Diaz-Canel : nous agissons sur la chaîne des « coleros », revendeurs, accapareurs et contre tous ceux qui trafiquent illégalement des devises.
Par : Randy Alonso Falcón, Oscar Figueredo Reinaldo, Lissett Izquierdo Ferrer, Edilberto Carmona Tamayo, Dinella García Acosta, Lisandra Fariñas Acosta
Publié dans Cubadebate le 4 août 2020
Les autorités cubaines ont engagé la lutte contre « les organisateurs » des queues (« colas » en espagnol) devant les magasins qui sont massivement réapparues avec la gestion de la crise sanitaire du COVID-19. La vente des (bonnes) places peut atteindre jusqu’à 100 CUC. Ces « organisateurs sont appelés « coleros ». Un trafic réprimé sévèrement. Plusieurs centaines de ces margoulins seraient déjà condamnés et seraient emprisonnés.
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NdT : Cette traduction ne reprend pas la totalité de l’article original, ce dernier comportant de très nombreuses répétitions délayées dans la reprise des interventions de chacun des participants au cours de la Mesa Redonda. En revanche, nous nous sommes attachés à reprendre tous les thèmes évoqués afin de rendre une information claire et la plus complète possible.
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Il y a presque 5 mois que la vie a changé pour tous les cubains. Le premier cas de COVID-19 rapporté dans le pays est apparu le 11 mars 2020 et cela a tout modifié.
Commencèrent alors la confrontation avec la pandémie et conjointement, les efforts pour lutter contre le manque d’approvisionnement, les limitations financières imposées par la quasi paralysie de l’économie et l’intransigeance du blocus imposé par les Etats-Unis.
Au milieu de ce panorama, le combat contre les illégalités est une question essentielle. Détournement de ressources et hausse injustifiée des prix s’ajoutent aux accapareurs, aux revendeurs et aux « coleros » en tant qu’éléments qui portent tort à la société. Ce mardi, ces questions sont abordées par la Mesa Redonda, un espace qui sert également à montrer de nouvelles tentatives et stratégies pour lutter contre un phénomène qui est central dans l’opinion publique.
Diaz-Canel : Nous agirons sans laisser la moindre place à l’impunité
Dans une projection présentée au cours de la Mesa Redonda, le Président cubain Miguel Diaz-Canel a indiqué que toutes les forces révolutionnaires participeront à la lutte contre les activités économiques illégales, « nous devrons donc préparer le personnel ».
En se référant aux « coleros », accapareurs et revendeurs, il a rappelé que ce sont des personnes qui ont agi en toute impunité. « si le problème a atteint un tel niveau, pourquoi n’y faisons-nous pas face immédiatement ? » a-t-il reconnu.
Il existe un certain nombre d’éléments qui caractérisent la façon d’agir dans cette situation : « Nous n’agissons pas contre les anciens ou la personne humble qui a besoin de faire la queue une, deux ou trois fois pour résoudre ses problèmes, nous n’agissons pas ici contre celui qui fait la queue. Par conséquent, il faut bien expliquer le terme de « colero ».
Nous agissons, a poursuivi le Président, contre les personnes qui font la queue pour en tirer bénéfice et qui encouragent l’activité économique illicite », en ajoutant qu’être complaisant avec ces pratiques « ne conduit à rien de bon pour la société, au contraire, cela complique tous les processus et dérange les personnes humbles qui sont la majorité de notre population ».
Des considérations mal intentionnées disent que cette action ne sera que passagère. En cela, Diaz-Canel a assuré que « nous commençons cette bataille et nous la poursuivrons ».
Il a également informé de la décision du Gouvernement de créer des structures au niveau territorial pour affronter la corruption et les illégalités, d’abord de façon prophylactique mais lorsque nous serons face à des cas de récidive, on agira avec la plus grande rigueur possible, en accord avec la loi.
