Le sommet CELAC-UE s’est tenu les 17 et 18 juillet. Il n’y en avait pas eu depuis 8 ans compte tenu du peu d’intérêt que manifestaient les dirigeants européens pour l’Amérique Latine et la Caraïbe. Pendant ce temps, la Chine a tissé des liens économiques importants avec la plupart des pays de cette région et les propositions d’investissements de 45 milliards d’euros présentés par les dirigeants européens lors du somment, dans le cadre du « Global Gateway », semblent bien destinées à contrer les avancées chinoises.

Le réveil a été un peu douloureux pour les dirigeants européens qui ont dû admettre que le temps où les responsables des pays riches pouvaient imposer leur vision du monde est terminé. Ils avaient en face d’eux des dirigeants responsables qui travaillent, dans leur diversité, à l’intégration de leur continent et qui demandent à être respectés.

La majorité d’entre eux a donc refusé de s’aligner sur les positions de l’Union Européenne concernant la guerre en Ukraine tout en exprimant leur profonde préoccupation concernant ce conflit. Par contre, ils ont appelé à des réparations coloniales dans une contre-proposition sur le projet de déclaration.
La déclaration finale rappelle aussi la résolution de l’ONU concernant la nécessité de lever le blocus imposé à Cuba, l’opposition aux lois extraterritoriales et le fait que le maintien de Cuba sur la liste des États soutenant le terrorisme crée des obstacles aux transactions financières internationales avec l’Île.

Pendant ce temps une autre rencontre avait lieu à l’Université Libre de Bruxelles. Des acteurs sociaux des deux continents se parlaient, s’informaient, expliquaient se qui se passent chez eux et jetaient les bases de relations qui n’avaient rien à voir avec cette vision libérale et même néocoloniale qui dominent encore chez certains dirigeants européens.

Plusieurs conférences ont eu lieu, dont celle intitulée : « Comme si le blocus n’était pas assez dur ?! L’impact de l’inscription de Cuba sur la liste des sponsors du terrorisme » au cours de laquelle le représentant de Cuba Coopération France a pu développer un argumentaire concernant l’impact des lois extraterritoriales sur l’économie européenne et appeler à signer notre pétition.
C’est lors de cette conférence que Fernando González Llort, un des Cinq Héros et président de l’ICAP, a lancé le Tribunal International contre le Blocus qui aura lieu les 16 et 17 novembre 2023 à Bruxelles.

Pendant ces deux jours, d’autres réunions ont permis, entre autres, d’écouter des témoignages concernant la guerre menée depuis les USA contre les gouvernements progressistes d’Amérique Latine, de mieux comprendre le rôle de la dette dans l’étranglement des pays de la région, de découvrir le cas d’Alex Saab, diplomate vénézuélien, enlevé, emprisonné et torturé par les USA depuis 2021, d’entendre Lourdes Huanca, dirigeante paysanne et féministe péruvienne parler, avec émotion, des révoltes en cours dans son pays…

Le soir du 17 a eu lieu le Festival de la Solidarité au cours duquel plusieurs personnalités européennes ont pris la parole comme Jean Luc Mélenchon (LFI) et Raoul Hedebouw, président du Parti du Travail de Belgique (PTB), mais aussi des dirigeants d’Amérique Latine comme Miguel Diaz Canel Bermudez (Cuba), Gustavo Petro (Colombie), Luis Arce (Bolivie) et Delcy Rodriguez (Venezuela).

Comme l’a déclaré Miguel Diaz Canel : « Nous sommes ici pour des principes, des convictions, parce c’est un espace véritablement pluriel, ouvert et participatif. C’est l’endroit où se rencontrent les représentants de la société civile latino-américaine, caribéenne et européenne. C’est donc le meilleur des sommets parce qu’ici ce sont les peuples qui parlent ».

La phrase : « Un autre monde est possible » prenait tout son sens lors de cette rencontre et on pouvait avoir le sentiment que ce monde avait peut-être commencé à naître de l’autre côté de l’Atlantique et que « cada uno desde su trinchera » (chacun depuis sa tranchée) pouvait agir pour l’aider à devenir une réalité.
C’est ce que nous tâchons de faire à travers nos actions de coopération et par la signature de la pétition. C’est ce que nous rappellerons lors du forum que nous tiendrons dans le cadre de la Fête de l’Humanité (en présence de plusieurs invités) et c’est pour cela que nous participerons au Tribunal International contre le Blocus.