Dans le marais aux mille merveilles, à Cuba (2)

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 La Ciénaga de Zapata (Marais de Zapata) enchante par sa nature préservée et l’abondance de sa faune et de sa flore. Pour faire suite à notre premier article sur la région, voici plusieurs nouvelles balades et visites réalisées l’automne dernier dans le cadre de Turnat (le congrès International du Tourisme de Nature à Cuba). De jolies surprises sont au rendez-vous…

Retour, donc, dans la Ciénaga de Zapata, au centre de Cuba. Au fait pourquoi ce nom de « Zapata »? En espagnol, il signifie “chaussure”. Il s’agit donc du Marais « de la chaussure » tout simplement parce que la péninsule où il s’étend a la forme d’un soulier pointu !

Ce drôle de nom ne doit pas cacher l’intérêt de ce site naturel. En effet, il recèle pas loin d’un millier de types de plantes. De très nombreuses espèces d’oiseaux et de poissons (brochets, black-bass… de très grande taille). Des crabes, des reptiles, des invertébrés en veux-tu en voilà! La nature y est reine sous tous ses aspects avec comme point commun pour toutes les aventures que l’on voudra y mener : l’eau.

Crabe de terre ©Valérie Collet

Le sentier Enigma de las Rocas : crabes de terre et mini-croco…

Cette petite promenade d’une heure (2 km), baptisée « Énigme des Roches », offre une immersion rapide et profonde dans une nature très sauvage. Elle n’est pas difficile. Toutefois, chacun, armé de bonnes chaussures, devra garder un œil sur le sol pour enjamber les troncs, éviter les trous dans la roche ou les enchevêtrements de racines barrant le chemin. Efforts qui seront vite récompensés.

Ce qui s’offre tout d’abord au regard, ce sont les nombreuses essences d’arbres : le cèdre, l’acajou, l’ébène. Ou encore ces espèces endémiques que sont les soplilloguairaje ou canelilla (ils servent d’antiseptique ou pour les soins de la peau).

Première rencontre sympathique: une armée de crabes de terre. Leurs carapaces arborent des couleurs chatoyantes : de l’orange vif, du jaune et du rouge vermillon associés au noir.

Entre avril et juillet, ces drôles de bêtes donnent lieu au spectacle insolite de leur migration vers la mer. Elles traversent le paysage par dizaines de milliers. Pondent leurs œufs dans la mer pour revenir ensuite dans les terres, un aller-retour spectaculaire qui va jusqu’à bloquer les routes !

Cenote” ou piscine naturelle ©V.Collet

Poursuivons. Voici les Cenotes, ces plans d’eau assez réputés, qui déclinent toutes les nuances de vert, d’ocre et de bleu. Piscines naturelles creusées dans la roche (on peut s’y baigner), elles communiquent de façon souterraine avec la mer et ont créé un écosystème bien particulier. De nombreuses espèces de poissons y vivent.

Petit crocodile dans son marais… ©Valérie Collet

Avec un peu de chance, on y apercevra le fameux manjuari, rare poisson fossile datant de 25 millions d’années et qui peut atteindre 2 mètres. À défaut, un autre animal préhistorique vous attend un peu plus loin dans son petit marais privé… C’est un crocodile de taille modeste, tranquille et presque toujours fidèle au rendez-vous. Pour qu’il ne vous mordille pas les pieds, il se laissera observer… depuis un ponton!

Point de départ du chemin : Latitude : 22.073. Longitude : -81.057

L’élevage de crocodiles : place aux molosses !

L’élevage et la ferme de crocodiles se trouvent dans un lieu nommé la Boca (la Bouche). Ils sont une des grandes attractions de la Ciénaga de Zapata et visent surtout à la repeupler. L’espèce Crocodylus rhombifer, en effet, est dangereusement menacée, le Marais n’en comptant plus que 3 à 6000 spécimens.

Conservés dans des enclos plus ou moins grands (certains comportent un vaste plan d’eau), ces monstres issus de la préhistoire et ouvrant grand leur gueule pendant des heures en se marchant plus ou moins dessus, offrent un impressionnant spectacle. On peut les observer à tous les âges : bébés quand ils mesurent 15 cm. Ou adultes quand ils atteignent 3 mètres de long et pèsent 250 kilos !

Élevage de crocodiles ©Valérie Collet

Le crocodile cubain peut se reproduire dès l’âge de 6 ans. Il a une durée de vie de plus de 50 ans. Dans la nature, il mange surtout des poissons et des tortues sans s’embarrasser d’enlever la carapace… En captivité, on le nourrit, une ou deux fois par semaine, de porc, de bœuf ou de crabes.

Si vous n’êtes pas trop apitoyés par le sort de ces reptiles aux dents longues et que votre curiosité titille vos papilles, sachez que leur viande est très tendre et goûteuse. Certains restaurants en proposent au menu!

 

Indiens taïnos : à la recherche du trésor perdu…

La Lagune du Trésor est un superbe lac entouré de marécages. Pour le découvrir, il faut embarquer à la Boca (là où se trouve l’élevage de crocos) sur un bateau à moteur, le long d’un chenal bordé de palétuviers et de nénuphars. Lentement ou à grande vitesse (selon le capitaine…), on parcourt une dizaine de kilomètres dans un paysage qui évoque l’Amazonie. Destination : la Aldea Taina de Guama, une petite île sur laquelle a été reconstitué un village de Taïnos. Ces indiens dont toute la vie était liée à la nature vivaient dans la région avant l’arrivée des conquistadors. Selon la légende, ils auraient jeté leur trésor dans l’eau à ce moment crucial de l’Histoire, donnant son nom à la lagune…


Acteurs, île des Taïnos ©Valérie Collet

Quelques huttes et une vingtaine de sculptures évoquent leurs différentes activités et leur mode de vie (capture d’oiseaux, pêche au crocodile, poterie, tissage…). Une petite troupe d’acteurs, après avoir choisi deux personnes dans le public, jouera pour vous une cérémonie de mariage avec couronnes et bouquets de fleurs fraiches.

PLUS D’INFOS

Ranchon El PescadorY aller: environ 3 heures de route depuis La Havane

Se loger: Hôtel Horizonte Playa Giron*** (Cubanacan). Bungalows simples; piscine, jolie plage. Bon petit déjeuner et restaurant-buffet. Tél.: +53 45 984 110.

Se restaurer: Ranchon el pescador à Playa Larga (photo). Tél.: +53 45 987 114. Situé au bord d’une jolie plage. On pourra y manger du crocodile et d’excellents légumes.

Cet article a été réalisé dans le cadre du congrès de Tourisme de Nature Turnat 2019. Tous nos remerciements à Raul Naranjo Aday, directeur général d’Ecotur, et à Danay del Rosario Perez Reina qui nous ont permis de faire ce reportage. De même à Pierre Boudot-Lamotte, collaborateur pour la presse de l’Office de tourisme de Cuba et directeur du magazine Destination Cuba.