L’autosuffisance alimentaire dans la Province de Camagüey

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L’autosuffisance alimentaire est un objectif majeur dans un petit pays, Cuba, soumis à un scandaleux blocus et tributaire des aléas climatiques. Les communes sont en première ligne pour relever ce défi, pour mobiliser et remobiliser les forces vives, en plus de mettre en œuvre les dernières innovations. Elles font le point régulièrement sur leurs réussites et leurs échecs comme ce fut le cas récemment dans la commune de Sibanicú, 31 000 habitants, 736 km2, au centre-est de la province de Camagüey.

Cette province, elle-même située au centre-est de l’île, est la plus étendue du pays, la 4ème en population, historiquement centrée sur la production sucrière et l’élevage, favorisés par l’existence de vastes plaines et prairies. Le nord abrite le Parc National Sierra de Cubitas, qui est sa principale formation montagneuse. Son littoral nord est bordé par un long massif corallien. Sa capitale éponyme, 3ème ville du pays avec 301 000 habitants, est l’une des plus anciennes villes cubaines. Elle sert de nœud de communication entre l’Est et l’Ouest. Pascale Hébert

Le réalisme s’impose dans les débats

Fotos : Alejandro Rodríguez Leiva/ Adelante

 Article d’Enrique Atiénzar Rivero, Adelante, 30 novembre 2021, traduit par Pascale Hébert.

SIBANICÚ, CAMAGÜEY.- Le ton raisonnable qu’a donné à son intervention Meider Martín Ródriguez, secrétaire générale de la section du Parti de la délégation de l’agriculture, lors de la réunion de l’assemblée municipale, prolongement du VIIIème Congrès, a été accueilli par le reste des délégués et par les invités comme une position courageuse et autocritique.

«  Nous sommes dans l’obligation d’atteindre les objectifs agricoles. Il nous faut changer, immédiatement, car il dépend de nos exigences, d’innover et de chercher des solutions, sans rafistolages, pour que l’organisation du travail dans l’agriculture soit plus efficace ».

Pour elle, il est clair que le niveau de contrôle et d’exigence de l’organisation de base du Parti et le compte-rendu régulier de ses militants sont des éléments fondamentaux dans la résolution des problèmes et dans la diffusion des exemples dans le reste du collectif, d’autant plus que sur les dix-huit affiliés à l’organisation politique, neuf ont des responsabilités administratives.

Les activités économiques qui pèsent le plus dans le territoire sont l’élevage, la polyculture et la production sucrière, qui représentent dans leur ensemble 42% de la production brute du territoire, ce qui explique que les analyses se soient orientées principalement vers les difficultés, et aient laissé en arrière les lamentations, afin que Sibanicú occupe des places exceptionnelles, comme c’était le cas il y a quelques années.

Les habitants de Sibanicú savent que pour atteindre la souveraineté alimentaire, l’augmentation de la production et aussi de la commercialisation, une fois assurée l’autosuffisance municipale, dépendent de la préparation de la terre et des semis, des cycles qui ont été bien réalisés lors des trois dernières campagnes avec une augmentation de la production dans la polyculture, même si les niveaux atteints ne satisfont pas les attentes de la population.

L’élevage et le secteur sucrier exigent un effort particulier ; le premier secteur requiert nécessairement une transformation pour atteindre un équilibre nutritionnel du cheptel avec des cultures riches en protéines comme le moringa, le mûrier blanc, le tithonia et d’autres espèces récemment introduites, sans négliger l’approvisionnement en eau, un problème non résolu bien que l’on ait restauré ou construit 142 barrages, mis en service quatre puits et édifié sept moulins à vent.

A Sibanicú, un travail stable a prévalu dans le programme de la production sucrière ainsi que dans la réalisation du plan “sucre” lors de 19 récoltes sucrières successives, cependant, pour les deux dernières campagnes, les indicateurs d’efficacité industrielle, les coûts, l’autosuffisance énergétique et les volumes prévus dans les semis n’ont pas été ceux qu’on attendait.

