JOJO Acuaponics : rêver... entreprendre... rêver.

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Belle initiative d’un couple de jeunes havanais, à peine trentenaires, engagés dans un projet de production intensive d’aliments biologiques à Cuba.

En avançant pas à pas vers de nouveaux rêves, ils en réalisent d’autres, comme la possibilité de mettre la récolte sur la table des enfants de Barbosa ou d’éveiller la vocation de cultivateur chez les petits pionniers de l’école du quartier.

En quoi consiste exactement le projet de développement local Jojo Acuaponics ? L’un de ses responsables, Joel López Tamayo, nous l’explique :

« Nous nous consacrons à la technique de l’aquaponie, qui est la symbiose entre l’hydroponie et la pisciculture. Il s’agit d’une technique de production conjointe de plantes et de poissons à des fins commerciales, domestiques ou ornementales.
Pour ce faire, l’eau circule en continu dans les deux sous-systèmes. Les plantes utilisent les déchets des poissons pour se développer et, en même temps, nettoient l’eau de ces composants afin de maintenir les niveaux adéquats pour le développement des poissons ».

« Ici, nous économisons l’eau à 100 %, nous n’alimentons le système qu’une seule fois et il se recycle de lui-même. Il s’agit d’un système totalement respectueux de l’environnement, car nous n’utilisons pas de terre, tout est placé sur des tubes en plastique ou des lits de substrat. Dans ce cas, nous utilisons de la séolite (système de filtration) naturelle de Cuba sur laquelle les plantes poussent parfaitement. L’eau est filtrée et va aux poissons, nous n’utilisons pas de produits chimiques, d’engrais ou de pesticides, tout est naturel ».

Comment en est-on arrivé là ?

« Pendant la pandémie, presque toute les recherches se faisaient par Internet. Après avoir fait cette découverte et l’avoir soumise à l’autre responsable du projet, José Antonio Martínez, nous avons commencé à étudier ce système ».
Tony a fait un voyage au Mexique, il est allé dans plusieurs fermes qui utilisent ce processus. En Amérique il y a peu de pluie, les pesticides sont très chers sur le marché et l’alimentation biologique gagne du terrain auprès de la population dans le monde entier.
« A son retour, nous avons présenté le projet à la municipalité de Playa, ce qui nous a permis de commencer à le développer ».

Vous m’avez dit que vous étiez tous deux diplômés en droit : vous êtes-vous associés à des spécialistes de l’agronomie ?

« Nous nous sommes mis en relation avec des entreprises publiques dans ce secteur. Principalement à Villa Clara avec Inibid, qui réalise des études sur les plantes, les sols, avec des entreprises qui s’occupent de fumigants organiques, de pisciculture, pour nous nourrir de toutes ces connaissances et les apporter au projet. Nous établissons des liens au niveau scientifique avec toute entité qui le souhaite. Par exemple, nous avons présenté le projet à l’incubateur de l’université de La Havane. »

Lors de la récente foire du développement local à La Havane, vous avez présenté une version artisanale de ce système. De quoi s’agit-il ?

"Il s’agit d’un système plus petit qui peut même être installé sur le balcon d’une maison. En fait, nous essayons de contacter les directeurs des CDR pour créer des alliances dans ce sens, car notre intention est que le projet soit multiplié dans tout le pays en termes de souveraineté alimentaire".

Comment fonctionne cette variante ?

Ce petit système est entièrement basé sur l’eau et n’utilise pas de séolite. Le prototype est constitué d’une structure de tuyaux en PVC, avec des éponges où sont placées les graines, qui germent avec de la chaleur et de l’eau. Il est équipé d’une pompe qui recycle l’eau.

Comment se comporte la consommation d’énergie ?

« C’est une pompe à très faible consommation et, grâce aux solutions d’Espiral, elle devient encore plus efficace. Espiral est une PME avec laquelle nous avons automatisé tout le système, les réservoirs se remplissent tout seuls quand ils atteignent le niveau. Ils s’arrêtent tout seuls, pour économiser l’électricité, les mesures de l’oxygène dans l’eau, par exemple, et tous les paramètres vitaux pour que les poissons puissent vivre dans l’environnement sans aucun problème ».

Quelle est la contribution de JOJO Acuaponics au développement de la municipalité ?

« La main-d’œuvre dont nous disposons est constituée de personnes locales qui étaient au chômage. Elles ont suivi des formations avant d’être intégrées. Les ventes que nous réalisons auprès de la population constituent une autre contribution. En outre, nous versons une partie de notre production au cercle d’enfants situé dans la commune. Nous avons un cercle d’intérêt dans une petite école du quartier, afin de sensibiliser la population à la nécessité de produire de la nourriture. À l’avenir, nous pourrions placer certains de ces petits systèmes dans l’école pour l’autoconsommation, mais nous essayons d’abord de promouvoir l’idée, l’envie, l’intérêt pour cette activité ».

Quelles sont les principales productions ?

« Nous disposons de 12 étangs de 20 mètres cubes chacun, d’où nous tirons environ une tonne ou une tonne et demie de poissons, en l’occurrence du tilapia rouge et du tilapia noir. Nous transformons une partie de la production et proposons des croquettes, des médaillons et, bien sûr, le poisson lui-même. Tout cela est basé sur les cycles de reproduction. »

Comment résumeriez-vous l’objectif de JOJO Acuaponics ?

Le projet vise à :

  • fournir aux familles de la capitale des aliments biologiques de qualité dans un environnement de production durable et sain, sans utilisation de produits chimiques,
  • commercialiser des aliments de haute valeur nutritionnelle,
  • exporter des produits biologiques de qualité supérieure
  • remplacer les importations.

Pourquoi se lancer dans cette entreprise, qui est en fin de compte un projet de vie à Cuba ?

« C’est compliqué. Nous avons traversé beaucoup d’épreuves. Vous ne pouvez pas imaginer ce qu’il faut pour lancer un projet sans argent, sans financement étranger, un projet à partir de zéro. Cuba est notre pays, nous vivons ici, notre famille est ici et parfois les gens pensent qu’il serait plus facile de le faire à l’étranger, mais ce n’est pas le cas. Cuba est très sûre dans un certain sens, même si nous devons améliorer beaucoup de choses, mais notre projet de vie est ici et nous voulons le faire ici, à Cuba ».

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