2022 a été une année difficile pour l’économie cubaine. Les prévisions de croissance n’ont pas été réalisées, même s’il n’y a pas eu de recul.

Les prix des principales importations du pays (aliments et carburants) ont augmenté de façon importante alors que les ressources attendues n’étaient pas au rendez-vous.

La pandémie étant sous contrôle, on espérait une augmentation du PIB, à prix constants, de 4 %. La prévision était raisonnable, compte tenu du fait que la hausse de cet indicateur au 4ème trimestre 2021 et au 1er trimestre 2022 atteignait presque 11 %. Malheureusement, elle n’était que de 1,7 % au second trimestre 2022 et les premières projections ne permettent d’espérer qu’une augmentation de 2 % pour l’année. Il convient de rappeler que la CEPAL (Commission Économique des Nations Unies pour l’Amérique Latine et les Caraïbes) qui avait prévu une croissance de 3,2 % pour l’Amérique Latine vient de ramener ce chiffre à 1,4 %.

La reprise du tourisme est nettement plus faible que ce qui était attendu. On espérait recevoir 2,5 millions de touristes en 2022 alors que ce chiffre s’établit à 1,4 millions fin novembre. Parmi ceux-ci, on compte 428 000 Canadiens alors que le pays en recevait 1,1 million avant la crise. Le taux d’occupation des installations touristiques internationales, de janvier à septembre 2022, n’était que de 14 %.

L’inflation a continué de frapper l’île et en particulier les populations les plus fragiles puisque, comme on le voit, l’alimentation et les boissons non alcoolisées représentent près de 80 % de la hausse des prix en octobre 2022. Les prix moyens ont augmenté de 29 % entre janvier et octobre 2022 (45 % pour l’alimentation).
La spéculation, l’accaparement et la revente illégale de la part de personnes sans scrupules aggravent les difficultés de la population.

Cependant plusieurs réformes commencent à donner des résultats encourageants

60 projets d’investissement étranger devraient voir le jour en 2023.
Plus de 500 entreprises appliquent les mesures visant à flexibiliser les mécanismes de l’organisation salariale, ce qui concerne 37 % des travailleurs. On y constate une augmentation de la productivité et du salaire mensuel moyen.
Près de 6 000 petites et moyennes entreprises ont été créées (dont 72 étatiques et 60 coopératives). Elles ont généré 100 000 nouveaux emplois dans les services, la construction, les industries manufacturières et alimentaires.
Cependant, l’économie reste largement dominée par le secteur étatique qui représente 98 % des ventes au détail de biens et services.

L’investissement a augmenté de 35 % entre les périodes identiques de 2021 et 2022. Les principales branches concernées sont l’industrie manufacturière, la construction, les transports et entreposage, les fournitures d’électricité, gaz et eau.

Prévisions pour 2023

Cuba espère atteindre une croissance du PIB de 3 % en 2023 (en ligne avec la prévision de la CEPAL pour la zone caraïbe : 3,1 %). Ce résultat ne pourra être atteint qu’avec une reprise des deux moteurs finançant l’économie cubaine : le tourisme et les exportations de services.

En ce qui concerne le tourisme, un gros effort a été accompli auprès des professionnels canadiens avec une offre allant au-delà des habituels « tout inclus ». Les chaînes hôtelières espagnoles Melia et Iberostar, très implantées à Cuba, diversifient leurs sources de clientèle. Elles relèvent une hausse des réservations provenant de pays comme l’Allemagne, l’Espagne, l’Argentine ou le Royaume-Uni qui leur permet d’espérer « une récupération graduelle et solide ». Les deux compagnies prévoient l’ouverture de nouveaux hôtels dans l’île. Iberostar propose même une offre intégrée avec sa division voyage W2M et sa compagnie aérienne à bas coût World2Fly qui a débuté ses vols commerciaux vers Cuba en 2021.

On peut aussi espérer une reprise des exportations de services avec la très nette amélioration de l’économie du partenaire privilégié vénézuélien (+ 6% en 2022 et +6,5 % prévu en 2023) et l’arrivée de Lula Da Silva à la présidence du Brésil.