Fotos : Alejandro Rodríguez Leiva/ Adelante

Dans le rapport de synthèse, présenté par Nivaldo Cardoso González, premier secrétaire du Comité Municipal du Parti et ratifié par le vote des délégués, il a été précisé que, malgré une augmentation soutenue, lors de la dernière récolte, il a fallu apporter de la canne à sucre depuis des endroits très éloignés, car le total des surfaces plantées n’était pas suffisant et leur rendement non plus, sans compter l’absence de concentration dans des secteurs proches de la sucrerie, essentiellement dans l’ Unité de Base de Production Coopérative (UBPC) Siboney, avec des surfaces vides.

Ana Ricardo Leyva, secrétaire du comité du Parti dans cette industrie, a ratifié l’engagement des producteurs de canne à sucre à démarrer la récolte à la date prévue pour laisser derrière eux les difficultés et à se mettre au travail pour inverser la tendance dans le programme de la production sucrière.

Dans une de ses interventions, Ariel Santana Santiesteban, premier secrétaire du Parti dans la Province, a exposé à l’assemblée plénière qu’à chaque fois qu’on discute avec les bases productives de Sibanicú sur les sujets de la production agropastorale, leur premier argument est que cette commune se trouve en zone sèche.

«  Si vous voulez vous consacrer à l’élevage, vous devez créer les conditions pour cela et il y a ici de bons exemples de producteurs parmi les meilleurs de la Province et aujourd’hui, ils peuvent obtenir de hauts rendements dans la production de lait. Il doit y avoir un niveau d’exigence des sections du Parti vis à vis de vous pour qu’elles puissent faire avancer les choses » pour la construction de barrages afin de stocker l’eau, pour semer du fourrage, des plantes riches en protéines et pour tout ce qui est lié à la reproduction.

En ce qui concerne la production de lait, il a expliqué que la commune ne remplit pas ses objectifs depuis des années, à cause de problèmes d’exigence et de contrôle et de lien étroit avec la base, pour démontrer aux éleveurs ce qui ne va pas, parce qu’il y a des réserves à exploiter.

Il a dit que les organisations de base du Parti ont leur rôle à jouer là, pas seulement celles de l’entreprise mais aussi celles des bases productives « parce qu’il y a des sections qui font ami-ami avec les chefs et qui acceptent les justifications des défaillances et que ce n’est pas le moment de rester les bras croisés mais d’avoir des exigences. Là où ça se fait, là où on discute en profondeur, là où on a des exigences vis à vis des chefs et où on crée des commissions, on parvient à des accords pour transformer les choses »

Le rapport a été qualifié de critique et courageux pour surmonter les problèmes par Raúl Pampillo La Rosa, fonctionnaire du Comité Central, tout comme par Zenaida González Gil, chef du Bureau d’Attention à la Population du Comité Central.

Il a affirmé que des problèmes subjectifs et qui reviennent trop souvent retiennent l’attention, comme la gestion du cheptel , le fait qu’on ne sème pas assez d’aliments pour le bétail, qu’on ne sème pas de plantes riches en protéines et que l’on continue avec ce qui est traditionnel, la canne à sucre et le king grass, et qu’on n’en finit pas de résoudre le problème des faibles taux d’insémination artificielle.

Ariel Santana Santiesteban a souligné à un autre moment de son intervention que, d’après lui, Sibanicú est une commune qui peut donner plus sur différents fronts, surtout étant donné les temps cruciaux que nous traversons pour le destin de l’humanité et, surtout, pour la vie des Cubains.

L’apport des travailleurs de la santé dans la lutte contre la pandémie de Covid-19, celui du centre universitaire municipal dans la délivrance de diplômes à 2033 étudiants de différentes spécialités de l’enseignement supérieur et celui de la présence des jeunes, parmi d’autres sujets, ont été à l’ordre du jour de ce rendez-vous du Parti, résumé par Walter Simón Noris, membre du Bureau Provincial du Parti.

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