« Nous agirons sans laisser de place à l’impunité, avec sévérité mais avec toute la justice qu’il faut défendre dans de tels cas. Je suis sûr que dans tous les cas contre lesquels nous allons agir, la culapbilité et la légalité seront prouvées ».
Diaz-Canel a insisté en disant qu’ils agiraient « sans exagération et de façon proportionnée, de manière réfléchie, coordonnée et bien ciblée », tout en annonçant que seront créés des groupes de travail pour mener à bien cette tâche et qu’un suivi permanent sera assuré.
Le Président a dénoncé le fait que les « coleros » ne peuvent être les maîtres des queues. « Il faut leur retirer ce droit qu’ils se sont attribué et les identifier pour qu’ils soient reconnus » de façon « que la queue s’organise avec les gens qui arrivent sur le lieu ».
Le défaut d’approvisionnement ne peut être la cause des illégalités
Il a évoqué ceux qui faussement parlent de victimisation des « coleros ». « Nous n’agissons pas uniquement sur le « colero », nous agissons sur tout une chaîne constituée par le « colero », le revendeur, l’accapareur et celui qui trafique des devises illégalement. Le « colero » agit pour soutenir l’activité d’un revendeur et d’un accapareur ».
Il a fait référence à un élément qui ressort systématiquement des enquêtes d’opinion en lien avec les « coleros », « c’est très blessant, surtout pour les gens qui travaillent ».
L’un des arguments avancés par ceux qui ont la prétention de diviser le peuple cubain, c’est de lier ce phénomène au défaut d’approvisionnement, « ce qu’ils n’associent pas au blocus mais à de supposées incompétences du Gouvernement et de l’Etat cubain ».
« Nous avons été les premiers à reconnaître le manque d’approvisionnement en tant que Gouvernement et dans la situation présente, nous tentons de distribuer un peu plus que ce qui se fait ». Mais « le défaut d’approvisionnement ne peut être une raison pour qu’il y ait des pratiques illégales, c’est une allégation malhonnête ».
Dans ces circonstances d’un manque de ressources, « nous ne pouvons accepter de vivre dans le désordre, au contraire, nous devons nous mobiliser pour plus de solidarité, de compréhension et de soutien entre tous. Lorsque l’on pense à des solutions, on les pense pour tout le monde ».
Diaz-Canel dit qu’il y en a qui pensent que « ce type de pratique doit exister ». Un groupe de personnes peut avoir des désirs et la possibilité de payer plus cher le produit dont il a besoin, ce qui est « totalement élitiste et vaniteux ».
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Le Premier Ministre : Nous devons poursuivre le renforcement des mesures à La Havane
Au début de son intervention dans l’émission, le Premier Ministre Manuel Marrero Cruz a souligné que « le peuple cubain a toujours été un protagoniste des principales batailles livrées par la Révolution. Il a toujours été accompagné dans ce projet social que nous avons défendu et choisi ensemble ». Il a rappelé la récente bataille contre la COVID-19 dans laquelle l’apport de la population a été décisif. « Nous n’aurions pas pu atteindre les niveaux de contrôle que montre le pays sans le soutien décisif du peuple », a-t-il ajouté.
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NdT : La suite de son intervention concerne la gestion de la crise sanitaire dont nous avons publié de très nombreux articles en détaillant les situations dans plusieurs villes du pays comme Mayabeque, Matanzas, Bauta et Artemisa mais en insistant sur le fait suivant : « Tant qu’ils n’auront pas résolu cette crise sanitaire à La Havane, Cuba ne pourra rétablir ses relations avec le monde ». Puis il revient sur la question centrale de l’émission : la délinquance autour de l’accès aux denrées alimentaires principalement et du trafic de devises.
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Manuel Marrero : Nul n’a le droit de s’enrichir sur le dos de notre peuple
Il en est résulté un plan d’action du Gouvernement pour accroître la lutte contre les illégalités et parmi elles, le phénomène des « coleros », accapareurs et revendeurs.
