La production de denrées alimentaires : un impératif du pays

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En complément de la lecture de cet article, nous vous invitons à participer au financement de notre projet de soutien à la souveraineté alimentaire. Le projet y est détaillé dans l’article suivant : http://cubacoop.org/spip.php?page=article&id_article=5053

Gustavo Rodríguez Rollero, responsable de l’agriculture, a signalé que, malgré les difficultés, les campagnes d’ensemencement et de récoltes restent la priorité.

Gustavo Rodríguez Rollero, ministre de l’Agriculture, a souligné qu’avec le niveau de plantation actuel, « nous pouvons assurer l’équilibre pour l’année prochaine 180 000 tonnes de riz. Nous le faisons dans des conditions difficiles, car la riziculture est une priorité ». foto : Miguel Febles Hernández

Les défis d’obtenir localement les denrées alimentaires dont Cuba a besoin et d’augmenter la production de canne à sucre, les conditions climatiques, la propagation de la Covid-19 sur l’ile et dans le reste du monde, ajoutés au durcissement du blocus économique des Etats Unis contre le pays, ainsi que les défaillances et le manques d’intrants ont mis à l’épreuve, en cette année 2020, la résilience et la capacité de redressement de l’économie et de la société.

Et le secteur de l’agriculture, en particulier, a eu à s’adapter à ces conditions pour remplir sa mission principale et son contrat social.

C’est l’analyse qui en a été faite ce mercredi lors de la VI Période Ordinaire des Sessions de l’Assemblée Nationale du Pouvoir Populaire dans sa IX Législature, à laquelle ont assisté Le Général de l’Armée Raul Castro Ruz et José Ramón MachadoVentura, respectivement Premier et Second secrétaires du Comité Central de Parti ; le Président Miguel Díaz- Canel Bermúdez et le Vice-Président Salvador Valdés Mesa, ainsi que Manuel Marrero Cruz, Premier Ministre.

Au cours de l’assemblée plénière, présidée par Estebán Lazo Hernández, président de l’organe suprême du pouvoir de l’Etat, Gustavo Rodríguez Rollero, Responsable de l’Agriculture a fait remarquer que, malgré les difficultés, les campagnes d’ensemencement et de récoltes restent la priorité.

Concernant la campagne de semis à froid qui, généralement commence le 1er septembre, Rodríguez Rollero a expliqué qu’elle a pratiquement dû démarrer tout début novembre.

« Dans le cas des diverses cultures, on a réparti 378.623 hectares entre des « viandas »*, des légumes, des céréales et des fruits. Ce qui représente un accroissement de 58.000 hectares par rapport à la campagne précédente. En même temps, a –t-il reconnu « jusqu’en novembre on a semé seulement 85% de ce qui était prévu pour cette période. »

Concernant la riziculture, un produit très demandé par la population, on peut garantir {{}}un bilan de 180.000 tonnes de riz pour l’année à venir, que nous obtenons dans des conditions difficiles, car c’est une culture prioritaire et il faut lui apporter les engrais nécessaires même si il n’a pas été possible de tenir le rythme ni de respecter les délais prévus », a-t-il déclaré.

Il a ajouté « De fait, la livraison d’Etat de cette année 2020, se réalise, bien qu’avec un plan réajusté et une estimation finale de 104.00 tonnes.

Le tabac, selon Rodríguez Rollero, fut une autre des cultures endommagées essentiellement en raison du climat, il a perdu plus de 200.000 champs. « Cependant nous les avons récupérés en quelques jours et ils sont maintenant irrigués. La campagne a débuté à un rythme plus soutenu, bien que toute la durée du mois de janvier soit nécessaire pour semer le tabac. »

Etant un produit dont le prix est stable sur le marché international, et dont, même en plein Covid-19, les volumes d’exportation n’ont pas fléchis, l’engagement du secteur est de poursuivre les productions et de les accroitre pour l’année à venir.

MAINTENIR LES VOLUMES DE SEMIS

Grâce aux alternatives recherchées par les producteurs et au développement des centres de recherche, on a réussi à stabiliser la situation de l’agriculture plus difficile cette année qu’elle n’a jamais été.

Rodríguez Rollero a pris à titre d’exemple que l’on n’a disposé que de 45% des produits chimiques demandés, et on a, dans le même temps, planifié une production de 67.000 tonnes de fertilisants dans le pays, mais les usines ont été pratiquement paralysées par manque de matière première.

« Seulement 3000 tonnes des produits prévus, qui sont actuellement utilisés pour la pomme de terre, ont pu être importés. Dans le cas du nitrate d’ammonium on atteint 57% et 11% pour l’urée qui est la base du secteur de la riziculture ; par ailleurs, le chlorure de Potassium, important dans la fertilisation du bananier ne couvre que 8% des besoins », a-t-il précisé.

Mais notre principe est de ne pas renoncer aux volumes de semis ni aux plantations dont la population a besoins. Les alternatives se trouvent dans le développement des cultures rustiques. Selon Rodríguez Rollero, dans le cas du bananier on dispose de 107 471 hectares sur plus des 150 000 prévus.

Dans le même temps, 74.135 hectares disponibles sont plantés de manioc et, pour les patates douces, on dispose d’une réserve de 17 830 hectares, à la fin du mois d’octobre.

