Coronavirus : Cuba expédie ses médecins aux quatre coins du monde

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Publié par COURRIER INTERNATIONAL d’après un article du "El Nuevo Herald" supplément du Miami Hérald.

"En ces temps de pandémie, certaines îles caribéennes comme la République dominicaine, Haïti, la Barbade, la Jamaïque et bien d’autres ont appelé au secours leur voisin cubain – plutôt que les États-Unis, note El Nuevo Herald.

Le journal hispanophone installé à Miami fait ce constat :

Malgré les critiques des États-Unis, la diplomatie médicale cubaine s’impose dans les Caraïbes.”

En une seule semaine, fin mars, détaille le journal, Cuba a envoyé chez ses voisins caribéens quelque 473 médecins et autres membres du personnel soignant, et encore ne s’agit-il que d’une petite partie du contingent de solidarité médicale du régime cubain à l’échelle internationale."

Des médecins et infirmiers cubains arrivant près de Milan en Italie, le 22 mars 2020 pour aider ce pays à lutter contre le Covid-19 ; REUTERS/Daniele Mascolo

De fait, des pays comme le Togo ou l’Angola, en Afrique, l’Italie, en Europe, et bien d’autres en Amérique latine et dans les Caraïbes ont reçu des équipes médicales cubaines pour les aider à lutter contre le Covid-19. Ces jours-ci, plus de 1 000 soignants cubains auraient été détachés vers 18 pays tiers dans le cadre de la pandémie.

Un message politique

En ce qui concerne l’Amérique latine, “il s’agit là de l’un des déploiements d’aide médicale les plus considérables et les plus rapides dans l’histoire de la ‘solidarité’ médicale concédée par Cuba”, constate El Nuevo Herald.

Si le journal met en exergue le mot “solidarité”, c’est pour souligner le message politique qu’envoie ainsi Cuba à ses détracteurs, les États-Unis en tête :

Selon les observateurs de la région, contrairement à ce que les États-Unis ont essayé de démontrer […], Cuba et ses brigades médicales sont toujours appréciées et jugées nécessaires.”

Les États-Unis, rappelle El Nuevo Herald, avaient critiqué les conditions de travail des médecins cubains à l’étranger, notamment après que certains pays comme le Brésil, l’Équateur et la Bolivie d’après Evo Morales eurent renvoyé ces équipes cubaines de soutien à leur système de santé.

Les médecins cubains constituent clairement, à leur corps défendant, un levier dans l’affrontement idéologique entre le régime de Cuba et ses ennemis.

Ainsi, le département d’État américain a-t-il écrit dans un tweet, fin mars, que “le gouvernement cubain [retenait] la plus grande part du salaire de ses médecins et infirmiers en mission à l’étranger, tout en les exposant aux conditions de travail les plus extrêmes”, rappelle le journal citant l’institution américaine.

Des prestations salvatrices pour Cuba

Les îles caribéennes, quant à elles, n’ont cure de ces critiques, souligne El Nuevo Herald, rapportant par exemple les propos du Premier ministre d’Antigua-et-Barbuda, Gaston Browne :

Il nous semble étonnant que ce programme qui nous aide à apporter des services médicaux à notre population soit jugé par d’autres comme de la traite d’êtres humains.”

Pour enfoncer le clou, M. Browne ajoutait que “ceux qui voudraient que nous fassions [différemment] devraient s’engager à combler le vide” que laisserait l’absence de médecins cubains.

Le dirigeant, comme plusieurs autres dans les Caraïbes, reproche ainsi aux États-Unis leur absence d’aide médicale dans la région en cette période critique, bien qu’ils aient, en revanche, fourni des aides financières.

À Cuba, commente El Nuevo Herald, le régime sort gagnant de sa stratégie d’aide médicale internationale. Cette approche consolide la réputation de professionnalisme de ses équipes de soignants, ainsi que son image de pays solidaire. Mais elle apporte aussi un chiffre d’affaires non négligeable au milieu de la tourmente économique qui a mis fin, pour l’instant, au tourisme, grand pourvoyeur de recettes sur l’île. En 2018, rapporte le journal, “l’exportation de services médicaux a constitué la ressource la plus importante de l’île, avec 6 milliards de dollars de recettes”.

Lire l’article original

Fondé en 1977, le titre est une véritable référence pour la communauté latino-américaine de Miami. C’est le deuxième titre hispanophone le plus lu aux Etats-Unis. Lancé en 1977 comme supplément du Miami Herald, El Nuevo Herald