L’apprentissage du français à Cienfuegos

Une priorité

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CubaCoop s’est investie à Cienfuegos en participant à des projets techniques ou architecturaux et d’autres culturels.
C’est donc avec un plaisir non dissimulé que nous rapportons cet article.
Ce dialogue met en évidence l’importance de maintenir et de resserrer les liens de longue date qui unissent Cienfuegos et la France, tout particulièrement avec la ville de Bordeaux ; et pour ce faire, la nécessité de développer l’enseignement de la langue de Molière en partenariat avec des enseignants français.

CD

Enseigner le français à Cienfuegos : Renouer avec le fil de l’histoire

Auteur : Leyaní Díaz Hernández
Publié le 25 mai 2023 par "5 de setiembre" (Journal digital de Cienfuegos

Renouer avec le fil de l’histoire par le biais de l’enseignement de la langue est un impératif pour Jacqueline Siffre et Catherine Puig deux professeures françaises liées à Cienfuegos bien avant de découvrir la Perle du Sud. Une telle affirmation fait référence à la fondation de Fernandina de Jagua, le 22 avril 1819, lorsque Don Luis De Clouet et plus de 40 colons se sont installés dans la région du centre- sud de Cuba.

« Je suis originaire de la région de Bordeaux- cette découverte sur la professeure Jacqueline Siffre est une surprise pour moi, dit-elle en souriant et elle poursuit- et c’est une coïncidence. J’habite à la campagne, à 80 km du centre, et c’est dans cette ville que j’ai fait mes études universitaires. J’étais au courant de la relation entre les deux villes car je connais l’Association Bordeaux - Cienfuegos qui est en contact avec le Conservateur (Iran Millan Cuétara) ». L’Université de Cienfuegos s’est chargée de concrétiser de telles coïncidences avec la création de nouvelles alliances entre deux villes qui partagent des projets communs depuis de nombreuses années dans les domaines culturel, social, sportif et désormais dans celui de l’enseignement.

Une réunion de travail s’est tenue à ce sujet entre la direction, les professeurs de L’UCF et les professeurs retraités du Groupe Educateurs sans Frontières (GREF) en vue d’établir un accord de collaboration pour créer des liens internationaux qui renforcent et valorisent le travail scientifique et pédagogique entre les deux parties et faisant de l’apprentissage du français une priorité. Des représentants du Centre des Langues et de la direction de la Faculté des Sciences Humaines ont pris part à ce dialogue.

De Bordeaux à Cienfuegos

Jacqueline Siffre, patiente, s’exprime posément, ce qui fonctionne devant l’auditoire stressé de devoir faire face à l’inconnu. Réunissant des enseignants d’anglais, d’agronomie, d’éducation physique, d’art et des étudiants à l’université, ces journées sont incitatives, même si, ni une matinée, ni deux ni trois… ne suffisent pas pour approfondir autant que nous le souhaitons. Les participants à la formation pédagogique saluent cette initiative.

« Dans le domaine de l’éducation notre ONG se consacre au soutien de ceux qui en ont besoin ou font appel à un accompagnement pour la formation ou le perfectionnement de leurs enseignants.

« Cela fait 20 ans que je fais partie de cette organisation et nous travaillons sur tous les continents, poursuit –elle. J’ai débuté par l’Amérique du Sud, j’ai été aussi en Equateur et au Salvador. Après la Révolution Sandiniste nous avons travaillé au Nicaragua et un peu dans la ville de Mexico, plus tard nous nous sommes déplacés en Afrique : au Niger, où nous avons travaillé avec des guides et développé des domaines tels que ceux de l’administration et du tourisme. Concernant ce dernier nous avons fait de même à Madagascar.

Plus loin, elle mentionne les missions en Europe de l’Est et celles d’Orient comme au Vietnam et au Cambodge.

L’université et son engagement dans la société
L’université joue un rôle dynamique dans toutes les sociétés et telle est la mission de l’université « Carlos Rafael Rodriguez » dont les répercussions positives touchent la société à tous les niveaux.

« En plus de cette université, notre ONG va dialoguer avec différents acteurs sociaux tel que l’UNEAC et le Conservateur de la Ville… » Explique Catherine Puig professeur de français et d’espagnol.

« Après une carrière réussie d’enseignante, j’ai ressenti le besoin d’assurer la formation de ceux qui en avaient besoin dans le cadre de la solidarité internationale », reconnaît-elle et elle parle aussi au nom de Jacqueline.

« Mais pourquoi étudier une langue ? Bien sûr je pense d’abord à l’importance de l’interculturalité et au renforcement des liens d’amitié. Dans ce monde globalisé on a besoin de la connaissance des peuples et que la langue ne soit pas seulement considérée comme un facteur de communication ».

Catherine fait le tour des enseignants- devenus des étudiants- et elle observe les résultats à travers de courts dialogues, elle corrige la prononciation, cherche ce dont ils ont besoin et la meilleure façon d’apprendre. Elle a recours à la littérature, la musique et les arts. Elle montre un livre de poèmes pour enfants, autre outil d’apprentissage des langues, souvent peu exploité. Elle en profite pour rappeler quelques vers de Nicolás Guillén.

« Nous avons nous aussi à apprendre des Cubains : nous savons qu’à Cuba, l’Education est une réussite, souligne –t-elle. Tous vont à l’école qui est gratuite et ici il y a de très bons professionnels, c’est donc un enrichissement mutuel ».
« Tout cela aura par conséquent des répercussions dans le domaine social et économique, car nous savons qu’en plus il existe une école de Tourisme, où nous pourrons peut être dispenser des cours, non pas directement aux étudiants mais aux professeurs qui, eux, répercuteront la formation reçue. « L’idée n’est pas d’être là l’espace de quelques jours ou d’un mois mais de continuer à communiquer via des plateformes d’apprentissage ».

Cienfuegos et la culture française

« Tisser des liens, nouer des alliances, diffuser des éléments de la culture française constituent une motivation supplémentaire pour les deux professeures qui reconnaissent que « l’accueil des habitants de Cienfuegos a été merveilleux et les touchent beaucoup » ce qui leur fait un immense plaisir.

« Ce mardi nous donnons notre premier cours et sommes admiratives de l’intérêt pour participer à la formation ». Je reprends le dialogue avec la professeur Jacqueline Siffre.

« Ce fut pour nous une agréable surprise, car cela révèle l’intérêt que l’on manifeste ici pour la reprise de l’enseignement de la langue. Pouvoir développer des projets similaires au sein de la population serait bénéfique pour Cienfuegos, précisément en raison d’une histoire liée à la France depuis sa fondation ».