Construire des murs ou semer la vie ?

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Depuis la Colombie jusqu’au Mexique, des gens désespérés, fuyant la misère et l’insécurité, forment des caravanes humaines afin de tenter de passer aux USA dans l’espoir d’une vie meilleure.

La réponse du gouvernement des USA est de construire un mur inutile, imbécile, inhumain et très couteux (20 milliards de dollars), tandis que le président mexicain élargit la campagne "Sembrar Vida" (Semer la Vie) qui consiste à aider les déshérités à vivre chez eux.

Tout au long de l’Amérique centrale des gens désespérés, fuyant la misère et l’insécurité, décident de quitter le peu qu’ils possèdent pour en rejoindre d’autres dans des marches terribles (parfois plusieurs milliers de kilomètres) afin de tenter de passer aux USA dans l’espoir d’une vie meilleure.

Aucun être humain ne met ainsi en danger ses enfants et ses proches sans y avoir été poussé par la peur et la détresse.
Plusieurs perdront la vie pendant cette marche à cause des maladies, de l’épuisement et des attaques dont ils seront victimes de la part de canailles qui leur voleront les quelques biens qu’ils ont pu emmener.
Et pourtant, ils et elles marchent, portant leurs enfants dans les bras, pleins d’un espoir insensé qui se fracassera souvent contre le mur dressé par Trump à la frontière entre le Mexique et les USA. Car les dirigeants de ce pays, s’ils veulent bien piller les richesses de l’Amérique latine, exploiter leurs populations sur place et choisir leurs dirigeants, refusent de supporter les conséquences de leur politique néocoloniale.

Il est pour eux bien plus facile et plus rentable politiquement de présenter ces victimes comme des dangers potentiels ou des ennemis des USA. Cela permet de jouer sur la peur tout en prétendant protéger leurs propres populations en construisant un mur évalué à plus de 20 milliards de dollars.

Pourquoi, au lieu de construire un mur, ne pas investir pour que les populations puissent rester dans leur pays ?

C’est le sens du projet « Sembrando Vida » (Semer la Vie) lancé par le président mexicain, Andrés Manuel López Obrador.

Le projet a d’abord concerné les populations rurales du Mexique pour leur permettre de vivre mieux de leur travail, assurer leur subsistance, vendre les excédents et protéger l’environnement en luttant contre la déforestation et la dégradation des sols.
Ce programme a été ensuite exporté vers les pays concernés par les crises migratoires : Salvador, Honduras, Guatemala, Haïti et Belize avec un investissement de 64 millions de dollars.

Au Salvador et au Honduras le programme a déjà permis d’améliorer des conditions de vie de 20 000 agriculteurs. Au Guatemala ce sont 14 000 producteurs qui sont concernés et 2 000 au Belize.

Le programme concerne aussi Cuba qui est aussi confrontée à des problèmes d’émigration économique. Avec un budget de 10 millions de dollars, ce sont 5 000 agriculteurs des provinces d’Artemisa et de Mayabeque qui vont recevoir une aide matérielle (plantes, semences, outillages et machines) et l’accompagnement technique d’une trentaine de spécialistes.

Le projet, porté par l’Agence Mexicaine de Coopération Internationale pour le Développement (AMEXCID), a été lancé officiellement en juin dernier en présence des responsables cubains (ministère du Commerce extérieur et ministère de l’Agriculture). Il s’agit d’augmenter la production agricole et de renforcer la souveraineté alimentaire des populations des régions concernées.

Comme l’a affirmé Laura Elena Carrillo Cubillas, Directrice exécutive d’AMEXCID : « Nous n’avons jamais pensé que le Mexique pouvait se développer tout seul. Le Mexique doit avancer en donnant la main à ses frères et sœurs de tous les pays d’Amérique latine et des Caraïbes et nous devons démontrer au monde ce que nous sommes capables de faire quand nous travaillons ensemble et ceci est le grand orgueil des Mexicains ».

Cet exemple remarquable de coopération Sud-Sud permet d’imaginer ce qui aurait pu être réalisé avec les 20 milliards de dollars d’un mur imbécile et inhumain, soit 250 dollars par habitants de l’Amérique centrale et des Caraïbes (riches, pauvres, adultes, enfants et vieillards inclus).