Enjeux environnementaux : Cuba agit à toutes les échelles

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De sa participation aux conférences internationales aux initiatives dans les provinces les plus fragilisées par les effets du réchauffement climatique, Cuba ne rate pas une occasion de se faire entendre et de mettre en œuvre de nouvelles initiatives, à l’instar de celles qui sont conduites dans la province de Matanzas.

Le mois dernier lors de la COP 27, Cuba intervenait fortement en faveur de la justice environnementale et pour un financement prioritairement par les pays les plus responsables des dérèglements climatiques. De même, la semaine dernière, une délégation de Cuba conduite par sa Vice-Ministre de la Science, de la Technologie et de l’Environnement Adianez Taboada (à droite sur la photo) a participé à la 15ème Conférence des Nations Unies sur la biodiversité. Cette conférence a rassemblé les représentants des gouvernements de 196 pays, des acteurs de la société civile, des scientifiques, des entreprises… sans doute la Conférence la plus importante depuis 10 ans sur ce thème.

La délégation cubaine y a proposé la définition d’un cadre stratégique ambitieux mobilisant les ressources nécessaires à la mise en œuvre des politiques nationales, dans l’application des engagements internationaux. Rappelant les progrès réalisés par Cuba dans la gestion durable, la restauration des écosystèmes marins côtiers et terrestres, elle a témoigné de la volonté de la Grande Île d’amplifier sa contribution à la réalisation des objectifs mondiaux, dans le cadre de ses moyens, sensiblement freinés par le blocus imposé par les États-Unis.

Simultanément, ces derniers jours, la presse cubaine a fait état d’avancées concrètes dans la mise en œuvre du plan Tarea Vida de protection écologique des zones côtières (déjà évoqué dans nos articles précédents) et d’expérimentations dans l’une d’entre elles, la province de Matanzas, très touchée par les effets du dérèglement climatique.

Le nom de Matanzas est dramatiquement associé au gigantesque incendie intervenu au sein de son secteur industriel dans le super dépôt pétrolier frappé par la foudre l’été dernier. Il s’y poursuit actuellement le nettoyage des déchets et la recherche de mesures de protection.

Mais la région, pour l’étendue et la beauté de ses plages, est surtout un haut lieu du tourisme international dont le développement a rendu particulièrement nécessaire la protection du site. A cet effet, diverses innovations techniques sont en cours de réalisation : installation d’un système climatique spécifique à l’Hôtel International, travail sur la création de parcs photovoltaïques dans la municipalité de Cardenas, aménagement des plages visant la préservation de l’écosystème, etc…

Et puis, on apprend que, toujours dans la province de Matanzas, la station expérimentale de pâturage et de fourrage Indio Hatuey - créée en 1962 dans l’objectif, alors particulièrement visionnaire, d’effectuer des recherches sur l’agriculture durable – accueillera l’Atelier Scientifique International Biochar au premier trimestre 2023. L’évènement est parrainé par la Faculté des Sciences Agricoles de l’Université de Matanzas, le Centre National de Santé Agricole, le Ministère de l’Enseignement Supérieur de Cuba et l’Institut Ithaka, réseau international de recherche pour les stratégies carbone, dont le siège est en Suisse.

L’Atelier travaillera sur l’utilisation du biochar, carbone obtenu à partir de résidus végétaux et de biomasse, comme terreau pour l’agriculture. Des spécialistes cubains et de divers autres pays analyseront ensemble l’efficacité du biochar comme engrais et substrat en vue d’enrichir les sols et améliorer la production agricole ; son utilisation constituant ainsi une des réponses prometteuses tout à la fois au changement climatique et à l’enjeu important de l’autosuffisance alimentaire à Cuba.

A suivre donc… Au-delà de son intérêt scientifique et économique, ce projet est un bel exemple des coopérations internationales qu’ouvrent les champs du développement durable.

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