aliment complet et de matières premières importées ; pour lesquelles nous investissons aujourd’hui 450 millions de dollars. Produire de l’alimentation animale est aussi prioritaire que celle destinée à la consommation des personnes .

Les cubains, nous avons hérité comme tradition alimentaire d’une diète composée de quatre produits de base : riz, haricot, tubercules ( viandas), et protéine, ce à quoi il faudrait ajouter les légumes verts ou salades. Parmi ceux - là, aujourd’hui, nous n’en maîtrisons qu’un : les tubercules ( viandas.) Nous importons une partie importante du riz, et dans une moindre mesure des haricots et produits carnés, bien que aussi dans des volumes considérables, et même un certaine quantité de produits végétaux et de légumes .

Notre futur doit s’orienter vers la réalisation de sa souveraineté alimentaire. Cela , nous devons nous le proposer par étapes, les plus brèves possibles étant le mieux, planifiées et bien coordonnées de façon intégrale au moyen de plans réalistes.Et précisément, les produits maraîchers, les légumes verts, et les haricots sont les produits que, à court terme, nous pouvons cesser d’importer

Nous sommes convaincus que ce programme continuera à se développer et jouera un rôle important et irremplaçable dans la concrétisation de ces objectifs stratégiques.

Nous vous félicitons pour les résultats obtenus en 2019 et vous exhortons à continuer à avancer en étant une référence nationale dans la production d’aliments pour le peuple et démontrant par là que Oui on a pu , Oui on peut , et On pourra Toujours ..

Merci beaucoup.

°1 : « Canteros » : parterres, ondins : bandes de terre de compost pour l’horticulture .

°2 : « Marabú » : plante invasive à Cuba, transformée en charbon de bois.

)3 : « Viandas » : ce mot cubain désigne les légumes « racines, à tubercules , rhizomes, courges, comme le « boniato » : patate douce ; la « malanga » : taro qui se consomment cuits .

http://www.granma.cu/cuba/2020-02-16/autoabastecimiento-alimentario-un-asunto-de-seguridad-nacional-16-02-2020-21-02-00