Le fascinant destin d’un vieux couvent de Cuba

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Un article et les photos de Jacques Lanctôt Samedi, 7 octobre 2023 pour " le journal de Québec".

Un journaliste québécois ami de Cuba qui publie régulièrement des articles sur la vie des habitants de l’Ile et des chroniques concernant les réalisations de son peuple. Ici celle d’un "incubateur transculturel" en plein coeur de la capitale cubaine, réalisé avec le soutien financier de l’UNESCO et de l’UNION EUROPEENNE. Un rendez-vous des arts et des talents de 17 pays de la région.
RG

Voilà des années qu’on y pense et qu’on y travaille à Cuba. La pandémie de la COVID-19 est venue, entre-temps, ralentir quelque peu les ardeurs, mais le projet « Transculture » n’a jamais été abandonné pour autant et il est aujourd’hui officiellement lancé : un incubateur culturel ou plutôt transculturel, qui regroupe 17 pays de la région des Caraïbes : Antigua-et-Barbuda, Bahamas, Barbade, Belize, Cuba, Dominique, Grenade, Guyane, Haïti, Jamaïque, Montserrat, République Dominicaine, Sainte-Lucie, Saint-Kitts-et-Nevis, Saint-Vincent et les Grenadines, Surinam et Trinité-et-Tobago. Tout cela sous le chapeau bienveillant de l’UNESCO et de l’Union européenne, qui ont déboursé quinze millions d’Euros pour financer cet audacieux rendez-vous avec les arts et les talents régionaux.

L’ancien couvent Santa Clara, dans la Vieille Havane, est en train d’être restauré et transformé en école qui abritera les 132 jeunes étudiants venus spécialement à Cuba pour y recevoir, dans ce cadre lumineux, une formation dans de nombreuses disciplines artistiques : musique, danse, arts plastiques et arts de la scène, cinéma, écriture, restauration et ébénisterie, céramique, mosaïque et vitraux, textiles, etc. La formation s’étendra sur plusieurs mois, voire sur plusieurs années, jusqu’à ce que ces jeunes puissent retourner dans leur pays avec un savoir-faire artistique qui sera nécessairement bénéfique pour l’ensemble des populations de la région. Ce que l’on souhaite.

Sept institutions académiques participent à la création de ce pole caribéen de formation culturelle : l’Université des Indes occidentales, l’École internationale de ciné et de télévision de San Antonio de los Baños, l’Université des Arts, l’Institut supérieur du design, le collège San Geronimo de La Havane, l’École-atelier Gaspar Melchior de Jovellanos de La Havane, et bien sûr le collège Santa Clara, un immeuble du 17e siècle qui sert déjà d’école des métiers des arts de la restauration patrimoniale. Et on compte, bien sûr, sur une équipe de professeurs et de créateurs professionnels qui prendront en charge la formation de ces jeunes talents dans les différentes disciplines. On leur prodiguera aussi des cours de marketing et de gestion, deux outils indispensables pour réussir.

Interculturel, parce qu’on ne craint pas, quand on est une nation assumée, sans complexe, de se colletailler avec les autres cultures environnantes, avec tout ce que cela implique comme brassage culturel et enrichissement personnel. Sans craindre de perdre notre identité propre.

Les cours se dérouleront, au besoin, dans trois langues : l’espagnol, le français et l’anglais, car de nombreux pays des Caraïbes ont un passé colonial britannique. La majorité de ces jeunes ont pu bénéficier de bourses d’études et ils n’ont donc rien à débourser pour leur séjour dans l’île socialiste. Pas besoin d’adaptation au climat, non plus, car tous ces pays sont situés dans la région des Caraïbes et connaissent les mêmes conditions climatiques.

Quand le Québec sera un vrai pays, nous pourrons, nous aussi, participer à des projets transculturels semblables, sans craindre de perdre notre identité et notre langue. Nos craintes seront alors derrière nous.