2022 Et nous allons gagner la guerre économique !

Par Agustín Lage

Partager cet article facebook linkedin email

Cet article a été publié tout début janvier, mais il nous a semblé intéressant de le porter à votre connaissance, même avec quelques retards. Et pour nous faire pardonner, nous vous proposons cette belle chanson, YOLANDA, interprétée par la Grande Omara Portuondo et par Haydée Milanes décédée tout dernièrement...https://youtu.be/HVGSdwmcmTc RG

C’est le premier message de 2022 et j’ai choisi ce titre avec la ferme intention d’irriter les fatigués, les pessimistes et les sceptiques... Agustin Lage

...Il y en a quelques-uns, c’est vrai. Nous les verrons s’exprimer dans les commentaires. Mais je dirais comme Martí dans son introduction aux Versos Libres : "Tout ce qu’ils ont à dire, je le sais déjà, et j’y ai répondu".

Nous sommes beaucoup plus nombreux à penser que nous pouvons gagner la bataille économique, celle-là même que nous n’avons pas encore gagnée en 2021.

Et notez que le verbe n’est pas "nous avons confiance", mais "nous pensons", car il ne s’agit pas ici d’exprimer un enthousiasme émotionnel (que nous avons aussi et qui est bon), mais un raisonnement serein et des données qui nous font croire que cette difficile bataille peut être gagnée.

Voyons voir :

Il y a le peuple au pouvoir. Je me souviens avoir entendu Fidel dire pendant les années dangereuses de la période spéciale : "Tant que le peuple a le pouvoir, il a tout".
Il est également vrai que certains ont accumulé un pouvoir économique dans le contexte des difficultés actuelles, mais ils n’ont pas de pouvoir politique. C’est entre les mains du peuple.
Nous avons maintenu les conquêtes sociales fondamentales, l’équité, l’éducation, la santé, la sécurité des citoyens et la souveraineté nationale.

Cuba reste, selon les Nations unies, parmi les pays ayant un indice de développement humain élevé (0,783), et avec une tendance à la hausse. Le seuil de la classification d’élite "très élevé" est de 0,8, nous ne sommes donc pas loin du compte.
Le taux d’alphabétisation des adultes (99,87 %) est l’un des plus élevés au monde. C’est une condition préalable à une économie de haute technologie. Des dizaines d’universités et d’institutions scientifiques continuent de renforcer le capital humain de la nation.
Le nombre de médecins pour 1000 habitants (8,4) est l’un des plus élevés au monde (la moyenne mondiale est de 1,5, et celle des États-Unis de 2,6).

Les moyens fondamentaux de production restent la propriété socialiste du peuple tout entier.
Nous ne devons pas accepter le simplisme qui consiste à classer l’éducation et la santé comme des "réalisations sociales", distinctes de l’économie. Ce sont aussi des réalisations de l’économie. C’est précisément l’économie socialiste qui a permis de financer (car ils coûtent de l’argent) l’expansion et les résultats des systèmes de santé et d’éducation.

L’adhésion massive à la Constitution en 2019 et la réponse massive aux attaques médiatiques en 2021 nous montrent le consensus majoritaire que nous maintenons autour du projet de société socialiste.

La réponse à la menace de la pandémie de Covid 19 nous montre notre capacité à faire face à des défis complexes, sur la base de la science et de la participation de tous.
Les bases sur lesquelles on peut construire le développement sont là, et elles sont bonnes. C’est ce que disent les "données", dures et têtues, qui font l’envie de beaucoup dans ce monde. Mais nous devons "changer ce qui doit être changé" et nous devons bien gérer le processus de transformations économiques, afin que les conquêtes sociales expriment leur potentiel de développement, et se réalisent :

  • Augmenter le produit intérieur brut de notre économie et la productivité du travail.
  • Se développer grâce à une production et des services à forte valeur ajoutée.
  • Se développer sans creuser les inégalités sociales.
  • Recouvrer le taux d’investissement et améliorer les infrastructures productives (formation de capital).
  • Développer l’insertion de notre économie dans l’économie mondiale et ses chaînes de valeur.

