« Je veux être Chateaubriand ou rien »

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En mai, la section Rencontres Littéraires de la page Facebook de la Maison Victor Hugo a présenté une nouvelle approche de la vie de Victor Hugo.

A cette occasion, le public a connu les débuts de l’écrivain français et ses idées révolutionnaires.

Ces mots ont été écrits par Victor Hugo dans son journal intime du 10 juillet 1816. À l’âge de 14 ans, Hugo fait preuve d’une grande sagacité et talent littéraire. Son contemporain François-René de Chateaubriand, sans abandonner la religion, la monarchie et la tradition, prêchait les bienfaits de la liberté de la presse, l’extension du suffrage, la liberté d’opinion, les libertés locales et le partage des pouvoirs. Victor Hugo, imprégné de ces idées libérales, décide avec ses frères Abel et Eugène, de fonder la revue Le Conservateur littéraire (du 11 décembre 1819 au 31 mars 1821), qui avait 30 numéros.

 

Les principaux collaborateurs du projet étaient Abel Hugo, son frère aîné ; Victor Foucher, beau-frère ; Félix Biscarrat, son professeur d’études ; Adolphe Trébuchet, cousin, et quelques amis. Cependant, Victor Hugo a écrit la plupart des textes ; bien qu’il n’ait signé son nom que sur quelques articles, il a utilisé une variété de pseudonymes pour confondre les lecteurs.

 

Les éditions initiales étaient imprégnées d’idéaux ultra-monarchiques. Certaines œuvres de la jeunesse de Victor Hugo ont été présentées, et plusieurs n’ont jamais été réimprimées. Cependant, le magazine a été sa scène d’essai pour publier des extraits de ses cahiers de poésie, les Odes ... autour de 83 pièces en prose, ou en vers, environ les deux-tiers des textes. La version préliminaire du roman Bug-Jargal apparaît en quatre parties, L’Avarice et l’Envie (de Contes sous la tente). Mais il y a plus que le jeune Hugo inclus, des traductions latines, des critiques théâtrales, une ode dédiée à Chateaubriand, un chant funèbre à la mort du duc de Berry, des satires politiques en vers, entre autres.

 

À cette époque, Victor et Adèle Foucher, amie d’enfance et mère de leurs quatre futurs enfants (Léopoldine, 1824 ; Charles, 1826 ; François, 1828 et Adèle, 1830), étaient profondément amoureux, mais la famille s’opposait à la relation. Dans une correspondance secrète, il lui disait : « nous nous marierons demain, je me tuerais après-demain (...) Tu seras ma veuve (...) Un jour de bonheur vaut une vie de misère ». Après la mort de sa mère Sophie en 1821, les jeunes réussissent à surmonter les obstacles et s’unissent formellement en 1822. Cette année, sa première collection de poèmes, les Odes, fut publiée avec succès et devint en 1826 Odes et Ballades (édition définitive, 1828).

 

À ce moment-là, son père Léopold s’était remarié, mais il n’assista pas à la cérémonie à l’église Saint-Sulpice. Les témoins étaient Félix Biscarrat et Alfred de Vigny, les collaborateurs de Le Conservateur littéraire.

 

Après la brève existence de la revue, certains titres sont appréciés tels que Han d’Islande (1823), le drame Cromwell (1827), et sa préface, considérée comme un véritable manifeste en faveur du drame romantique. Hugo distingue tout d’abord trois grandes époques dans l’histoire de l’humanité auxquelles correspondent des expressions littéraires spécifiques : les temps primitifs
(l’âge du lyrisme), les temps antiques (le temps de l’épopée) et les temps modernes
(l’âge du drame).

 

Sans aucun doute, l’intense carrière littéraire de Hugo indiquait une nouvelle étape, le romantisme. Nous aborderons ce domaine dans les futurs espaces. Les essais, articles de journaux et autres textes de Le Conservateur littéraire se trouvent dans les différentes éditions des Œuvres complètes de notre bibliothèque francophone Cosette.