La récolte du maïs hybride transgénique à Sancti Spiritus confirme son potentiel pour l’alimentation animale à Cuba

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Publié dans Cubadebate le 2 octobre 2020
Par Yosdany Morejon Ortega

Deux grands sujets dominent aujourd’hui les préoccupations des cubains : l’approvisionnement alimentaire et la réunification monétaire.
Ce deuxième sujet va rapidement prendre la première place dans la vie quotidienne. Mais on peut regretter qu’à l’heure où Cuba est un modèle dans les questions écologiques et environnementales (pensons à la gestion du littoral et des coraux, aux abeilles, aux jardins maraîchers en ville entre autre… - voir nos éditions précédentes-), les autorités doivent faire face à une contradiction entre introduire la culture du maïs hybride transgénique pour l’alimentation du bétail et la préservation des milieux naturels et du vivant. Dans l’urgence de la production alimentaire où ils se trouvent en cherchant à marche forcée à réduire les importations de toute sorte pour produire localement, conditions aggravées par le blocus renforcé des USA, on peut comprendre qu’un meilleur rendement leur soit indispensable. Ne jetons donc pas la pierre à nos amis, vu de notre « premier monde » comme ils disent eux-mêmes. Nous n’avons de leçon à donner à personne. Mais comme sur de nombreux autres sujets, faisons confiance à ce peuple si créatif et volontaire pour affronter l’avenir.
GD

Le total des surfaces cultivées sur l’île est de 501 hectares : aux 384 de Sancti Spiritus, il faut en ajouter 90 à Ciégo de Avila, 18 à Matanzas et 9 àVillaclara

La récolte de 384 hectares environ de maïs hybride transgénique destiné à l’alimentation animale est sur le point de se terminer à Sancti Spiritus.

Ce territoire est à l’avant garde de ce projet prioritaire pour le programme de souveraineté alimentaire et d’éducation nutritionnelle du pays.

Grâce à l’emploi de semences de très grande qualité, développées par le Centre d’Ingéniérie Génétique et Biotechnologique ( CIGB) de la capitale et aussi pour l’essentiel au travail de plusieurs paysans de la coopérative Juan Darias de Yaguajay, le rendement de cette culture dans la province du centre de Cuba oscille entre 4,6 et 6 tonnes à l’hectare (T/H), ce qui permettra de remplacer des importations et d’étendre prochainement l’expérience à plusieurs secteurs de la géographie nationale.

Leonel Díaz Camero, délégué provincial du Ministère des Sciences, Technologie et Environnement ( CITMA), a informé Cubadebate que si on disposait de la technologie requise pour le matériel agricole, le rendement serait plus élevé parce que le potentiel de l’hybride transgénique du CIGB peut atteindre jusqu’à neuf tonnes à l’hectare, dans des conditions optimales.

Cependant il a qualifié l’expérience de positive et a ajouté que l’on peut compter sur l’apport ( de la part du Ministère de l’Agriculture), des intrants chimiques et biologiques requis pour la production de semences pour l’année prochaine.

Pour le printemps 2021, on évalue à 8500 hectares la plantation de semences dans différentes provinces cubaines, avec un potentiel de production de 38250 tonnes.
« On a mesuré aussi l’intérêt d’avancer la période de plantation de printemps, en cherchant à profiter davantage du froid et d’obtenir ainsi de meilleurs résultats. Il nous manque encore la technologie idéale parce qu’il s’agit d’une culture très intensive, pour laquelle la récolte manuelle n’est pas recommandée » a précisé le délégué.
Du 10 avril jusqu’au 10 mai 2020, la plantation de printemps de la graminée s’est déroulée de façon échelonnée , dans la mesure où les conditions climatologiques et la disponibilité de l’eau le permettaient.

Diaz Camero a mentionné que la prise en charge phytosanitaire des surfaces plantées avec cette variété de maïs modifié a été assurée grâce à des visites périodiques de chercheurs du CIGB, la Direction Provinciale de « Sanidad Vegetal » et le groupement d’entreprises Labiofam. Ce qui a favorisé le contrôle opportun des nuisibles et des maladies .

Maïs hybride transgénique cubain de très grande qualité

Le suivi de cette culture et l’opportune disponibilité du pack technologique a permis que 96,8% de la superficie semée en maïs hybride transgénique à Sancti Spiritus obtienne la mention "Bien", 2,1% la mention "Moyen" et seulement 1% la mention "Mal", ceci étant dû à l’ enherbement, une mauvaise rotation des cultures, le déficit alimentaire et la présence de maladies fongiques.

Lors de l’étape de production des semences, on a formé les producteurs à l’utilisation des technologies des cultures transgéniques de maïs, soja, fabrication des hybrides de maïs et l’emploi efficace de fertilisants.

On a facilité, d’autre part, les démarches pour les licences de sécurité biologique pour l’extension de la production. On a organisé d’intenses et fréquents échanges entre chercheurs et paysans, au cours desquels on a pu identifier les raisons des problèmes concernant le rendement à l’hectare.

A Jarahueca ( communauté de Sancti Spiritus à laquelle appartient la coopérative Juan Darias), on a introduit la technologie des cultures transgéniques auprès de producteurs privés dans le but de promouvoir une culture nécessaire à l’activité scientifique de la nation.

Pilar Téllez Rodríguez, cheffe du Projet d’Amélioration du Maïs, a expliqué récemment dans un audio visuel réalisé par le Citma à Sancti Spiritus, que la technologie des hybrides apporte une plus grande productivité à la culture, ce qui se traduit par un meilleur rendement.

Il s’agit, de l’avis de la spécialiste, de plantes plus fortes, plus saines et résistantes ; ce qui, ajouté aux éléments transgéniques, en rend l’exploitation plus efficace sur de grandes surfaces.

Une semence hybride est le résultat de la pollinisation croisée de deux variétés (de façon naturelle ou artificielle) ; tandis que la transgénique est celle qui est génétiquement modifiée, en y insérant une information d’autres espèces pour obtenir une résistance aux herbicides et aux insectes.

Les données les plus récentes de L’Office National des Statistiques et de L’Information ( ONEI), de ces cinq dernières années, rapportent que le pays a déboursé environ mille millions de dollars pour l’achat de maïs sur le marché international, à raison de 800 000 à 1 000 000 de tonnes par an.
En plus de Sancti Spiritus, province pilote de cette expérience, on cultive le maïs hybride transgénique à Matanzas, Villa Clara et Ciego de Avila.

La vigilance phytosanitaire a été une source du succès

Avec le maïs transgénique on évite de coûteuses importations

Il manque encore une technologie performante pour le matériel agricole destiné à la récolte du maïs hybride transgénique .[/bleu marine]