Les anciens (et les anciennes) se souviennent peut-être d’un vieux film espagnol de Luis Garcia Berlanga, « Bienvenido Mister Marshall ! »
Il se passe après la Seconde Guerre mondiale et raconte comme un petit village de Castille se prépare à recevoir une commission de fonctionnaires étasuniens qui doivent apporter une aide économique à l’Espagne dans le cadre du fameux Plan Marshall.
Le village décide alors, pour plaire aux visiteurs, de faire « couleur locale » en se déguisant en village andalou et pour cela tout le monde dépense le peu qu’il a.
Le soir chacun rêve dans son lit à l’Amérique et de ce qu’il fera avec les bienfaits que vont certainement amener les envoyés du Plan Marshall.
Le jour venu, tout le village est fin prêt, chacun et chacune revêtu de costumes typiques, le maire a son discours à la main, la fanfare est là aussi et un enfant va accueillir les visiteurs.

La déception est cruelle quand les grosses limousines passent en trombe dans le village, sans s’arrêter, laissant ses habitants couverts de dettes et encore plus pauvres qu’avant.

A Cuba, des gens rêvent aussi et, comme ceux et celles du film, se mettent en mouvement pour transformer leurs espérances en réalité.
A l’inverse des villageois espagnols, ils savent qu’ils n’ont rien à attendre de leurs voisins étasuniens, bien au contraire. Ils se débrouillent alors avec les moyens du bord pour monter des Projets de Développement Locaux (PDL).

Ceux-ci ont été formalisés au travers du décret-loi n°33 de 2021 qui précise les règles d’intervention des PDL et leur donne une définition légale.

Bien évidemment, le PDL doit s’intégrer dans la stratégie de développement du territoire où il se situe que se soit une municipalité ou une province. Celle-ci crée des structures professionnelles qui sont chargées d’aider les animateurs et animatrices des PDL. Des liens avec les établissements d’enseignement supérieur sont encouragés afin que les projets puissent bénéficier de leur savoir-faire.

Le PDL est défini de la façon suivante :
Le projet de développement local est constitué par un ensemble de ressources, d’efforts et d’actions, avec une identité propre, pour transformer une situation existante en une nouvelle qui sera meilleure tout en contribuant au développement du territoire où elle opère, et a un impact sur la qualité de vie de la population.
Pour cela, il s’appuie sur les ressources propres de son territoire.

Les animateurs et animatrices des PDL présentent leur projet aux autorités locales qui les approuvent après analyse.
L’ensemble de ces projets constitue le portefeuille des projets du territoire. Ce sont, par exemple, près de 70 projets qui forment le portefeuille de la province de Cienfuegos et le simple fait de feuilleter ce document nous fait partager les espoirs de la population de cette région.

Les PDL peuvent générer des biens et des services commercialisables pour la consommation locale ou l’exportation, promouvoir la gestion durable du tourisme local, proposer des activités socioculturelles, s’attacher à la protection de l’environnement, générer des améliorations technologiques, etc.

Ils ne disposent pas de la personnalité morale et c’est la règlementation sur les contrats économiques qui s’impose. Cependant, ils peuvent embaucher du personnel.

Les projets sont évalués chaque année et compte tenu de leur développement, ils peuvent être amenés à créer des entreprises dotées de la personnalité morale.
Ils peuvent recevoir des financements des structures locales et extérieures notamment au travers de la coopération internationale.

Comme on l’a vu, derrière chaque projet, il y a des personnes engagées et pleines d’espoir. Notre association participe à la réalisation de ces rêves, de façon respectueuse. Ce qui nous situe bien loin des fonctionnaires du Plan Marshall dont nous parlions au début de cet article.