Une stratégie des jeunes et pour les jeunes

Quelles perspectives pour les jeunes à Cuba ?

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Par : Yaima Puig Meneses - Publié dans Cubadebate le 22 octobre 2022
Photos : Estudios Revolución

Comment faire en sorte que les jeunes perçoivent et construisent leur projet de vie à Cuba ? Comment faire en sorte que tous les jeunes trouvent leur place dans l’Union des Jeunes Communistes ? Comment parvenir, à partir de la base, à répondre aux principaux problèmes et préoccupations que nos jeunes ont à Cuba aujourd’hui ? Comment parvenir à ce que chaque militant se perfectionne constamment ? Comment l’avant-garde peut-elle mobiliser tous les jeunes ? Comment mieux former les jeunes et, avec eux, l’avenir que nous construisons à Cuba depuis le présent ?

Il s’agit bien sûr de questionnements complexes. Trouver les réponses, tout aussi complexes, demande beaucoup d’intelligence, de passion, de créativité, d’engagement, d’innovation, de responsabilité... au milieu d’un contexte politique, économique et social difficile qui n’est pas étranger aux jeunes et qui invite constamment à penser et repenser le fonctionnement d’une organisation exigeant d’être à la hauteur de son époque et de ceux qui y militent.

La stratégie de l’Union des Jeunes Communistes cherche des réponses à ces questions et à bien d’autres pour renforcer son rôle global dans le présent et dans l’avenir du pays. Cette stratégie a été approuvée ce samedi matin lors d’une Session Plénière Extraordinaire du Comité National de cette Organisation, avec la participation du Premier Secrétaire du Comité Central du Parti Communiste et Président de la République, Miguel Díaz-Canel Bermúdez, et de Roberto Morales Ojeda, membre du Bureau Politique et Secrétaire à l’Organisation du Comité Central.

C’était une « rencontre très attendue » a déclaré le Chef de l’État presque à la fin de la séance de travail, lorsqu’il a partagé avec les jeunes un ensemble d’idées profondes et instructives qui pourraient bien être les observations qu’un père ferait à ses enfants. C’est ainsi que le Président s’est adressé aux jeunes, avec l’affection et la responsabilité qui constituent son engagement pour leur éducation.

C’est avec cette affection et cette responsabilité qu’il leur a également demandé d’augmenter les exigences à tous les niveaux, de bannir les vanités qui s’avèrent exclusives et de promouvoir le travail collectif.

« En tant qu’organisation politique, l’Union des Jeunes Communistes doit intervenir constamment en ce qui concerne les humeurs, les mécontentements, les plaintes, et agir rapidement pour les inverser, avec la seule formule qui fonctionne dans une société comme la nôtre : la participation active et réelle aux changements, au travail. Ce n’est que de la participation que naît l’engagement », a déclaré le Président cubain.

Le Premier Secrétaire du Comité Central s’est entretenu avec les militants, pendant près d’une heure, sur des questions très complexes qui affectent actuellement la vie quotidienne des Cubains, en particulier celle des jeunes. À plusieurs reprises, ses propos se sont transformés en une sorte de cours d’histoire, abordant de manière objective et raisonnée les différents sujets qui préoccupent et occupent actuellement nos jeunes.

Et c’est précisément parce que, pour comprendre le présent de n’importe quelle nation, il faut toujours se tourner vers son passé que Díaz-Canel a parlé à la centaine de jeunes réunis là - la plupart était des enfants au début des années 1990 - de leur génération, laquelle « a dû reconstruire des rêves et enjamber les décombres du Mur de Berlin » alors que Cuba entrait de plein fouet dans ce qu’on appelait alors la Période Spéciale en Temps de Paix, après l’effondrement de l’Union Soviétique et du camp socialiste.

« Je ne peux pas dire que ce fut une époque parfaite, a-t-il assuré, mais je pense que nous avons fait bouger les jeunes à ce moment-là. Un moment où, rappelle-t-il, Fidel avait « appelé les dirigeants de l’Union des Jeunes Communistes et des organisations de jeunesse pour que nous assumions des tâches à l’avant-garde de cette résistance qu’il conduisait jusque dans les moindres détails ».

