Cuba poursuit sa route vers les énergies renouvelables

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Le changement de la matrice énergétique du pays constitue l’un des plus importants défis que devra relever le gouvernement à court et moyen terme…

Bien que l’on développe des alternatives pour améliorer l’énergie solaire dans les habitations et les entreprises, notamment pour le pompage de l’eau, les coûts d’investissement élevés entraînent une augmentation des délais dans un processus vital pour l’avenir.

Le ministère des Finances et des Prix du pays vient récemment d’approuver la valeur des terrains destinés au développement de projets d’investissement étranger dans les énergies renouvelables.

Selon la résolution 271 de 2023 publiée au journal officiel, la valeur minimale des terrains détenus pour les investissements avec des capitaux étrangers dans ce secteur sera de 0,34 USD par mètre carré. Ces projets comprennent les projets d’énergie solaire photovoltaïque et d’énergie éolienne, et peuvent être établis dans un groupe spécifique de municipalités.
La mesure est soutenue juridiquement, entre autres, par la résolution 83 de 2012 du ministère lui-même, qui « établit que les droits de propriété sur les biens meubles et immeubles ainsi que tous les autres droits réels sur ceux-ci, y compris les droits d’usufruit et de superficie, sont considérés comme des apports au capital social des coentreprises et des sociétés à capital entièrement étranger ».

les énergies renouvelables sont essentielles pour la mobilité électrique à Cuba.

Elle répond surtout à la profonde crise économique du pays, aggravée par les conséquences de la pandémie et l’impact du blocus économique, commercial et financier imposé par les États-Unis depuis plus de 60 ans, qui frappe particulièrement les secteurs de la production d’énergie.

L’obsolescence technologique et la surexploitation des centrales électriques, ainsi que les nombreuses pannes et l’insuffisance de combustible requis pour leur fonctionnement, ont fortement affecté la vie économique et sociale.
En raison de la situation géographique et du climat de l’île, les énergies renouvelables semblent être l’une des alternatives possibles. Malgré le discours officiel, leur présence dans la matrice énergétique reste encore très limitée.
Selon les principaux responsables du système gouvernemental, l’objectif est d’atteindre une participation de 100 % de ces sources dans la production d’électricité à l’avenir, un aspect essentiel pour consolider la souveraineté énergétique et minimiser la dépendance aux combustibles fossiles.

Le Plan national de Développement économique et social jusqu’en 2030 stipule que l’État encouragera l’efficacité énergétique et le développement des énergies renouvelables. Il a pour principal objectif de « garantir un approvisionnement énergétique fiable, diversifié, moderne et à des prix compétitifs tout en favorisant une croissance économique durable, en augmentant substantiellement le pourcentage de sources d’énergie renouvelables dans la matrice énergétique nationale, essentiellement la biomasse, l’éolien et le photovoltaïque ».
Les énergies renouvelables sont également censées être essentielles pour se conformer au programme d’efficacité énergétique et aux plans nationaux de lutte contre le changement climatique. Selon le ministère de l’Énergie et des Mines (MINEM), si elles sont utilisées à leur plein potentiel, 26 000 GW d’énergie propre pourraient être produits annuellement. Ce projet permettrait de remplacer 6,5 millions de tonnes de carburant par an et d’éviter l’émission annuelle de près de 21 millions de tonnes de monoxyde de carbone dans l’atmosphère.

Puissance actuelle et future par technologie

C’est pourquoi l’énergie solaire photovoltaïque apparaît comme l’une des principales options pour le pays. Selon le directeur des énergies renouvelables du MINEM, Rossel Guerra Campaña, les parcs solaires photovoltaïques installés dans le pays produisaient, en juin dernier, 238 MW, soit l’équivalent de la consommation annuelle de quelque 200 000 foyers.

Bien que plusieurs alternatives soient développées pour promouvoir l’énergie photovoltaïque dans les habitations et les entreprises, ainsi que pour le pompage de l’eau, les coûts d’investissement importants ralentissent un processus vital pour l’avenir immédiat.
Puissance photovoltaïque installée par province

Unité : MWp (mégawatts de puissance)

Source d’énergie renouvelable, la voie vers le développement -

Il en va de même pour l’énergie éolienne. Bien que la côte nord-est de Cuba dispose du potentiel nécessaire pour tirer parti du vent et utiliser des turbines de petite et moyenne taille comme source d’énergie pour les habitations et les industries, il manque encore des mécanismes et des incitations permettant son utilisation massive.

Un meilleur scénario serait possible avec les sources de bioénergie, notamment la biomasse solide (la canne à sucre, la biomasse forestière et les déchets agro-industriels), dont le potentiel énergétique est équivalent à 31 % de la consommation actuelle de carburant du pays. Cependant, elle ne contribue aujourd’hui qu’à 12 % de cette consommation actuelle de carburant du pays. Seulement une des 17 centrales bioélectriques prévues pour fournir 662 MW au système électrique national a été construite : la centrale de Ciro Redondo, à Ciego de Avila.

La complexité du défi dépendra, dans une large mesure, de la capacité du gouvernement à concevoir des plans et des stratégies réalisables qui permettent un changement cohérent et progressif de la matrice énergétique, sans pour l’instant renoncer aux sources traditionnelles de production. Il faut en outre bâtir les bases d’une infrastructure et d’un potentiel énergétique permettant de répondre à la demande dans l’ensemble du pays.

L’investissement étranger vise principalement à lever l’un des principaux obstacles à la standardisation et au développement de ces types d’énergie. Malgré cela, il reste beaucoup à faire pour obtenir les technologies nécessaires et sensibiliser la population à leur utilisation.