Mobilisation pour améliorer la production alimentaire en recul

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Le bilan 2022 du système agricole cubain n’est pas bon. Certes, le blocus étatsunien renforcé a considérablement dégradé les échanges commerciaux et l’accès, par manque de devises, aux matériels et carburants nécessaires à la production. Mais le gouvernement ne s’en tient pas à cette seule cause. Avec les acteurs de l’agriculture, il travaille à traquer les facteurs internes au pays qui font obstacle à l’efficacité économique et à mettre en œuvre collectivement des réponses alternatives, adaptées aux enjeux, essentiels pour Cuba, de la production alimentaire.

Le bilan annuel de l’année 2022 du Ministère de l’Agriculture (MINAG) est préoccupant : les objectifs n’ont pas été atteints et, pire, dans un grand nombre de secteurs, la production a baissé : moins 200 000 tonnes d’aliments et de boissons produits, moins 140 170 têtes de bétail…
La réunion de présentation de ces résultats négatifs était présidée par le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, Manuel Marrero Cruz. Il a indiqué que ces secteurs sont particulièrement impactés par le durcissement du blocus, mais qu’il faut aussi identifier les défauts de gestion, qui rendent difficiles les évolutions, dans les activités de production alimentaire, dont 80 % relèvent d’activités non étatiques.
Parmi les dysfonctionnements, sont cités notamment : le manque de contrôle des productions, l’augmentation des vols et des abattages de gros animaux (+ 48 700 en un an), les retards de paiements aux producteurs, souvent liés à un manque d’organisation et à des pratiques bureaucratiques, l’absence de production sur des terres cédées par l’Etat (268 000 hectares de terres ainsi inexploitées) et également à l’impact des intermédiaires qui vendent souvent à des prix très supérieurs à ceux qu’ils paient aux producteurs (on connaît ça en France aussi…). Dans tous ces domaines, des actions immédiates sont donc indispensables.
Le Gouvernement estime que c’est à l’échelle de la municipalité et avec les acteurs de proximité que doit être améliorée la production agricole, au même titre, d’ailleurs, que les autres secteurs de l’activité économique qui relèvent en premier lieu de la responsabilité des municipalités.
Ainsi, les acteurs de l’économie locale sont appelés à davantage exploiter les potentialités de leur territoire dans la production des produits de base, la transformation des aliments…pour atteindre l’autosuffisance municipale. Le Premier Ministre a ainsi souligné que « l’industrie nationale ne devrait apporter à la municipalité que les produits qui, pour différents facteurs, ne peuvent pas y être fabriqués ».
De même, Salvador Valdés Mesa, Vice-Président de la République, en visite dans les municipalités de la province de Santiago de Cuba, a appelé à surmonter les contraintes : « Les contraintes d’intrants persisteront ; c’est pourquoi ce que nous semons doit être sauvé avec la fertilité des sols, les engrais organiques, les biostimulants que nous produisons ; et nous devons fournir ce qui manque en plantant davantage ».

Il a notamment visité l’un des six poulaillers d’élevage en plein air, assurant la production d’œufs dans des conditions semi-rustiques, une démarche qui remplace les importations et contribue à l’autosuffisance.
Pour le Gouvernement, il importe aussi de contenir le flot des importations pas vraiment utiles (boissons alcoolisées, eau gazeuse…), qui sont facteurs d’inflation, et d’encourager les productions destinées à l’exportation (café, cacao…), sources de devises permettant d’acheter les matières premières nécessaires à la demande intérieure. Il réfléchit à cet égard à des mesures d’incitation fiscale.
Pour l’année en cours, Ydael Pérez Brito. Ministre de l’Agriculture, identifie six macro-objectifs et 354 critères de mesure, parmi lesquels l’augmentation des cinq productions destinées à la commande publique, des productions agricoles, animales et agro-forestières, ainsi que la recherche de financements et le renforcement des applications de la science et de la technologie à l’agriculture.
Par exemple, le site du Ministère (MINAG) fait état d’un rapprochement entre les producteurs laitiers du secteur et l’Université de Camagüey qui a mis au point un programme expérimental informatique de haute technologie, mesurant l’activité physique de 50 vaches en vue de stimuler leur production de lait. D’autres recherches sont menées dans le cadre d’une coopération scientifique internationale avec les Universités belges d’Anvers et de Gand.
Souhaitons à ce pays inventif des résultats futurs à la hauteur de ses engagements.

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