D’autres types de produits, essentiels sur la table de la famille cubaine, tels que le haricot rouge consacré à l’équilibre nutritionnel, les « viandas* » et les légumes, en plus de la viande et du lait pour l’industrie n’atteignent pas encore les prévisions pour l’année. Les plantations destinées à la nourriture pour les animaux s’élèvent à 94%.

Une des solutions essentielles pour cette année 2020, pas seulement dans l’agriculture, {{}}a été le lien entre science et production. A ce propos la vice-première ministre, Inés María Chapman Waugh, a mis en évidence le soutien apporté à la production agricole par la science et les avancées dans la production agricole locale, systématiquement vérifiées.

D’autre part, Diosvany Acosta Abrahante, premier secrétaire de l’Union des Jeunes Communistes, a reconnu les travaux développés dans le secteur de la production et le lien particulier entre le milieu universitaire, les recherches et la façon de travailler des jeunes impliqués dans toutes les activités du pays.

Le Ministre de l’Agriculture a insisté sur l’un des autres indicateurs, l’autosuffisance {{}}municipale, un programme vérifié mensuellement et qui a deux objectifs majeurs bien définis : atteindre les 30 livres per capita de « viandas », légumes, céréales et fruits, et parvenir dans un premier temps aux cinq kilogrammes de protéines par personne.

Concernant le premier objectif, il a expliqué qu’on devait viser la livraison de152 000 tonnes de ces cultures par mois au profit des municipalités en vue d’atteindre ces 30 livres. Cependant, on atteint seulement une moyenne d’environ 22,6 livres per capita.

L’AGRO-INDUSTRIE DU SUCRE : ESSENTIELLE POUR LE PAYS

Dans son intervention devant les députés, Julio Andrés García Perez, président du groupe d’entreprises sucrières Azcuba, a expliqué les conditions extrêmement difficiles et complexes dans lesquelles se déroule la campagne sucrière 2020-2021 dans le pays.

Il a souligné que l’on parvient à boucler 2020 avec 585 309 hectares plantés de canne, 68% et une superficie de 293 000 hectares non cultivés en raison , pour l’essentiel, du non-respect des plantations au cours des quatre dernières années, en laissant 122 440 hectares en jachère. Cela a été dû, parmi les principales causes, à :

  • des problèmes d’organisation, de gestion et de contrôle dans 116 coopératives et UEB de protection des producteurs
  • la sécheresse au nord de Villa Clara, au sud de Camagüey et au nord de Las Tunas, qui a limité les plantations irriguées entre janvier et avril
  • un manque de carburant diesel de juin à décembre 2019 et en janvier et février 2020
  • des problèmes météorologiques provoqués par le cyclone Irma et la tempête subtropicale Alberto
  • des coopératives sans moyen pour la plantation et la culture de la canne à sucre
  • une faible utilisation des machines de préparation du sol, moins de 70%, dans les entreprises de Guantanamo, Granma, Matanzas et Artemisa.
    Camagüey, Granma et Ciego de Ávila étant les derniers territoires prêts à les planter, on prévoit de récupérer 20 000 hectares par ans à partir de 2021.

Le dirigeant a déclaré que le plan technico-économique de plantation de la canne à sucre fixé pour 2020 s’élève à 135 648 hectares et, à ce jour on en a planté 103 652, soit 76%. Cependant avec le rythme actuel et le semis en zone irriguée jusqu’en décembre, on estime qu’on dépassera les 108 658 hectares, ce qui représente 80% du plan. Les provinces les plus en retard sont : Villa Clara, Camagüey, Guantánamo, Ciego de Ávila et Artemisa.

Il a expliqué qu’après un processus d’échanges avec des chercheurs, des scientifiques, des Universités, des établissements scientifiques, des experts et des producteurs précurseurs dans ce secteur, le groupe sucrier a établi les principes et les bases de l’élaboration du plan de production de canne pour l’année 2021.

LA RÉCOLTE 2020-2021

Le Président de Azcuba a déclaré que la récolte 2020-2021 se réalise dans des conditions plus complexes, en raison du durcissement du blocus économique, de la faible disponibilité financière pour l’acquisition des ressources nécessaires, la présence de la Covid-19, le manque de rendement agricole de la canne, l’augmentation des herbes parasites par manque d’herbicides, l’importante vétusté technologique des usines sucrières.

En raison des dégâts causés par les pluies, qui ont empêché le début de la coupe et les faibles indices de maturité de la canne, on reporté le démarrage de 17 usines sucrières. A ce jour, seul deux d’entre elles ont débuté la production : l’usine de Dos Ríos, en Santiago de Cuba, et l’usine Enidio Díaz, à Granma.

García Pérez a précisé, à ce sujet, qu’à la fin de l’année 31 usines doivent se mettre au broyage tandis que les 7 autres commenceront à produire au mois de janvier 2021.

A propos du rapport, le député José Pérez a convenu qu’il existe des conditions pour répondre à la projection de développement prévue.

Il a souligné qu’il est indispensable que les usines commencent et terminent la récolte pendant la période appropriée. « Nous ne pouvons pas continuer à faire la récolte en mai, et encore moins en juin, parce qu’on sacrifie l’efficacité dans les plantations et l’économie du pays. C’est notre défit aujourd’hui, tout comme l’attention portée à la base productive », a-t-il déclaré.


*viandas : Groupe alimentaires composé de diverses racines, tubercules, rhizomes, bananes et courges.