A partir du contexte généré par la COVID-19, il y a trois axes de travail. D’abord il y a le plan des mesures contre l’épidémie (en trois étapes), le second concerne la stratégie économique et sociale approuvée pour affronter l’impact de la crise internationale sur le pays.
“Nous sommes conscients que nous avons des problèmes graves” a reconnu le Premier Ministre et il a insisté sur le besoin d’augmenter la production d’aliments, de réhabiliter l’industrie nationale compte tenu de la nécessité de diminuer les importations ».
Le troisième axe est constitué par la lutte contre ce qui est établi, les illégalités. « Nous avons renforcé la lutte contre ces personnes qui ont tenté de s’enrichir sur le dos des besoins de notre peuple ».
Il a ensuite souligné le soutien de la population et a ajouté que celle-ci sera informée des mesures qui seront prises, quelles sont les personnes impliquées, qu’elles soient privées, ou fonctionnaires de l’Etat ou des entreprises. On parle d’un « phénomène incompatible avec la société dans laquelle nous vivons. Nul n’a le droit de s’enrichir sur le dos de notre peuple ! ».
Les illégalités revêtent différentes formes. L’une d’elles est apparues avec la réapparition des queues « qui ne sont pas un phénomène nouveau, nous les avons vues dans les pays développés compte ten des circonstances générées par la COVID-19 ».
« Le problème est comment organiser cette queue pour que ce ne soit pas un lieu de risque dans cette pandémie et surtout que cela ne devienne pas un commerce illicite d’un groupe de personnes, c’est ce qui est advenu ».
Marrero Cruz a dénoncé cette augmentation des « coleros » qui font la queue pour en tirer bénéfice et se livrer à des activités économiques illicites car derrière lui, viennent l’accapareur puis le revendeur ».
Même si nous avons pu freiner ce phénomène avec l’action de la Police Nationale Révolutionnaire et les Forces Armées Révolutionnaires, « nous ne parvenons pas toujours à mobiliser toutes les forces de la société pour l’empêcher ».
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Les « coleros » se sont autoproclamés « les organisateurs de la queue » et ont cherché différentes formes pour le faire comme porter un masque, en se cachant dans des maisons et y compris en montant dans les arbres alentour ».
Il a également posé la question de ceux qui se désintéressent de ce qui se passe dans des locaux qu’ils louent à d’autres. Car dans certains cas, ces locaux servent à entreposer illégalement des marchandises.
« Nous n’avons rien contre le fait que quelqu’un loue une maison, une chambre ou un garage. C’est légal. En revanche, nous ne sommes pas d’accord pour que ces loueurs se désintéressent de l’usage fait de cet espace qu’il a loué.
Concernant les « coleros », il a ajouté que « parfois ils se mettent d’accord avec un employé de l’établissement, ils stockent les marchandises et les cachent dans une maison ou un lieu de travail proche. Ils revendent ensuite par téléphone ou sur les réseaux sociaux au double ou triple du prix ».
Il ya aussi le « colero » qui se consacre à vendre les places dans la queue, certaines au prix de 100 CUC, selon le magasin ou le produit que l’on veut acheter.
Quant à l’accaparement, un phénomène que l’on voit principalement sur les boutiques en ligne et les MLC*, il a ajouté que « s’y sont consacrées des personnes sans scrupules et qui ont développé une activité économique illicite lorsqu’elles achètent des marchandises en grande quantité à l’extérieur pour les revendre ensuite dans le pays ».
NdT : *MLC : Monnaie Librement Convertible : cette dénomination concerne un processus qui a été mis en place pour « récupérer » les devises entrant dans le pays par la voie individuelle. La personne qui souhaite acheter dans ces boutiques doit se rendre dans un lieu de change où il lui est remis une carte magnétique en échange des espèces sonnantes et trébuchantes quelle que soit la devise. Cette carte est ensuite « consommable » au fur et à mesure des achats. Ce dispositif s’intègre dans le processus de suppression du CUC.