Le dirigeant cubain a ensuite passé en revue différentes situations de ces années-là, durant lesquelles les jeunes avaient l’engagement sacré - comme ils continuent de l’avoir aujourd’hui - de jouer un rôle de ressort, de stimulateurs, de catalyseurs, révolutionnant la Révolution, également assiégée et soumise au blocus comme aujourd’hui.

Le Président de la République a évoqué les rigueurs du blocus qui ont également été vécues à l’époque, les prix qui montaient en flèche aussi par nécessité, les coupures de courant plus longues que celles d’aujourd’hui, l’approbation de la loi Torricelli par le Congrès des États-Unis, l’apocalypse que le néolibéralisme signifierait pour les terres d’Amérique et l’histoire de l’émigration illégale qui a été constamment encouragée par le Gouvernement Nord-américain, lequel viole également tous les accords migratoires signés entre les deux pays.

Et le Président a également parlé de l’extraordinaire foi de Fidel en la jeunesse, cette jeunesse qui a toujours montré que de grandes tâches peuvent être placées sur ses épaules. Cette jeunesse, a souligné Díaz-Canel, « je la rencontre tous les jours, partout où je vais ».

Il a ensuite évoqué des centaines de filles et de garçons que, dans son souci constant de parcourir le pays, il avait vus dans les endroits les plus incroyables « se battre avec les problèmes comme s’ils vivaient une épopée ou une aventure ». La liste est infinie et couvre tous les secteurs , a-t-il fièrement reconnu.

« Il y a beaucoup de jeunes parmi vous, parmi les collectifs dont vous faites partie ou que vous dirigez, qui ont une formidable énergie pour faire, pour innover, pour contribuer, pour générer de nouvelles connaissances. Ces jeunes, ces camarades, qu’ils soient militants ou non, nous devons les identifier, nous devons nous occuper d’eux, nous devons les responsabiliser dans chacun de leurs domaines de travail », a-t-il déclaré.

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Et parce que ce sont précisément les jeunes d’aujourd’hui qui formeront les jeunes de demain, le Président a insisté à plusieurs reprises dans son discours sur la nécessité de « laisser faire les jeunes, de les laisser montrer ce qu’ils peuvent donner et ce qu’ils peuvent apporter, en évitant, dans la mesure du possible, les manifestations qui affectent souvent ce potentiel et qui sont liées à l’envie, à la jalousie, aux préjugés et aux schémas mentaux ».

Le dirigeant a parlé de participation et de contrepartie, de la nécessité de croître dans les rangs de l’Organisation et pas seulement numériquement, mais aussi avec un militantisme renforcé idéologiquement et dans son fonctionnement, où les jeunes soient détachés des formalismes et prêts à affronter les problèmes, en les faisant tous participer.

Il a appelé les militants à se préparer de plus en plus dans tous les domaines, à promouvoir des débats, à mettre en œuvre des moyens d’information plus efficaces, à adapter les méthodes de travail aux réalités qui nous définissent aujourd’hui, et à ne pas cesser de chercher des méthodes pour que l’Union des Jeunes Communistes ressemble de plus en plus à la jeunesse qu’elle représente.

"Vous pouvez compter sur notre soutien pour toutes ces missions, a assuré le Président cubain. Nous espérons", a-t-il dit, "que vous aurez une telle dynamique que chaque jour vous voudrez faire quelque chose de nouveau et inventer quelque chose de nouveau, que notre vie quotidienne sera remplie de vos propositions."

Notes sur un dialogue et ses nombreux défis

« Il ne s’agit pas d’abandonner ce que nous avons fait parce que cela date mais parce que cela n’a pas donné les résultats escomptés » telle est l’une des principales prémisses d’Aylin Alvarez Garcia, Première Secrétaire du Comité National de l’Union des Jeunes Communistes (UJC) présentée aux membres de l’Assemblée Plénière, les résultats de la consultation de la Stratégie qui seront approuvés à la fin de la journée de travail.

De plus les membres de cette Assemblée Plénière ont approuvé l’organisation d’une discussion de la Stratégie dans toutes les organisations de base auxquelles sont invités les jeunes non militants, la mise de la Stratégie sur le site web de l’UJC pour que tous puissent y avoir accès.

