La réorganisation monétaire à Cuba et le travail nécessaire

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Les Cubains ont bénéficié pendant près de six décennies de biens et de services à haute valeur sociale subventionnés par l’État sans aucune discrimination, mais aujourd’hui, la réorganisation monétaire renverse cette politique sans en modifier l’essence fondamentale.

Beaucoup disent que c’était peu ce qui était délivré par le biais d’un panier de base standard (carnet d’approvisionnement), auquel tout le monde avait droit, travaillant ou non, mais bien que les contraintes économiques du pays l’aient empêché d’être plus abondant année après année il garantissait ce qui est indispensable pour se nourrir.

On ne peut pas non plus oublier que ces avantages comprenaient les services électriques, téléphoniques et de transport, les médicaments, la santé, l’éducation à tous les niveaux de l’enseignement, en plus de garantir la sécurité sociale pour ceux qui terminent leur vie professionnelle et l’assistance sociale aux secteurs vulnérables, entre autres bénéfices.

Cette politique publique n’a pas changé ses principes de base avec la réorganisation monétaire, en vigueur depuis le 1er janvier, parce que protéger les plus démunis et ne laisser personne sans protection est plus que jamais d’actualité, mais il s’agit d’éliminer des gratuités indues et des subventions excessives.

Une des lignes de ce processus à Cuba est de maintenir un groupe d’aides importantes aux produits et services dans la phase initiale, et pendant une année analyser chaque cas et situations spécifiques pour concrétiser des mécanismes de prise en charge des personnes et non des produits.

Comme l’a exprimé Marino Murillo, membre du Bureau Politique du Parti Communiste de Cuba et chef de la Commission de Mise en Œuvre des Directives, ’il est préférable de donner à tous, même si certains n´en ont pas réellement besoin, plutôt que d’enlever à quelqu’un dans le besoin ; d’autant plus qu’il y a beaucoup de subventions et de gratuité existantes et que la société n’était pas préparée à cela, d’où la gradualité’.

C’est pourquoi il reste le livret d’approvisionnement comme mécanisme de distribution pendant le temps nécessaire pour assurer que les produits de première nécessité parviennent à la population ; mais avec des prix sans subvention pour réguler la consommation face au déficit significatif d’offres.

Il reste 29 milliards de pesos en subventions, comme Murillo l´a précisé, et parmi les exemples les plus significatifs figurent les produits pour les enfants de 0 à 6 ans (3 milliards 609 millions), pour les femmes enceintes (252 millions), et le lait et la viande de bœuf pour les autres régimes alimentaires accordés pour les maladies chroniques (2 milliards 337 millions).

Ainsi, les enfants, les personnes malades et les personnes âgées continueront à être protégés par les subventions de l’État. Mais sans renoncer au caractère social et juste des politiques publiques, la réorganisation monétaire à Cuba impose des formes différentes de distribution des richesses en favorisant le travail comme principale source de revenus de la population.

Sur l’île, un taux de change unique de 24 pesos cubains pour un dollar a été appliqué, la circulation légale du peso convertible a cessé, des subventions et des gratuités ont été supprimées et il y a eu une réforme générale des salaires avec des augmentations significatives dans les secteurs étatiques et des entreprises, ainsi que pour les pensions. Ce processus est accompagné d’une dévaluation monétaire et de l’inflation correspondante.

En termes de revenus, la première chose qui est voulue est de retrouver le rôle du salaire dans la satisfaction des besoins du travailleur et de sa famille.

En outre, cela rompt un grand cercle vicieux qui existait dans le pays : le salaire n’augmentait pas parce qu’il n’y avait pas de production pour le soutenir, et il n’y avait pas de production parce que le salaire n’encourageait pas les gens à travailler de manière efficace et productive.

Ces mesures favorisant le travail, ainsi que d’autres mesures au sein de l’économie, sont censées permettre un niveau de richesse plus élevé, car même si le salaire ne résoudra pas seul tous les problèmes, « il est très difficile pour les gens de réagir positivement au travail sans une bonne augmentation de la gratification monétaire », ont affirmé les autorités gouvernementales.

La nouvelle réalité montre déjà des signes encourageants : plus de 34.000 Cubains se sont rendus aux directions municipales du Travail et de la Sécurité sociale, intéressés par un poste pour retrouver une vie professionnelle, car à Cuba il ne sera plus facile de vivre sans travail.

Il y a des emplois pour tous, en particulier dans le secteur productif, en partant du principe que les postes les plus complexes et les plus rémunérés dépendent du niveau de scolarité, même si, en général, les emplois sont en fonction du développement local et des besoins des territoires, a expliqué récemment la ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Marta Elena Feitó.

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