Chronique Culturelle

« Une splendide petite guerre Cuba 1898 »

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Que sait -on de la fin de la colonie espagnole à Cuba ? En France peu de choses. Nous savons vaguement que c’est une intervention des USA qui en est la cause à la fin du XIXème siècle. Soyez rassurés, bientôt vous saurez tout de cette histoire en lisant l’excellent livre de Patrice Amarger « Une splendide petite guerre Cuba 1898, quand la presse déclenche une guerre «  (Éditions de la Bisquine 2014).

Ce livre se lit comme un roman ou plutôt comme un reportage au jour le jour dont nous serions les témoins. Ce docu-fiction est implacable et l’auteur, dans une postface, a la politesse de distinguer le réel du fictionnel, ce dernier plus vrai que nature.

 

Une splendide petite guerre : Cuba 1898

 

 

Photo de couverture du livre

 

Tout commence avec la « reconcentration « qu’impose l’Espagne à Cuba suite à la guerre de dix ans, afin de tuer la révolte des insurgés cubains qui ne demandent qu’une seule chose ; l’indépendance. Nous lisons ensuite deux portraits, celui de la péninsule ibérique en pleine déliquescence et qui s’accroche à ce qui lui reste de son empire Cuba, Puerto Rico, Philippines, le sachant perdu. Puis celui de la jeune république des USA, déjà aux mains des médias, dont les groupes de presse Hearst et Pulitzer vont enflammer l’opinion et demander une guerre contre Cuba, avec le soutien des indépendantistes cubains réfugiés à New York (on comprend pourquoi Victor Hugo écrit aux femmes cubaines de New York).

 

Et survint alors l’allumette. L’explosion du navire militaire US Maine dans le port de La Havane, attentat ou source interne on ne saura jamais. Comme dans le film Epicentro tout commence alors, les médias US poussent à l’hystérie. Les titres des journaux sont explicites. On ne peut que repenser à ceux plus récents à l’occasion de la Guerre d’Irak déclenchée là encore sur un mensonge.

 

Photo Le Maine englouti dans le port de La Havane (document fourni par Georges Bornand)

 

Libérer Cuba. Tel devient le motif US. Comme plus tard libérer l’Irak... ! Les USA déclenchent officiellement la guerre après avoir exigé de l’Espagne une reddition, sans condition. Les USA envoie leurs flottes et leurs soldats. Amarger nous décrit alors, comme un feuilleton, la bataille de Santiago de Cuba et la destruction de la flotte espagnole qui tente de sortir du port de Santiago. Sans flotte l’Espagne impériale n’existe plus et l’on craint même à Madrid que la navale US vienne sans prendre à la péninsule.

 

Le plus intéressant est de voir comment les USA ont mis de côté le rôle des insurgés cubains et de leur armée. Dès la déclaration de guerre, le major Galixto Garcia, commandant des trois corps d’armée de l’armée cubaine, en charge de la partie orientale de l’île pressent ce qui va se passer : « On se battra donc aux cotés de libérateurs que l’on n’a pas invités ! « Hypothèse vérifiée. Les soldats américains prennent Santiago et se gardent d’inviter l’armée cubaine à la reddition des espagnols et lui interdisent de rentrer dans Santiago.. Pour les américains les cubains ne sont que des sauvages qui seraient incapables de diriger leur pays. L’enjeu n’est plus « Cuba libre « mais « Cuba sous la dépendance américaine ». Et le même Calixto Garcia d’écrire : « Je n’accepterai jamais que notre pays soit considéré comme un territoire conquis « Vous connaissez la suite. On comprend mieux désormais que le 1er Janvier 1959, aux portes de Santiago de Cuba, tandis que son adversaire Batista venait de fuir La Havane, Fidel Castro s’écria ; « l’histoire ne se répétera pas ; cette fois les mambis entreront dans Santiago... »

 

Revenons à la quatrième de couverture qui présente le livre  :

 

« Une splendide petite guerre : l’expression peut à juste titre choquer. Pourtant ni l’auteur, ni l’éditeur ne l’ont imaginée. C’est ainsi que le secrétaire d’État américain qualifia le conflit de 109 jours qui opposa les États-Unis à l’Espagne en 1898 et aboutit à l’indépendance purement formelle de Cuba. Il résumait alors une opinion américaine devenue belliciste après l’explosion inexpliquée du cuirassé américain Maine dans le port de La Havane.

Voici un récit d’histoire ; pas d’intrigue ni de personnages imaginaires, mais une mise en scène qui offre au lecteur une vision panoramique des lieux et du contexte historique et simultanément des plans séquences sur les personnages : les deux grands patrons de presse Hearst et Pulitzer, qui poussent à la guerre en manipulant l’opinion tout en se livrant une concurrence féroce, le futur président Théodore Roosevelt, sous-secrétaire à la marine puis colonel des Rough Riders sur le champ de bataille, l’amiral Cervera commandant l’escadre espagnole envoyée au sacrifice, le général cubain Calixto Garcia, l’écrivain et homme politique José Marti, fondateur du Parti Révolutionnaire Cubain et bien d’autres …

Avec cette guerre, les États-Unis font irruption sur la scène internationale. L’Espagne vit ses dernières possessions et Cuba passe à côté d’une véritable indépendance… »

 

Voilà, tout est dit .