L’objectif dudit document et d’autres est d’améliorer le fonctionnement de l’Organisation, son impact sur l’engagement des jeunes, l’efficacité de l’aide et la formation des jeunes.

La grande consultation à laquelle a été soumise la Stratégie aux jeunes militants et non militants a assurément fourni une proposition commune de grande valeur.
Comment mettre en œuvre la Stratégie et mesurer son réel impact sont des sujets qui exigent l’engagement de tous, l’adaptation aux changements, la rupture avec les stéréotypes et de la créativité.

Le samedi matin on a beaucoup parlé de la Cuba que nous devons construire ensemble pour que les plus jeunes y trouvent leurs projets de vie.

Une vingtaine de délégués à partir de leur expérience, de leur travail dans les lieux où ils étudient ou travaillent, savent qu’aujourd’hui il est urgent pour l’UJC de chercher des solutions proches de leurs besoins qui leur permettront d’avoir un projet de vie dans cette Cuba dont nous rêvons et construisons tous ensemble.
C’est pourquoi cette Stratégie, a dit Vladimir Hernandez, nous donnera l’opportunité de former une jeunesse sur laquelle on pourra compter pour une Organisation novatrice, plurielle, notre propre Organisation.

Comme l’a souligné pendant le débat la première secrétaire du Comité National de la UJC, "il faut une visibilité constante pour que chaque jeune se sente accompagné par l’Organisation, parce qu’il est de notre responsabilité d’assister et d’accompagner les nouvelles générations. L’Organisation est construite par les comités de base, là où sont les militants, parce qu’aucun scénario ne ressemble à un autre."

Le débat d’une qualité et d’une transparence admirables s’est aussi enrichi de nouvelles propositions pour remplir le mandat institutionnel de l’UJC de regrouper tous les jeunes et pas seulement ses militants. A cet égard, Aylin Alvarez a souligné que "tous les jeunes n’ont pas trouvé leur place dans l’Organisation et il est important de les atteindre tous et veiller à ce que tous se sentent représentés dans l’Organisation."

Pendant la rencontre, Fernando Rojas a parlé de la nécessité de promouvoir l’innovation politique et le sauvetage de l’histoire locale parce qu’il est inévitable d’approcher l’histoire d’une manière différente pour défendre ce que nous croyons juste.

Sauver les valeurs est également le rôle de la Stratégie. Une évaluation précise des problèmes des jeunes doit être faite dans beaucoup de lieux et dans tous les espaces parce que seul un nouveau document, comme le reconnaît Yadira Reyes, "ne va pas changer l’Organisation, c’est nous qui devons la changer et faire avancer les idées contenues dans ce document de base".

Durant quatre heures, les jeunes ont échangé de précieuses idées et ont insisté en liaison avec les leaders étudiants, sur la nécessaire implication des Administrations et du Parti dans les préoccupations et les idées des jeunes et la prise en compte des idées et volontés et le renforcement de l’Organisation pour qu’elle rayonne et lutte pour unir la jeunesse cubaine, parce que c’est dans un processus continu qu’elle se construit tous les jours en tous lieux.

"Les défis quand il s’agit de construire une avant-garde sont permanents", a souligné Karla Santana. Dans la justesse de son discours a été entérinée l’urgence de repenser le travail politique, d’assister et faire participer toute la jeunesse et former aussi une avant-garde parce qu’il n’est pas possible de construire une réalité comme la nôtre sans former des avant-gardes sur une pensée émancipatrice.

"Néanmoins, a dit le Chef de l’Etat, le travail de l’Organisation ne peut se limiter à la seule avant-garde ; il est nécessaire de convoquer constamment tous les jeunes y compris ceux qui ne sont pas militants."

Construire un consensus, participer à des processus, solliciter le talent collectif, contribuer, défendre, innover, analyser, étudier…ce sont les nombreux défis énumérés par le Président de la République que doivent affronter les jeunes qui portent sur leurs épaules aujourd’hui le futur de la Patrie. Ils sont appelés à se convertir en porte-drapeaux et assurer la continuité de la pensée du Commandant en Chef.