Tout ceci implique à son tour :

  • Faire appel à la science, la technologie et l’innovation.
  • Accroître la dynamique de création de nouvelles entreprises, et la dynamique d’extinction des entreprises inefficaces.
  • Donner la priorité à l’émergence de nouvelles entreprises de haute technologie et de PME technologiques, publiques et exportatrices.
  • Continuer à accroître le degré d’autonomie opérationnelle des entreprises d’État et limiter la bureaucratie.
  • Moderniser le système financier et son rôle de "lubrifiant du développement".
  • Développer et renforcer une avant-garde de jeunes entrepreneurs du socialisme, qui relèvent le défi de découpler la croissance économique de l’expansion des inégalités.
  • Renforcer la participation des travailleurs à la gestion des entreprises.
  • Soutenir le déploiement des entreprises cubaines à l’étranger, ainsi que les investissements étrangers à Cuba.

Tout le monde peut constater que tout cela a déjà semé des graines, et quelques résultats, mais il nous reste encore beaucoup à faire. C’est ce qu’affirme haut et fort le rapport central du 8e Congrès du Parti : "Il est inévitable de secouer les structures de l’entreprise du haut vers le bas et vice versa, afin de bannir l’inertie, le conformisme, le manque d’initiative et l’attente confortable des instructions des niveaux supérieurs. Nous devons changer les vieilles mauvaises habitudes et développer des traits entrepreneuriaux et proactifs dans la gestion de nos entreprises...".

Tout le monde peut voir que les initiatives dont nous avons besoin pour réaliser cette "secousse" doivent provenir de nombreuses sources. Tous les révolutionnaires cubains, chacun dans sa position, doivent se sentir appelés à prendre des initiatives et à faire des propositions. La vision stratégique et la volonté politique des hauts dirigeants ne peuvent être diluées aux niveaux intermédiaires.

Tout le monde peut aussi voir que tout cela comporte des risques. Le déploiement indispensable de l’autonomie des entreprises, en phase avec les évolutions technologiques mondiales, et la nécessaire diversification des produits et services, nous oblige à faire preuve d’une grande intelligence dans l’équilibre entre la croissance, qui est le véritable objectif, et le contrôle, qui est une condition de la durabilité de la croissance.

Le déploiement essentiel de l’insertion internationale de l’économie, en ligne avec le processus objectif et irréversible de la mondialisation, nous oblige à faire preuve d’une grande intelligence lorsque nous travaillons avec des organisations qui opèrent dans des contextes économiques et sociaux différents des nôtres, et avec des priorités et des valeurs différentes des nôtres. Mais nous devons travailler avec eux.

Ces risques pourraient nous conduire sur la voie de la naïveté vis-à-vis de la république reconquise par nos adversaires historiques, ou sur la voie de la stagnation et de la rigidité, vers l’auto-exclusion du système mondial des relations économiques.

Personne n’a dit que la tâche sera facile, mais la bonne nouvelle est que nous pouvons la mener à bien. Nous savons que nous pouvons gagner cette bataille. Nous en avons les capacités. Nos ennemis historiques savent aussi que nous pouvons gagner, et c’est pourquoi ils maintiennent le blocus.

La bataille de Covid 19 nous a montré ce que nous pouvons réaliser grâce aux capacités scientifiques et technologiques enracinées dans la société cubaine, et en étroite interaction avec les décideurs gouvernementaux.

Nous pouvons faire de même dans l’économie. La science, la technologie et l’innovation peuvent permettre de réaliser bien davantage et de générer une dynamique de développement dans la production alimentaire, l’énergie, l’informatisation et dans de nombreux autres domaines de la vie économique et sociale cubaine. Ils constituent le principal outil pour découpler la croissance économique et l’accroissement des inégalités sociales.

La jeunesse d’aujourd’hui fera la révolution dans ces tâches. C’est ce que disait José Martí lorsque Cuba n’existait même pas en tant que nation : "La Révolution n’est pas celle que nous allons commencer dans les maniguas : c’est celle que nous allons développer dans la République".

Félicitations à tous en 2022 et continuons sur cette voie, en faisant la révolution dans la République.

Agustín Lage Dávila

Centre d’immunologie moléculaire https://agustinlage.blogspot.com/2022/01/2022-y-vamos-ganar-la-batalla-economica.html