Le plan de lutte contre les illégalités a été approuvé pour 2979 établissements commerciaux
Marrero Cruz a signalé que plus de 1300 personnes se livrant à ces activités on été détectées. Face à de tels cas, on applique d’abord des mesures prophylactiques et au final, les mesures pénales qui correspondent. Il a insisté sur la fait que revendre des marchandises est légalement qualifié de délit d’activité économique illicite. Il indique qu’environ 280 personnes ont été pénalement poursuivies pour récidive après avoir été mis à l’amende. « Quand des personnes assument des actes d’incompréhension, notre main ne peut pas trembler pour appliquer les mesures de justice correspondantes.
L’étude du phénomène par le Gouvernement est le point de départ d’un ensemble de mesures. Quelques 11 institutions nationales ont participé à ce plan dont l’objectif est de lutter contre les « coleros », les revendeurs, les accapareurs et également combattre le trafic illégal de devises.
L’analyse de ce plan par le Conseil des Ministres a été faite en présence du Général d’Armée Raùl Castro qui a partagé des idées telles que la mise en place de ce processus « nécissite beaucoup d’organisation et dont être une opération concrète et populaire »…
Le Premier Serétaire du Parti a décidé que les FAR s’intégreront au dispositif et a précisé que les Comités de Défense de la Révolution (CDR), la Fédération des Femmes Cubaines (FMC) et la Centrale des Travailleurs Cubains (CTC) soient au cœur de cette opération.
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Il a également indiqué que le Gouvernement doit diriger cette lutte qui doit être durable pour faire face chaque fois qu’un rebond de ces activités illicites est constaté.
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NdT : La suite de l’article reprend les interventions du Coordonnateur National des CDR, Carlos Rafael Miranda Martinez, du Colonel Eddy Sierra Arias, Chef en second de la Direction Générale de la Police Nationale Revolutionnaire, et de la Vice-Gouverneure de La Havane, Yanet Hernández Pérez. Tous trois apportent des précisions sur la participation spécifique de leur organisation ou institution respective à la lutte contre ce fléau.
Carlos Rafael Miranda Martínez, Coordinador Nacional de los CDR ; Colonel Eddy Sierra Arias, Chef en second de la Direction Générale de la Police Nationale Révolutionnaire ; Yanet Hernández Pérez, Vice-Gouverneure de La Havane.
Vendredi 31 juillet 2020, une réunion a été tenue avec les principaux responsables de différentes institutions et le plan de lutte contre les illégalités a été approuvé, a indiqué le Premier Ministre. Ce plan est mis en place depuis le 3 août. L’article détaille le nombre de groupes constitués à travers le pays et les actions à mener.
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Les uns et les autres insistent sur le fait que ce plan est destiné à protéger la population et garantir un accès équitable aux denrées principalement alimentaires et non pas comme une » privation de liberté pour arrondir leurs fins de mois » comme le disent certains.
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Manuel Marrero Cruz affirme : « Ceux qui veulent détruire la Révolution prétendent victimiser ces personnes. Comment peut-on qualifier de victime quelqu’un qui cherche à s’enrichir et profite de la situation complexe créée par la COVID-19 et la crise économique dans une période ou l’empire (NdT : Les Etats-Unis) ne cesse d’annoncer une nouvelle mesure chaque semaine » ?
En ce sens, le Premier Ministre a rappelé les paroles du Commandant en Chef le 17 novembre 2005 : « Ce pays peut s’autodétruire ; cette Révolution peut être détruite. Ceux qui ne peuvent la détruire, ce sont eux ; nous oui, nous pouvons la détruire et ce sera notre faute ».
Dans l’article, la conclusion revient à Yanet Hernández Pérez, Vice-Gouverneure de La Havane.
« C’est dans notre capacité de cadres d’appréhender la situation et coordonner les différentes forces, la combinaison du travail de conviction et de prévention que réside la succès de cette lutte.
Et elle rappelle avec insistance qu’à partir de l’unité populaire, La Havane agira avec rigueur : « Nous ne pouvons laisser la rue à ceux qui veulent nous imposer le désordre… ».