Volley-ball. Ligue AF. Yaremis Mendaro, nouveau bras armé du VB Nantes

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Entretien recueilli par Julien Soyer (Ouest-France)
Publié dans Ouest-France le 19 mai 2020

L’athlétique et spectaculaire cubaine est la nouvelle recrue nantaise. Yaremis Mendaro, 26 ans, va succéder à Lucille Gicquel à la pointe de l’attaque du VB Nantes.

L’attaquante Yaremis Mendaro, ici avec Quimper contre le VBN, va désormais conduire l’attaque du club nantais (Photo Alain Vermeulen / Ouest- France)

Comment avez-vous passé cette période de confinement ?

Je vais bien. Dans ma ville, le confinement n’était pas obligatoire. Cependant, j’estimais qu’il fallait absolument rester à la maison pour se protéger. J’ai passé mon temps à regarder des films, à partager pleins de bons moments avec ma famille. J’ai aussi pris le temps pour voir quelques amis dans mon quartier. Sans oublier de m’entraîner.

Comment est vécu le Coronavirus à Cuba ?

Le gouvernement recommande de rester le plus possible à la maison et certaines régions sont soumises à une quarantaine obligatoire, les transports en commun sont fermés, comme les magasins et les centres commerciaux. Toutes les activités amenant du public sont suspendues. Les médecins et les infirmières visitent les maisons plusieurs fois par semaine pour voir comment va la population et si certaines personnes présentent des symptômes.

Quels sont les impacts pour le pays ?

Il y a un manque de ressources économiques en raison du manque de production auquel le pays est confronté en période de gel de l’activité, nous essayons de faire de notre mieux pour surmonter cette situation. En ce moment nous avons 1 840 cas positifs avec 79 décès et 2 497 personnes suspectées. Mais bonne nouvelle, 1 496 personnes sont en phase de guérison.Les Cubains sont des gens humbles et simples. Nous aimons la musique et la danse et sommes accueillants envers les touristes.

Pourquoi avez-vous choisi de signer au VB Nantes ?

C’est un grand club. De plus j’apprécie le coach de l’équipe. La perspective de disputer pour la première fois de ma carrière la Ligue des Champions a été un argument primordial. Je ne cache pas non plus que revenir dans ce pays me fait énormément plaisir. J’en ai gardé de bons souvenirs lors de mes saisons à Amiens (2015-2016) et à Quimper (2016-2017). J’aime beaucoup la façon de vivre en France.

Qu’avez-vous retenu de vos saisons en Serie A2 italienne (Ravenne et Baronissi) et en Grèce (Thiras) ?

L’Italie est un très bon championnat, même en deuxième division le niveau est élevé et il y a de très bonnes joueuses. Chaque match est une bataille car toutes les équipes sont équilibrées et tout le monde veut gagner. Il y a de longs échanges et toutes les joueuses se battent jusqu’à la mort pour chaque balle. En Grèce, le niveau du championnat progresse et est très intéressant. C’est avec Thiras que j’ai joué la Coupe d’Europe, la Challenge Cup. Ce fut une expérience très riche.

Comment avez-vous commencé le volley ? Quelle relation entretenez-vous avec ce sport ?

Plus qu’un travail, le volley-ball est une passion. C’est la raison pour laquelle je quitte ma maison et ma famille chaque été pour voyager à l’autre bout du monde. Un de mes oncles à joué un rôle essentiel pour que je commence le volley-ball. Il m’a beaucoup aidée dans mon développement et m’a accompagnée à mes débuts. Lui n’est jamais devenu pro pour autant…

Parlez-nous un peu de votre enfance ?

Je suis née à La Havane et j’ai quitté Cuba pour la première fois quand j’avais 16 ans, pour mon premier voyage avec l’équipe nationale junior. En revanche, j’ai quitté mon pays pour évoluer comme joueuse professionnelle à 19 ans. J’ai alors joué en Indonésie, à Gresik Petrokimia (2014-2015).

En enfin pour finir, peux-tu nous parler du volley à Cuba et de la vie cubaine ?

Le volley-ball cubain est très physique et offensif. Ça attaque fort, c’est puissant et c’est bon au block. Cependant, nous sommes assez faibles en réception et en défense. Ce sont nos caractéristiques depuis des années…

Que penses-tu des joueurs comme Juantorena et Léon qui ont décidé de changer de nationalité et de ne pas représenter l’équipe cubaine ?

Ils ont fait ce qu’ils pensaient être juste pour réaliser leurs rêves et devenir ce qu’ils sont, deux des meilleurs joueurs du monde. Parfois vous devez prendre des décisions difficiles mais je pense que ce qu’ils ont fait était nécessaire pour devenir ce qu’ils sont.

Cyril Ong : « Sur le terrain, elle met le feu »

Remplacer Lucille Gicquel, partie chez le géant italien Conegliano, n’était pas une mince affaire. Les enjeux étaient à la fois sportifs et économiques. Cyril Ong et le staff du VB Nantes ont jeté leur dévolu sur la Cubaine Yaremis Mendaro, 26 ans (1,89 m). « Elle est athlétique, spectaculaire, commente Cyril Ong, l’entraîneur du VBN. Sur le terrain, elle met le feu. »

L’enfant de La Havane est également surprenante. « Gauchère, elle trouve des angles assez fous, appuie Cyril Ong. Elle sert smashé, joue haut et vite. » Travailleuse, sérieuse, l’ancienne pointure de Quimper possède aussi une réelle marge de progression. « C’est toujours un critère de poids chez nous », ajoute Cyril Ong, satisfait de son recrutement.

Un recrutement un peu plus audacieux que prévu, dicté par les incertitudes économiques et les volontés de certaines joueuses de poursuivre l’aventure ailleurs. « Individuellement l’équipe est peut-être un peu moins forte que l’an dernier, mais elle est très bien équilibrée. »